Rien n'est plus étrange que l'idée que l'on a de soi. C'est d'abord la perception de sensations multiples: sensorielles, sensitives. On entend, on voit, on a un poids, un corps, on bouge, on s'agite dans l'espace, dans l'air, on marche sur un sol dur, sur des pieds. Puis on a l'impression d'une présence qui nous habite, qui dit être nous. On s'entend avant de parler, on reçoit des pensées sans rien demander. Un esprit pose des questions qui n'ont pas de réponse. On s'aperçoit que d'autres ont les mêmes problèmes et pas de solutions, seulement des suppositions. Que faire de ce corps, de cette tête posée sur lui? Au bout d'un certain temps, avec l'expérience, la mémoire, on s'habitue à l'étrangeté d'être là. On avance, vieillit ensemble, contraint, forcé de cohabiter avec la certaine idée qu'on s'est forgé avec une entité qui nous retient prisonnier.
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