Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mardi 26 mai 2020

IL FAUT CHOISIR

On ne peut pas faire deux choses à la fois, être à deux endroits en même temps, parler à Pierre tout en écoutant Paul, voter à droite et à gauche un jour d'élection et tout aussi mal réfléchir et travailler au même moment si on veut penser intensément et agir efficacement. Cette évidence est vérifiable facilement et donne des conséquences intéressantes.

La première est que la réflexion suppose l'inaction qui permet la concentration sur la pensée en cours d'élaboration à l'exclusion de toute autre action qui distrairait l'attention. L'individu qui possède au plus haut degré ce pouvoir est le paresseux inné, intégral, total, dont les parents, le maître d'école, de stage disaient qu'il était irrécupérable. Conclusion: seul un paresseux peut être un inventeur, un découvreur, un défricheur. Ainsi je peux révéler ce que l'hagiographie officiel a toujours tu : le prototype du génie reste Archimède. Il passait son temps à se reposer dans une baignoire, en apesanteur, pour réfléchir à des principes. De notoriété privée, il était le plus paresseux des élèves de sa classe et de sa génération. D'autres génies ultérieurs de la pensée ancienne et moderne partageaient ce trait de comportement et n'avaient rien à envier à l'illustre baigneur. Respectueux de la vie privée, je ne citerai aucun nom.

Corrélativement, le travailleur ne peut à la fois raboter et peindre, tronçonner et coller, fabriquer et démolir, visser et réfléchir à autre chose qu'à ce qu'il fait. Il y va de la sécurité de sa santé. Une idée parasite et c'est la chute, la coupure, la saignée, la brûlure (voir les accident du travail). Le travailleur a le devoir de se concentrer sur son travail. C'est la consigne en forme d'ordre que l'apprenti reçoit à la première minute de ses études d'apprentissage de la part de son professeur de travaux pratiques. La réflexion pragmatique est encouragée à l'atelier, sur le chantier mais la haute idée, la grande, la transcendantale, la théorique avec une dimension kantienne, pasteurienne, einsteinienne, shakespearienne ne  peut être contemporaine d'une levée de fonte dans une salle de sport, d'un 100 mètres sur une cendrée, d'une montée du Galibier en courant, de la descente du Colorado en rafting etc...

Corrélativement, le vrai travailleur, l'acharné, le stakhanoviste qui ne pense qu'à bâtir, à construire ne peut être un grand réfléchi et penser intensément.

Il faut déduire de ce constat implacable qui a la simplicité, l'élégance, l'indubitabilité de la vérité élémentaire réduite à son expression binaire que la réflexion avec un R est incompatible avec le travail avec un T accompli dans les règles de l'art (du type de celui du meilleur ouvrier de France ou d'un compagnon du tour du monde). Et là, je renverse la table, je torpille un paradigme établi: seul un paresseux intégral peut réfléchir à 100% et trouver la solution du mystère, résoudre le problème, faire la découverte attendue et conduire le monde au succès.

PS: il faut accepter le revers de cette vérité insupportable qui va horrifier les travailleurs considérés comme des décérébrés et ravir les paresseux enfin appréciés, il faut supporter que la communauté  soit divisée en 2 et ne pas forcer le penseur à travailler, si on veut qu'il le reste. La haute réflexion doit laisser le travailleur tranquille et ne pas interférer dans son travail. Règle numéro 2: le penseur doit cultiver sa paresse, ne rien faire qui puisse la diminuer s'il veut rester performant. Règle numéro 3: un grand travailleur ne peut cumuler un travail manuel avec une réflexion féconde. En conséquence, un chef d'État pour être capable de définir une grande politique pour son pays en s'inspirant du passé pour ne pas en refaire les erreurs et prévoir l'avenir pour nous dispenser de ses horreurs doit être choisi en fonction de sa paresse dûment authentifiée (il devra être incapable de monter une mayonnaise ou d'enfoncer un clou). Prouver de la sorte la profondeur de sa capacité à réfléchir prévaudra sur un programme électoral et sera le gage d'un avenir radieux pour le pays.

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