Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


dimanche 2 décembre 2018

LE GRAND BAZAR DES IDÉES

Si vous êtes en panne d'idées, une seule adresse: le grand magasin, en face du BHV, au carrefour de la rive droite et de la rive gauche.

Sur plusieurs étages, desservis par un tapis montant, on trouve tout ce qu'il faut pour nourrir un esprit qui manque d'idées.

Au sous-sol, les bricoleurs des jours fériés trouveront comment déboucher un trou, couler une bielle ou ressusciter un cafard mort. Il est réservé aux manuels qui n'ont pas peur de se taper sur les doigts ou de se crever un œil avec une pointe mais aussi aux pragmatiques soucieux d'arrondir les arêtes d'une fin de mois difficile.

Le rez de chaussé est, comme partout, consacré à la futilité, à l'inutile, au luxe et donc à ceux et celles qui, ne sachant que faire de leur argent, ont besoin qu'on leur donne des idées pour le dépenser à se parfumer, s'embijouter d'or, de perles et de diamants, à se passer au bras un python qui s'est fait le sac et, au pied, un croco dépouillé de ses entrailles. C'est l'endroit de rêve pour qui est plus riche que moins et qui veut sentir bon, être bien chaussé, bien ganté, briller de mille feux.

Dès que vous ne vous reconnaîtrez plus, et pour parachever la transformation, si vous appartenez à l'ex-sexe faible, vous ferez un arrêt prolongé au premier étage. La dame y trouvera  tous les oripeaux qui lui feront croire qu'ils ont été faits pour elle. Interdit à l'ex-sex fortiche, je n'y ai pas accès et n'en sais pas plus que vous.

Le deuxième étage accueille les mâles à bras ouverts pour leur offrir ce dont je n'ai besoin que tous les dix ou vingt ans, ma sobriété vestimentaire me permettant de ne pas suivre la mode et de ne pas user les coudes de ma veste, d'effilocher le col de mes trois chemises, de ravager leurs poignets, Marchant comme Jean d'O, nu-pied dans mes pataugas, je me passe de chaussettes et de socquettes. J'avoue, à ma petite confusion, que j'ai eu du mal à résister à l'envie d'un smoking façon James Bond  tenu par une bretelle de Saint Laurent.

Vous quitterez ce lieu de perdition où il difficile de résister aux sirènes de la belle étoffe et à la séduction du cousu-main pour le troisième, l'antre des idées transcendantales, de la philosophie, de la littérature, des sciences morales et politiques, physiques et chimiques,  médicales et chirurgicales, géographiques  et historiques ou, pour résumer, des  exactes et des occultes.

Le quatrième est le domaine du rêve, de l'évasion, de l'étranger. Toutes les agences de voyage y ont un stand et vous vendront un aller pour des pays perdus ou des îles en voie de disparition. C'est l'endroit pour réserver une place bien placée à une pièce de théâtre, un concert à Paris, Romorantin, Broadway, une grand-messe à la Chapelle Sixtine. Vous pourrez profiter d'un voyage instantané puisque le concept que j'ai inventé a été repris  avec un succès qui ne se dément pas. Pour 99 euros tout compris, vous passerez une heure de mousson à Calcutta, subirez un tremblement de terre à Nagasaki, échapperez à un tsunami à Bornéo,  survivrez à une avalanche à Val d'Isère etc..

Pour revenir sur le plancher des vaches et prendre le métro, il suffit d'emprunter l'escalier descendant ou, si vous êtes pressé, l'ascenseur express qui donne une idée de la sensation d'une descente en parachute sans parachute.
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