La chirurgie est, comme l'architecture, d'intérieur et d'extérieur.
On a la chirurgie d'extérieur avec l'esthétique qui refait le nez, les oreilles, les seins etc.; la réparatrice qui recolle les gueules cassés; la rénovatrice qui essaie de faire du neuf avec du vieux, comme le faisait Violet-Leduc en effaçant les rides, en remettant des cheveux et en ôtant les bajoues.
Il y a la chirurgie d'intérieur, avec les spécialistes:
- de la plomberie (ils préfèrent qu'on les appelle vasculaires ou cardiaques). Ils travaillent la tuyauterie, débouchent les artères, posent des by-pass, enlèvent les varices.
- de l'électronique, en fait des électriciens. Ils posent un pace-maker alimenté par une pile pour rétablir le courant entre l'oreillette et le ventricule.
- l'ébénisterie qui joue de l'orthopédie et qui manie la scie, le burin, le marteau pour joindre les os cassés.
- la haute couture qui recoud les estomacs perforés, les intestins percés, enlève ce qui ne fonctionne plus.
- la mécanique qui fait des échanges standard et remplace, comme au garage, l'organe défaillant: un rein, un cœur, un foie, un poumon, le cristallin, la hanche, l'épaule, le genou.
En réalité, les chirurgiens se prennent pour des artistes et ne sont que des artisans spécialisés. Il y a de moins en moins de généralistes sachant tout faire : déboucher une artère, enlever un estomac ou le réduire pour couper l'appétit, recoudre un doigt, etc... Malheureusement, cette belle activité va disparaître avec l'arrivée de robots-chirurgiens dotés d'une intelligence artificielle : précis au micron près, rapides, infatigables, ils commencent à envahir les salles d'opération. Leur avenir est programmé, comme l'obsolescence de leurs prédécesseurs.
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