"Ne vous inquiétez pas pour moi". Qui n'a pas déclamé cette phrase rituelle à un interlocuteur inquiet de votre avenir immédiat? Votre besoin de le rassénérer part d'un des bons sentiments qui vous sont habituels et est aussi un remerciement implicite de sa sollicitude. C'est sur ce dernier point que j'aimerais attirer votre attention. Si elle est parfois indéniable, elle peut témoigner de beaucoup d'autres choses en dehors d'une hypocrisie de bon aloi masquée par l'inquiétude exprimée bruyamment. Elle peut signifier:
- "Quel le con, dans quelle galère il va se mettre... Je n'aimerais pas être à sa place". S'il ne vous aime pas, cas fréquent, "faisons semblant d'être inquiet, avec son esprit de contradiction, cela va renforcer sa détermination et on va enfin être débarrasser de lui."
- "Avec ce genre de projet, j'ai raison d'être inquiet car il va se ruiner et ne pourra pas me rembourser. Il va aller en prison et je risque de passer pour un complice. Il risque la mort et il doit compter sur moi pour m'occuper de sa veuve, de ses enfants et de ses chiens et chats".
Vous même en lançant ces propos rassurants, dites des choses du genre:
- ma force tranquille maîtrise parfaitement tous les dangers afférents à cette entreprise audacieuse que vous seriez incapable d'envisager.
- vous répondez vertement quoique vigoureusement à son inquiétude devant une entreprise trop périlleuse pour vos modestes capacités.
- vous lui signifiez superbement que vos qualités vous mettent à l'abri de toutes mésaventures.
Vous voyez que cette phrase est un révélateur de personnalité. Elle est pleine d'arrière-pensées qui disent que vous êtes prétentieux, inconscient, égoïste et que l'autre est un faux-ami qui vous veut du mal. Soyez prudent dans son emploi. Réservez la formule seulement pour les occasions qui la méritent.
P: une autre fois je vous dirai ce que les murs entendent, les chaussures disent et ce que les lunettes voient.
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