L’indifférence citadine au carnage sus et souterrain
provoque dans nos campagnes un scandale censuré par la presse parisienne. Il accentue
le clivage qui, depuis la révolution industrielle de 1883, éloigne chaque jour
un peu plus le monde terre-à-terre de celui des rues et des boulevards. Je
parle du massacre nocturne perpétré par les hérissons réveillés de leur cure de
sommeil hivernale sur les escargots en promenade au clair de la lune et par
les taupes qui ont repris leur dégustation meurtrière des lombrics trop
affairés à recycler les déchets végétaux pour se préoccuper de survivre. Aucun
citadin ne leur est reconnaissant de fabriquer l’humus qui rend possible de
récolter le blé qui fera la farine qui permettra au boulanger de son quartier
de lui vendre les brioches et les croissants de son petit déjeuner. Le même ne
se préoccupe pas plus de la fringale taupière quand il déguste sa douzaine
d’escargots farcis au beurre de persil, d’ail et d’échalotes.
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