Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


dimanche 26 juillet 2020

UN ABORD PARTICULIER D'UN MÉTIER PEU FRÉQUENTÉ

Dans une typologie de métiers (2.4.2013), je donnais un avis sur le métier religieux. Je vais approfondir mon exploration de cette profession en perte de vitesse dans l'une de ses spécialisations: le religieux monastique.
Il s'enferme dans un couvent au murs épais pour y mener une vie austère, frugale, monotone, en célibataire, en étant soumis à une discipline définie il y a quelques siècles (pour plus de détails, on peut se référer à la règle de saint Benoît). Elle décrit de façon minutieuse et minutée la journée  du moine bénédictin. Pour supporter cette discipline pénitentiaire volontaire, la foi doit avoir une dimension particulière, quasi-surnaturelle. C'est elle qui nous interpelle, pique notre curiosité, nous oblige à une intrusion non autorisée dans l'intimité spirituelle du reclus volontaire.
L'habitude est d'avoir à l'égard de ces gens-là  une attitude admirative inconditionnelle, une déférence respectueuse et une stupéfaction dénuée de toutes réserves.  Le journaliste, le cinéaste saisis par la majesté des lieux, la solennité de l'atmosphère, l'ambiance calme et silencieuse, la sagesse de son interlocuteur, habituellement le prieur, son intelligence, sa culture, le regard, la hauteur de sa spiritualité lui font oublier d'avoir un esprit critique, de poser des questions dérangeantes dont la principale: "pourquoi êtes-vous là? "
L'apparence n'est pas forcément trompeuse et nous ne croyons pas que le bon moine joue la comédie de la sainteté avant la canonisation.
Mais de la même façon que se joue tous les jours, devant nous, la comédie du pouvoir par des politiciens, parfois même véritablement doués pour la politique mais qui ne font que satisfaire une soif de pouvoir, une ambition forcenée, le goût des honneur, le besoin de dominer, nous pensons qu'il peut y avoir des raisons secrètes à la vie monastique, cachées, inavouées.
Pour supporter un enfermement, une privation de liberté, l'abandon de tous les plaisirs des sens, la monotonie d'un emploi du temps imposé, une discipline d'acier, le silence, la solitude affective, la promiscuité de proches inconnus, il faut être particulier, avoir un caractère spécial, une mentalité différente .
Ill faut de'abord croire en Dieu. La condition est grandiose. Généralement elle est remplie par l'intermédiaire d'un coup de foudre, façon saint Paul, d'une révélation qui ne se discute pas car impérieuse, façon Claudel, d'une lente maturation, façon vocation tardive. Le moine ne fait pas dans la demi-mesure. Son engagement est à plein temps, 24 heures sur 24. Rien ne le distrait de son objectif: satisfaire les désirs, les besoins d'un Dieu invisible qui l'a convaincu de son existence par une auto-suggestion irrésistible et accumuler suffisamment de mérites par des génuflexions, des ovations, des oraisons, des signes de dévotion, d'admiration, au point de forcer son maître tout puissant à le récompenser quand le moment sera venu. Le moine investit donc tout ce qu'il est dans un projet au long cours et pour son avenir qu'il pressent éternel. Il a une âme de joueur, sous son air austère, à la Pascal.
Se priver volontairement des plaisirs qui rendent la vie à peine supportable n'est donné qu'à des êtres dépourvus de toute sensualité et d'appétit pour la bonne cuisine, les bons vins, la belle musique, le grand théâtre, les beaux spectacles, les belles expositions, les beaux voyages, les belles femmes etc. et doté d'une personnalité à dominance masochiste. Ce renoncement doit accompagner chaque instant et ne peut être supporté que si la mortification, par un effort de l'imagination, prépare les voluptés infinies qui seront offertes après le jugement dernier. Ce masochisme vécu au présent est la condition que le joueur s'impose pour gagner son pari pour son futur.
Mais  une adoration aussi courtisane, un don de soi aussi  intéressé ne cachent-t-ils pas la vraie raison de cette reclusión: un amour de soi démesuré, un orgueil dénaturé qui font croire que l'on mérite autre chose que celui qui n'a pas la même foi ou s'agit-il seulement d'un coup de folie très allongé?

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