Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


lundi 9 septembre 2019

LE GÉANT DU CYNIQUE

La France, en mère ingrate conséquente, n'honore pas ses grands hommes ou alors seulement ceux qu'elle mérite. Les autres, Vercingétorix  par exemple, ont droit à un oubli poli ou à une rue discrète, jamais un boulevard ou une avenue, encore moins le Panthéon. La patrie est peu reconnaissante. Celui dont je vais vous parler appartient à cette fratrie. Sa vie et un exemple de liberté, son œuvre un miracle d'inventivité, de générosité, sa philosophie une synthèse grandiose de l'épicurisme, du cynisme et de l'existentialisme. Vous avez deviné qu'il s'agissait  de Monsieur  Paul dit Bocuse.

Il montra toute sa vie une indépendance d'esprit et de mœurs qui était un pied de nez au conformisme du milieu lyonnais qu'il recevait à ses tables. Véritable pacha ottoman, il se moquait du quand dira-t-on en affichant  ses trois femmes officielles, consentantes et apparemment satisfaites. Un surhomme...
Ses œuvres sont dignes de Picasso et de Léonard réunis. Occupé à chasser, à pécher, à faire des enfants,à ouvrir des restaurants autour du monde, une école de cuisine, à inventer des recettes, à goûter la sauce,  il écrivait aussi des livres à rendre jaloux le Dumas du Grand dictionnaire de cuisine.

Mais Bocuse devra son immortalité  à sa philosophie. Elle ne s'est pas embourbée dans un pathos illisible, celui du charabia qu'aiment les délirants graphomanes qui peinent à expliciter une idée confuse. Lui n'eut besoin que d'une phrase lapidaire  pour en exprimer toute la profondeur et moi, son disciple, son client (ma dernière visite: foie gras de canard, rougets barbets en écailles de pommes de terre, fricassée de volaille de Bresse à la crème et aux morilles, délices et gourmandises),  je vous la rappelle:
    "la vie est une farce"

Il expliquait à ceux qui voulaient l'entendre que sa farce était un mélange de noix de veau, de filet de porc, d' œufs,  d'épices, de sel plus un décilitre de cognac millésimé.

Quel est l'homme qui fit autant pour la gloire de la France, le renom de sa langue et de ses arts de la bouche,  qui en exporta si bien le goût et la saveur? Il mérite mon respect, ma reconnaissance, mon  admiration et la vôtre....

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