Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mercredi 2 mai 2018

COMMENT AVOIR L'ESPRIT TRANQUILLE

Dormir l'esprit tranquille est le rêve de beaucoup. Si c'est le vôtre, lisez la suite.

Deux batailles sont à gagner.

Le premier combat est à mener contre le tumulte et la rumeur extérieurs. Pour vous en débarrasser, vous devez ne plus lire les journaux, ne plus écouter la radio, ne plus regarder la télévision et fermer votre porte aux intrus. En prime, vous gagnez du temps et de l'argent. Attention, la disparition du bruit et de la fureur du monde peut être mal supportée, un manque se faire sentir et le grondement des avions à réaction insuffisant pour remplir le silence et le manque d'information. Vous aviez fini par aimer le mal qu'ils vous faisaient. On appelle ça le syndrome de Stockholm.

Rassurez-vous, c'est transitoire. Si vous persévérez dans votre envie d'avoir l'esprit tranquille, vous allez passer à la deuxième offensive et vous attaquer à à un coriace. L'ennemi est interne, vous l'hébergez, il vous empoisonne la vie par ses ruminations, ses plaintes, ses regrets, ses projets imbéciles. Il est prétentieux, mythomane. S'en débarrasser n'est pas facile car il occupe la place depuis toujours. Pour ce faire, une seule solution, l'ignorer, l'enterrer dans votre mémoire morte et le remplacer par des pensées, des idées, issues de nouvelles activités qui vont tellement vous occuper que vous n'aurez le temps de réfléchir et de rêver  à rien d'autre.

Il faut réapprendre à lire, à écrire, à se servir de ses mains, de ses pieds et ne plus se contenter d'écouter, d'applaudir, de regarder, d'acheter ce pourquoi on vous a appâté.

Le mauvais esprit a malheureusement un allié qui entretient vos instincts pernicieux et vos tendances masochistes : la mauvaise conscience. La combattre va vous occuper longtemps car c'est une garce qui donne du mal à qui veut s'en défaire.

Elle est, comme la mauvaise herbe, envahissante. Cette tendance invasive n'est pas native, elle commence dès le jardin d'enfance avec des : fais pas ci fais pas çà. Elle a été renforcée par les ordres parentaux qui ne vont pas cesser jusqu'à l'envol du nid. Elle s'implante à coup de tiens-toi droit, bien à table, mange proprement, répond poliment, fais tes devoirs, apprends tes leçons, on ne fume pas à ton âge, ne sors pas le soir, on ne vole pas dans les magasins, ne réponds pas à ton père etc., etc.

Mais ce sont des ordres domestiques, mécaniques, d'une dimension temporelle. Ils entrent par une oreille, sortent par l'autre. Ils ne marquent pas, ne traumatisent pas, ne donnent pas mauvaise conscience pour la suite du temps.

La mauvaise conscience d'hier, celle des vieux de la vieille, la vraie, la dure vient d'ailleurs, de plus loin, de plus haut. Elle arrivait de façon sournoise, engluée dans de grands sermons, déclamée du haut d'une chaire, susurrée dans un confessionnal, dans des promesses miraculeuses proférées avec un ton de certitude et des condamnations affreuses pour l'éternité si on on n'obéit pas aux commandements.

Elle était redoutable et malfaisante, empoissonnait la vie avec des interdits qui lui enlevaient ses plaisirs,  ses péchés qui, de capiteux étaient décriées en capitaux. On n'avait droit qu'aux véniels et, mêmes eux, étaient soumis à la pénitence. Seuls les confesseurs se donnaient le droit d'en commettre de cardinaux.

La mauvaise conscience d'aujourd'hui est laïque. Elle crée aussi un sentiment de culpabilité. Son origine est la mauvaise conscience universelle. Elle naît de l'irresponsabilité des États, des preneurs de toutes les décisions dangereuses, imbéciles qui mènent le monde à sa perte. À sa place microscopique, chacun est impuissant et n'y peut rien. La bien-pensance, le conformisme, la pensée dominante et de mauvais apôtres en ont décidé autrement et ont instillé dans l'esprit que la pollution, la faim dans le monde, la montée des eaux, la fonte des glaciers, la disparition des espèces, la fuite des migrants,, la misogynie des hommes, le sexisme des femmes, le divorce des parents, le chômage des jeunes, la richesse des riches, la pauvreté des pauvres, étaient de votre fait. Comment ne pas succomber sous de telles accusations? La seule occupation des spécialistes de la mauvaise conscience est de l'alimenter pour faire de la vie un cauchemar aux autres. C'est une vocation, une obsession, nourrie à leur bonne conscience, une illusion et une aberration nées d'un orgueil et d'une bêtise démesurés. Ils paradent partout.

Ces idéologues sectaires et dévoyés sont de la même race que les anciens qui sévissaient sous d'autres oripeaux. Obsessionnels de leur idée fixe, ils veulent rendre coupables des innocents aux têtes vides comme leurs mains.

Connaître le piège, ses artifices, ses raisons devrait suffire à un esprit qui s'interroge, réfléchit.

Une fois que l'on a compris que l'on était victime de fous en liberté, le sentiment de culpabilité n'a plus de raison d'être. On peut jeter sur le monde un regard apaisé, la bonne conscience (à ne pas confondre avec la fausse bonne conscience qui n'est qu'un artefact de la mauvaise) peut émerger  et l'esprit  trouver une tranquillité qui permet de vivre dans la sérénité et de profiter de tous les moments avant le dernier.
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