Vous connaissez mon ouverture d'esprit, ma tolérance, ma tempérance, mon empathie naturelle envers toutes les espèces et les comportements, cependant, lors de mon examen de conscience - que je pratique toutes les années non bissextiles - je me suis rendu compte que j'avais quelques débordements à déplorer et devais, si je voulais garder l'estime légitime que je me porte, remédier à ces fâcheux écarts de régime.
Il y a d'abord ma tendance à proférer des gros mots que la décence m'interdit de reproduire ici et de dire tout haut ce qui relève du silence. La société ne tolère pas ces habitudes, je partage ce consensus sans l'exercer.
Ces deux péchés sont véniels et je peux sans souffrir m'abstenir de leur pratique. Je ne vois pas, par contre, comment faire taire la voix intérieure qui énonce de façon incontrôlée des propos séditieux, des pensées scandaleuses qui relèvent des extrémismes les plus radicaux. L'irruption brutale dans un esprit épris de mesure, de bon sens et de sagesse d'une réflexion qui attaque les morales les plus respectables, qui s'en prend aux mœurs bourgeoises ou anarchistes, qui me suggère d'aller régler leurs comptes à ceux qui en ont à rendre crée une zizanie difficile à maitriser, chaque partie ayant des arguments incontestables. Jusqu'à présent, j'ai réussi à garder le contrôle mais la tentation d'écouter la voix la plus persuasive se renforce et je crains que le choix prévisible ne me fasse tomber dans l'ultra-radicalité. Cet état résulte-t-il de l'arrivée du printemps et d'une allergie au pollen? d'une conjonction astrale? d'une crise de la vieillesse? d'un début d'Alzheimer ? Les semaines à venir le diront. Je vous tiendrai au courant si je tiens encore la barre.
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