Certains individus sont bien à
plaindre. Alors que les schizophrènes, les paranos, les maniaco-dépresseurs
sont accessibles au traitement, eux sont incurables. Ils sont atteints de la
folie de la grandeur. Leur profil est stéréotypé: ils sont beaux, grands, intelligents
et surtout riches, riches, très, très riches. Leur état peut être inné,
congénital ou acquis par la chance, le vol, la spéculation, l'escroquerie, le
coup de génie. Ils ont tout. C'est leur drame, ils n'ont plus rien à désirer,
aucune frustration à satisfaire. Leur vie est un plateau lisse, sans issue. Ils
n'ont jamais faim, jamais soif, jamais trop chaud, jamais trop froid. Jamais
signe leur existence.
Ils seraient jaloux, s'ils savaient qu'ils existent, de ceux
qu'un morceau de pain rassasie, qui ont froid et qu'une couverture mitée
réchauffe, qui ont chaud et qu'un verre d'eau glacée rafraîchit, enfin de tous
ceux qui n'ont rien et qui se contente d'un peu.
_________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire