Je ferme les yeux quand je ne veux pas voir, me bouche les oreilles quand je ne veux pas entendre, ferme la bouche quand je veux me taire, je dirige mes pieds où je veux aller, serre la main à qui je veux. J'ai donc un bon contrôle, comme tout le monde, de mon corps qui obéit à mes ordres, sans grogner, en silence. Beaucoup d'organes travaillent en continu, sans notre intervention (foie, rate, reins, pancréas et divers glandes), de façon discrète. Le cœur s'active mécaniquement et notre volonté n'y peut rien. Les poumons ont un fonctionnement plus subtil car permanent, ils acceptent cependant que l'on cesse de respirer quelques minutes mais nous forcent à reprendre notre souffle. L'estomac a, lui, un langage propre et il se fait entendre par une faim rapidement dévorante quand il est vide et avide de nourriture. C'est une sensation pénible, une espèce de chaleur qui se projette au niveau de l'épigastre, entre la pointe de la xiphoïde et le nombril. Elle ne cessera que lorsque l'on aura obéi à son commandement et passé à table. Dictatorial, bruyant, plaintif, il nous soumet à ses exigences en quantité et nous sommes à son service qui n'est pas de tout repos car il veut de la qualité en quantité. Mécontent, il nous fait souffrir de brûlures, régurgite, vomit pour manifester son déplaisir et nous punir. Ce mauvais caractère est la conséquence d'une acidité constitutionnelle qui se comprend car, baigner dans de l'acide chlorhydrique presque pur ne doit pas être une sinécure; de là vient son besoin de le tamponner en mangeant.
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