Il y a toutes sortes de raisons d'être malheureux et la maladie cruelle, la pauvreté extrême, la dépression profonde sont les causes les plus fréquentes sous nos latitudes. Il en est une qui n'est jamais dénoncée, conséquence: elle est mal traitée puisqu'ignorée. Je parle des malheureux de type bipolaire dont la personnalité abrite deux esprits opposés simultanés (à la différence des phases maniaques qui alternent avec celles dépressives du maniaco-dépressif). Ils doivent donc gérer, en permanence, une tendance + et une -. On saisit le dilemme.
Comme d'habitude, l'intensité de la maladie varie et l'on a la forme latente qui ne se révélera qu'a l'aide du test dit de Janus, la forme mineure décelée dès l'enfance par une incapacité de choisir, mais l'autorité parentale s'imposant à cet âge, elle passera inaperçue. Plaçons ici le diagnostic différentiel, elle doit être distinguée du débat intérieur normal quand il s'agit de décider entre deux options et nous faisons l'arbitrage constamment : vin blanc ou rouge, fromage dessert, mer ou montagne, brune ou blonde, médecine ou chirurgie, Peugeot ou Renault. Cette situation n'est pas dramatique et nos deux cerveaux sont assez raisonnables pour chercher la conciliation et respecter la décision de l'hémisphère dominant. La forme aiguë est celle où le conflit ne peut être évité car les positions sont inconciliables. La littérature médicale a beaucoup glosé sur les cas restés célèbre d'une coupable qui se croyait innocente, d'un végétarien carnivore, d'un illettré qui se prenait pour un écrivain, d'un juge partial, d'un ingrat reconnaissant, d'un apatride nationaliste, d'un athée qui croyait au diable.
Elles sont surtout insupportables car comment vivre en paix avec son ennemi?
Cette psychopathologie existentielle n'est pas répertoriée dans le DSM5, restera orpheline puisque la victime ne sent aussi coupable et donc responsable. Il faudrait intervenir avant la phase terminale catatonique où devenu incapable de choisir, il finit par ne plus penser, parler, agir. Certains psychiatres extrémistes ont été jusqu'à proposer une lobotomie afin d'éradiquer la personnalité la plus perturbante. La décision n'a jamais été prise car la commission chargée de la choisir en a été incapable.
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