Hors concours, Jésus, charpentier, il s'est pris pour le fils de Dieu qui lui aurait offert un voyage sur terre pour le remercier ou s'en débarrasser, on ne sait pas. Cultivé, plein d'imagination, il recycla toutes les grandes idées qui, depuis toujours, hantaient les grands esprits d'orient et d'extrême orient qui essayaient, en vain, de sortir leurs concitoyens de la sauvagerie, s'en attribua la paternité. Sa seule réussite fut d'avoir survécu dans l'esprit des gens mais pas au point de le prendre au pied de sa lettre.
Le plus représentatif est le pape. Il se prend pour le dernier avatar de saint Pierre, l'humble pêcheur devenu illustre depuis sa nomination à la tête de son église. Fidèle aux principes de son créateur qui recommande la pauvreté, la charité, l'humilité, il habite un palais qui fait du Plaza Athénée une auberge espagnole, se fait appeler "SOUVERAIN PONTIFE", roule en Lamborghini Huracan etc..
Il s'inscrit dans une longue liste de ceux et celles qui se croient capables de régner, de gouverner, de diriger, de commander. Ils se font appeler roi, reine, gouverneur, premier ministre, président. Leur prétention est à la hauteur de leurs défauts et ils secrètent la guerre, la faillite, le désordre, la révolution, la misère.
On ne s'éternisera pas sur tous les malheureux qui se prennent pour des champions, des vedettes, des savants, des professeurs, de grands esprits, des philosophes, des écrivains, des sages, des prophètes et qui ne gagnent jamais, n'inventent pas, ne savent pas enseigner, que penser, que dire. On passera aussi sur la multitude qui, bien qu'au ras des pâquerettes n'hésite pas à se surendetter, à plastronner, à se prendre pour le roi de Prusse, le meilleur, le plus beau, le plus fort, capable de faire des enfants, les éduquer, les rendre heureux, eux qui sont laids, pauvres, bêtes et méchants.
D'où vient ce besoin de se surévaluer et de ne pas tenir compte des faiblesses qu'il est impossible de se cacher? Pour l'expliquer il suffit d'ouvrir un manuel de psychiatrie pour les nuls au chapitre de la personnalité paranoïaque. On s'aperçoit qu'à des degrés variables, on est tous atteints d'au moins deux de ses traits: l'orgueil et la fausseté de jugement. Le premier conduit à une surestimation avec une hypertrophie du moi. Dans un article de la Revue du Praticien consacré à la personnalité paranoïaque, les auteurs disaient: "Il participe de même à l'ambition mais également à l'action politique ou religieuse, au prosélytisme...". Le deuxième "est en étroite relation avec l'orgueil... Il se voit plus beau et meilleur que nature".
Se croire capable de gouverner, prétendre aux plus hautes responsabilités révèle de façon caricaturale une personnalité paranoïaque puisque c'est afficher son orgueil, son ambition, sa fatuité. Comment voter pour quelqu'un qui avoue publiquement un tel trouble de la personnalité?
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