Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


samedi 7 décembre 2013

LE CONTE DU SAMEDI

Je viens de vivre une première qui fera date. Enfin un service public s’engage dans la lutte contre le réchauffement planétaire. - Un aparté : est-on sûr qu’il n’est pas interplanétaire, intergalactique voire cosmique ? Sans que je leur en parle, les américains préparent un débarquement sur Mars pour poser quelques thermomètres et en avoir le cœur net.
 
Ainsi donc un mardi matin d’une semaine trépassée, la dernière, je m’étais levé dès matines, poussé par je ne sais quelle urgence ou prémonition. J’ouvre les volets, m’accoude à la croisée - un moment pour poète insomniaque - la campagne dormante s’enveloppait d’une brume vaporeuse qui flouait le relief rugueux de ma devanture champêtre.
 
J’admirai d’un œil endormi cette nature encore morte et, au moment où j’allais refermer la fenêtre pour retourner me coucher, ayant oublié le pourquoi de mon lever précoce, dans un bruissement d’ailes, de claquements de bec, un roucoulis à réveiller le cochon qui sommeille chez qui vous voulez, vint se poser, avec la délicatesse d’un vautour-albatros atterrissant sur un écueil du détroit de Behring, un gentil pigeon voyageur. Il livrait à domicile un pli urgent posté la veille à Maubeuge. C’était le premier essai du nouveau service de Chronopost, inspiré du bon vieux temps de la marine à voile. N’entamant pas les ressources fossiles, le pigeon voyageur est le transporteur idéal avec son émission de CO2 de 0,5 mg aux 100 Km. Silencieux (sauf à l’atterrissage) à peine polluant (et son guano est un excellent engrais), joli à voir, il a tout pour lui. Cerise sur le gâteau, il est à usage unique, le prix du pigeon étant compris dans celui du timbre. Il tombait bien, moi qui tançais mon épouse depuis quelques jours pour qu’elle me prépare un pigeon en croûte de sel. Une spécialité qu’elle  réussit à merveille une fois sur deux et celle-ci, statistiquement, était la bonne.
 
Tout le monde est content :
-       la lettre arrive à bon port ;
-       la planète conserve ses hivers ;
-        la poste supprime le préposé ;
-       le pigeon n’a plus à se soucier d’un retour fatigant ;
-       et moi, et moi, et moi qui profite de tout ça!

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