Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


dimanche 24 mai 2020

LE JOUR DU CYNIQUE

Non seulement je ne suis pas celui que je voudrais être, ni celui que je crois, mais je dois me  supporter.

LA RICHE NATURE DU CYNIQUE

J'aimais les pièces jaunes autant que madame Chirac. J'avais l'illusion d'avoir plein de louis d'or dans mon porte-monnaie et me sentais un Crésus quand je les jetais, depuis la portière de ma voiture, aux miséreux, aux sans dents, aux mendiants.


LE CYNIQUE PASSE À TABLE 

Le cynique m'a visité, la mine grave, pour me dire:
"Je fais mon coming out, j'avoue une passion coupable, un amour scandaleux et ruineux pour ma santé physique, morale, mentale, pécuniaire. Je suis chocolat addict.
J'ai commencé dès l'école primaire, entraîné par de mauvaises fréquentations, avec un carré de noir  pour accompagner une tranche de pain qui le rendait moins dur. Progressivement, insensiblement, je suis passé à 2, puis à 3. Je pouvais arrêter plusieurs jours, sans souffrir. L'état de manque est advenu beaucoup plus tard, quand les frontières avec la Suisse se sont ouvertes et qu'ils nous inondèrent de leur chocolat au lait sucré. Comment résister à son charme diabolique? L'emprise a été lente, ma force de caractère m'a permis de tenir tête à ses séductions. Une publicité mensongère: «le chocolat est bon pour le moral», «le chocolat est un antidépressif», «le chocolat fait maigrir, baisser le mauvais cholestérol, augmente le bon, fait faire de beaux rêves etc. etc.». nous envahit, est venue à bout de ma résistance.  Qui peut refuser de telles propositions? Personne n'aide le chocomaniaque, la police ne fait rien, les revendeurs sont partout, la tentation est permanente. Je succombais comme beaucoup, la force humaine a des limites et tombais dans le rets de messieurs Lindt, Nestlé, Suchard et Weiss, Bernachon pour les jours de fête.
Vous pouvez beaucoup pour moi si vous avez pitié. Offrez moi une tablette."


LE CYNIQUE S'AUTO-DÉPRÉCIE

Ce que je n'aime pas chez moi, c'est tout ce qui me fait ressembler à ceux que je n'aime pas.


LES CRISES DE FOI DU CYNIQUE


Ma première crise de foi remonte à loin. Je la dois au père Noël quand ma foi en lui disparut, suite à une indiscrétion. Inventé par les parents pour donner un peu de fantaisie et de suspens à la nuit du 24 au 25 décembre, le mythe était dans mon esprit une réalité  qui ne faisait aucun doute. Sa disparition me démontra que les adultes racontent des histoires qui ne sont pas toutes bonnes à croire.  Leur force de conviction perdit de sa consistance. Leur grandeur diminua, ma confiance aussi. C'est à ce moment que je reçus ma première dose d'incrédulité.
La seconde fut progressive, plus tardive. Les parents avaient une foi héréditaire, transmise depuis longtemps par l'intermédiaire des curés, eux-même très atteints. Elle se manifestait ostensiblement et marquait une différence de classe  avec les mécréants qui n'allaient pas à la messe, ne connaissait pas les mystères de la foi, la sainte liturgie et les actes des apôtres. Il fallait prier pour eux. La charité,  l'obéissance aux canons, la communion étaient les signes qu'on avait la foi. La confession effaçait les péchés au fur et à mesure qu'ils étaient commis, les véniels (un baba au rhum) aussi bien que les capitaux (une mauvaise pensée ou un assassinat avec préméditation). Cependant l'observation de ces saintes personnes créait des doutes quand à la réalité de leur foi et à la vérité de leurs proclamations. Leur gloire d'être chrétien se traduisait dans la réalité par fort peu de sentiments dérivés des évangiles en général et des béatitudes en particulier et par aucune différence dans le comportement domestique, civique, éthique et social. En réalité, ils n'étaient pas meilleurs que les autres, ceux qui ne croyaient ni à l'enfer, ni au paradis. Cette discordance entre le fait et le dit était visible, palpable à tous les niveaux de l'institution et ses affidés partageaient cet écartèlement sans en paraître affectés. Le mensonge était évident, le père Noël de retour et il y eut un infidèle de plus.
L'application du même principe, celui de la réalité face au discours me provoqua d'autres crises de foi avec une perte de confiance dans les hommes politiques, les annonces publicitaires, les traités d'amitié, la justice, l'humanité des hommes.
Ce n'est pas grave, une crise de coliques hépatiques est beaucoup plus douloureuse que toutes les autres crises réunies. Elles ne sont qu'une preuve supplémentaire qu'il ne faut pas prendre une vessie pour une lanterne.
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