Hier, avec le même esprit d'aventure, d'entreprise et une
soif de dépaysement, de rencontres nouvelles l'africain se fit commerçant et
vendit du bois d'ébène en état de marche aux marchands venus de Mésopotamie,
des hautes tentes de Mauritanie et du Hoggar. Il allait chercher sa marchandise
chez son voisin pour le forcer à voyager, voir du pays, apprendre des
langues étrangères.
Dociles, courageux, ils apprirent le travail forcé avec la
seule espérance de rester vivants un jour de plus. Le succès à l'export de
cette marchandise fut tel qu'il dépassa les limites habituelles et devint transatlantique.
Les transferts devinrent massifs pour faire tourner les moulins de canne à
sucre et fleurir les champs de coton dans les Amériques et les Caraïbes.
Dans le même temps que les convois faisaient route vers la Mecque,
la bonne parole d'Allah descendait
des sables du désert arabique pour convertir à la bonne parole des
esclavagistes les frères et sœurs et autres parents des
esclaves qui, jamais, ne revenaient pourtant au pays.
Ce bon caractère, cette absence de rancune envers les
razzieurs, les vendeurs, les acheteurs expliquent qu'un peu plus tard d'autres
venus d'ailleurs profitèrent de l'accueil toujours chaleureux quand il n'était
pas hostile pour s'implanter, s'incruster en profitant des zizanies, des
chicanes entre tribus et apporter la civilisation avec des routes, de l'électricité,
des hôpitaux, des missels pour remplacer la magie noire par la blanche, plus
présentable, mieux écrite et qui promettait le paradis si on acceptait l'enfer sur terre.
Même si la magie agit toujours sur des âmes avides d'aventure,
d'espoir, de meilleur, rien ne change et l'Afrique reste toujours aussi
accueillante à ceux qui, comme les chinois, s'en emparent et auxquels elle vend ses terres pour y faire pousser ce qu'il faut pour accompagner leurs tasses de thé et que l'africain est prêt à perdre la vie en partant à pied, en bateau pour aller là où on ne veut pas de lui mais pourra, dans le froid, la misère, balayer les rues, vider les ordures, faire le guet, la pute et ne pas
avoir chez les autres ce qu'il a laissé sur place pour ceux qui, mieux que lui, profiteront du pays qu'il a quitté faute de vouloir s'en occuper.
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