Un muscle au repos s'atrophie, les dents ont besoin de mastiquer pour ne pas se déchausser et tomber, le corps doit s'alimenter pour fonctionner. La loi est universelle et le moteur à essence ou électrique lui obéit. Le cerveau n'échappe pas à la règle et pour secréter des idées, des pensées, tenir une conversation, apprendre, comprendre, il doit non seulement recevoir une alimentation sanguine avec de l'oxygène et plein d'autres choses nécessaires à son fonctionnement, mais se pourvoir en vocabulaire et en connaissances acquises par la lecture, l'exemple, l'apprentissage, l'observation. L'ensemble le met en état de marche et apte à comprendre, à apprendre, à écrire, à traduire ses impressions, ses sentiments, ses idées. La page blanche pour l'écrivain, la toile immaculée pour le peintre, le bloc de marbres pour le sculpteur, l'inconnu pour le chercheur sont l'équivalent de la course pour le coureur, de la descente d'une piste noire pour le skieur, de l'escalade d'une face nord pout l'alpiniste, du Vendée globe challenge pour un skipper. Si le skieur, le sprinter, le coureur au large, le grimpeur ne respecte pas son instrument de travail, il se fracasse, se noie, perd. Le cerveau a les mêmes besoins, les mêmes exigences. Tout doit être de première qualité, l'entraînement permanent. Abandonné, nourri de rien de bon, il dépérit, se déconnecte, sombre dans le gâtisme, l'Alzheimer. Le cerveau ne travaille pas comme le cœur sur un mode automatique, ne redémarre quand il est débranché, ne peut pas passer d'un corps à l'autre. Ce n'est pas un moteur mais une œuvre d'art unique, fragile, sensible. Son seul défaut est de ne pas le savoir.
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