Savoir que demain sera pire qu'aujourd'hui et ne ressemblera en  rien à hier, un temps béni des dieux, provoque en moi, dit le cynique, une curiosité irrésistible, d'une qualité inégalable que ne pourront satisfaire les 170.000 pauvres hères qui auront la malchance de mourir dans les heures qui suivent et n'atteindront pas la fin de ce jour.

AMOUR-PROPRE

L'amour-propre a une saleté jamais évoquée car la dénoncer reviendrait à nous condamner.

Plaignons les gens qui ne rigolent pas avec les principes. Englués dans leurs confitures, ils n'ont pas compris que la déconfiture apporte la liberté de penser. 

Le passé, le présent, le futur sont des créatures du temps. La première est morte, la deuxième est vivante, la troisième est imaginaire.

Croire que l'on a raison est plus facile qu'admettre que l'on a tort car notre système de reconnaissance de la vérité n'a pas de fiabilité. Il est pollué par des biais subjectifs (culture, émotions, sensations, sentiments, compréhension, société)  qui nous vendent une réalité relative.

LE CYNIQUE DÉVOILE SA MÉTHODE GAGNANTE

La bonté d'âme de mon grand cœur m'oblige à toujours arriver en retard chez les gens qui m'aiment bien  pour remplacer  les regrets qu'ils commençaient à avoir par le plaisir de s'être trompés tandis qu'une malignité incontrôlée m'oblige à la même ambiguïté pour tromper la joie qui commençait à percer chez ceux qui ne m'aiment pas à l'idée qu'ils ne me verraient pas.

2 CONSEILS

Quand vous réussissez à engager la conversation avec quelqu'un qui ne vous aime pas et qui, par principe, est sûr que vous avez tort, prenez un ton léger, consensuel, joyeux. Il lui sera difficile de trouver une argumentation contraire et vous l'aurez déséquilibré. À l'inverse et avec un autre qui a un préjugé favorable et des à-priori positifs, vous pouvez employer un ton incisif, sarcastique, ironique. Il le prendra très bien, sera content de la manière dont vous le rabrouez. Il y verra la marque de votre estime, le signe que vous lui dites la vérité, pour son bien et il vous remerciera de votre franchise.

Se taire avant de parler oriente la conversation vers les non-dits.

DE SUN TZU IN "L'ART DE LA GUERRE"

Celui qui excelle à résoudre les difficultés le fait avant qu'elles ne surviennent.

Pour le sage, le bonheur tient à manger à sa faim, boire à sa soif, être en sécurité et protégé du froid, du chaud, du danger, dormir bien. Il n'a pas besoin de Berluti, de Rolex, de Ferrari, de Capri, de haute couture, de château, de caviar, de champagne, de diplômes, d'accessoires, de superflu, d'encombrant, de fatigant, d'énervant, d'appauvrissant, de polluant, de courtisans.

MISE AU POINT

La capacité admirable des oiseaux à voler ne doit pas faire oublier leur incapacité notoire à nager.

Les hommes de parole font de grands chefs d'État et ceux de mensonge des politiciens chevronnés.

Je l'ai appris incidemment  par inadvertance à la suite d'une imprudence, mais l'information certifiée exacte qui était cachée dans un secret était fausse.

Pour être heureux, il faut faire attention où l'on met les pieds, fréquenter des gens fréquentables, attirer la chance en étant attractif, avoir une bonne santé, une belle présentation et un caractère équilibré, conséquence d'une éducation qualitative.

L'homme n' est pas seulement un pur esprit : il suffit qu'il se laisse pousser les ongles et  ils deviennent des griffes crochues qui révèlent son vieux fond bestial.

LES 3 TEMPS

Le passé est le temps préféré de ceux qui ont de la mémoire. Le futur plaît à ceux qui ont de l'imagination. Le présent convient à ceux qui n'ont ni mémoire ni imagination.

QUI DIT MIEUX?

La conscience persécute, la raison explique, la sagesse protège. Un sage nous dit que la première est une brûlure, la seconde une lanterne et la troisième un bouclier qui éclaire sans éblouir et réchauffe sans consumer. 

ENTENDU AU TRIBUNAL

Monsieur le président, mesdames et messieurs du jury,

Je représente la partie civile . Elle m'a chargé de défendre la société en son entier contre l'injustice dont un de ses membres à été la victime. Un tribunal, le même que celui d'aujourd'hui avait en effet déclaré coupable un innocent, l'a privé de liberté et lui a retiré sa vie. Aujourd'hui, vous êtes là pour faire  justice, lui rendre son honneur  et punir les coupables qui ont rendu l'injustice.

Sur le banc d'infamie, je vous mets en premier, oui, vous, monsieur le président qui avez présidé le tribunal qui a condamné mon client et par la même déclaré coupable la société que vous aviez juré de protéger du crime. Votre indignité est totale, indubitable, effroyable. Vous avez trahi vos serments, votre raison d'être, votre hermine, la justice en avalisant les erreurs, en ignorant les incohérences, en vous moquant des évidences. Je réclame votre destitution, votre démission, votre incarcération. 

Monsieur le procureur, vous, le pivot du procès, celui chargé par la loi d' être impartial , de surveiller l'instruction  pour que le dossier soit sans lacune, qui avez fondé votre conviction sur une enquête policière qui brillait par ses faiblesses et proposé une peine  au lieu de la relaxe  ou du non-lieu pour satisfaire une société avide de bouc-émissaire , je n'ai pour vous que du mépris pour votre bêtise, votre médiocrité. 

Que dire de l'instruction, de la police si ce n'est  que ces deux institution se sont mises au service de l'injustice pour se débarrasser d'une affaire qui dépassait leur compétence, eux qui se sont contentés d'aveux extorqués par l'intimidation et la violence.

Je n'accablerai pas l'avocat de la partie civile. Il a mis son éloquence au service d'une indignation bien simulée, en grand professionnel des prétoires. 

 In fine, ce sont les jurés qui, stimulés par des conseillers peu scrupuleux, je parle du président et de ses assesseurs, qui, théoriquement, sont les principaux coupables de l'infamie qui a retranché de la vie un innocent. Ce sont eux qui ont prononcé le verdict, actionné la guillotine, enfermé un homme dans une cellule. Je ne leur reproche que leur crédulité, leur conviction à base de mensonges, leur croyance en la vérité révélée par des incapables de mauvaise foi. S'ils ont une âme et une conscience, ils devront vivre avec le souvenir de leur faillite à rendre la justice, s'ils n'en ont pas, ils ne seront jamais quitte de leur forfait .

 

Le seul qui recevra nos remerciements est le véritable coupable. En avouant être le responsable, il a permis la libération de celui que vous aviez enchainé. En le sauvant, il a libéré  sa conscience. Il a agi comme un héros  et si hier il a été un assassin, aujourd'hui, en avouant son crime, il a ressuscité un homme. J'espère que le jour où il passera en justice, monsieur le président, monsieur le procureur, vous en tiendrez compte et le jugerez non pour ce  qu'il a fait, mais pour ce qu'il est.

DE TOUT UN PEU

Les gens que l'on n'a pas envie de revoir sont les mêmes qui n'ont pas envie de nous revoir.

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Aimer ce que l'on a est plus gratifiant qu'aimer ce que l'on n'a pas .

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J'attends sans impatience le moment où je n'aurai pas de temps devant moi.

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On reproche vivement aux autres leurs grossières  erreurs toujours faites par bêtise, imprudence, légèreté et on regrette facilement celles que l'on a faites toujours par inadvertance . 

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Savoir qu'hier, un jour qui ne se reproduira jamais plus dans toute l'histoire universelle, j'étais un acteur qui tenait son rôle sur la scène du théâtre mondial en même temps que Trump, Poutine et les autres pourrait me rendre fier si j'étais orgueilleux. 

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Je pourrais continuer mon monologue si je n'étais pas muet quand je dors.

PERSONNALITÉS BORDER LINE

Quand un médecin dit qu'il connaît bien cette personne, cela ne veut pas dire forcément qu'elle fait partie de ses relations mais qu'il croit savoir si elle normale ou anormale. Le diagnostic est important car ce sont les traits du caractère qui conditionnent le comportement, l'intégration sociale, les qualités et les défauts. Il n'est pas nécessaire d'être un disciple d'Hippocrate pour faire ce diagnostic, de savoir à qui on a affaire et d'en tirer les conclusions. Elles sont utiles pour bien voter, choisir des partenaires, des compagnons de route, des associés dans le travail. 

Avant d'aller plus loin, éliminons l'illusion que la personne normale existe. Cet idéal est une fiction pour Freud, ses disciples et les psychiatres: on est relativement normal ou anormal par rapport au code social dans lequel on vit. Ignorant ceux qui régissent l'essentiel de l'humanité, je me bornerai à celui de mon microcosme. 

Un des caractères qui affectent et ont affecté le plus l'histoire et qui peut se rencontrer au quotidien est le paranoïaque. La personne qui en souffre est orgueilleuse et surestime sa valeur. Ce trait provoque une ambition qui va la dévorer et l'obliger, pour être satisfaite, à vouloir atteindre les sommets. Les paranos se retrouvent donc fatalement au sommet des hiérarchies et ils sont présidents, papes, généraux, directeurs quand la chance, le culot, l'intelligence, la ruse sont de mèche. Leur dangerosité ne vient pas de leur ambition, ni de l'orgueil  mais des accompagnants avec l'hypertrophie du moi qui rend psychorigide, obstiné, intolérant, méprisant. Un autre aspect constant est la méfiance  qui crée le soupçon, l'inquiétude, la susceptibilité. Il en résulte une fausse appréciation "puisqu'il se voit plus beau que nature  et il voit le monde extérieur  plus laid et méchant qu'en réalité" (Genil Perrin). Vivre, cohabiter, travailler avec ce type de personnalité n'est pas une sinécure. Il faut donc s'en protéger et les éviter. Ce serait facile si leur comédie n'était pas subtil, au service d'une stratégie qui en fait des séducteurs, leur donne le  pouvoir qui les amène au plus haut niveau où tout leur potentiel de malignité peut se libérer pour le plus grand malheur d'une personne ou de la majorité. Aujourd'hui, un alignement des planètes comme il y en a rarement eu en a amené un lot conséquent à la tête de nations qui habituellement se contentaient de banalement orgueilleux obsédés par la puissance et banalement idiots, paresseux et impuissants. On parlera d'autres personnalités à éviter un autre jour.

MALIN

Pour bien travailler du chapeau, je mets l'hiver une toque de fourrure et l'été un chapeau de paille...

LE PLUS MAUVAIS ET LE PLUS BEAU JOUR DE LA VIE

On naît dans les gesticulations, les braillements, le sang, le refus, la peur. On meurt dans le silence, le calme, l'immobilité. Prémonitions du pire à venir au début et préface d'une paix éternelle à la fin?

R COMME REPAS DE GALA (DEUXIÈME SERVICE)

Cher ami, dommage que vous n'ayez pas pu venir dîner avec nous, mais vous n'étiez pas libre et je ne vous avais pas invité. Je fêtais, avec quelques amis, un anniversaire qui tombait ce jour-là.

Pour nous mettre en train, un apéritif s'imposait. Je proposais mon élixir favori, un générique du Picon, mais amélioré, à base d'un alcool que je distille après une double fermentation d'un mélange de racines de pissenlit sauvages que je sucre, pour diminuer l'amertume, avec de la betterave rouge de Russie.

L'appétit ouvert en grand par ce nectar dont vous m'en auriez dit tant, on put commencer les agapes par une soupe vichyssoise améliorée à partir de la recette que le cuisinier de l'hôtel du Parc, à Vichy, mijotait pour le Maréchal. Je fais revenir dans un consommé de crêtes de coq et de pattes de poule des fanes de poireaux cuits à feux doux préalablement, dans de l'huile de pépins de poire; j'ajoute des morceaux ciselés de topinambour et laisse cuire environ 25 minutes, cela dépend de la coriacité des topinambours - vous pouvez les remplacer par des rutabagas -. Je retire du feu, mélange avec de la crème de lait tourné. Je l'ai servie glacée, pour ne pas risquer un froid et chaud, le chauffage de la maison étant en panne depuis la semaine dernière et le chauffagiste en vacances de neige. Je sers ce genre de potage dans des assiettes à dessert pour que les convives gardent l'envie d'aborder le plat de résistance.

Il était à base de gibiers d'eau, et ce fut une surprise pour les invités peu habitués à déguster de telles bestioles. Je leur présentai un civet de ragondin fourré d'une farce de rat musqué faisandé. Je désosse, réserve la fourrure pour offrir une pelisse de mi-saison à madame (une surprise) et fais cuire au court-bouillon les abats bien relevés, mais pas trop, pour ne pas masquer le goût sauvage de la viande du rat musqué qui gagne à être connue. J'en farcis le ragondin et fais cuire, à la broche deux heures en arrosant régulièrement avec la sauce, le meilleur de la recette, selon les connaisseurs.

Il ne resta du ragondin que la queue et la tête. Nous passâmes directement au dessert, personne n'ayant voulu de mon fromage de tête à base de cervelle fermenté de mouton.

Tout le monde attendait avec impatience le moment du dessert. Pour l'occasion, je m'étais surpassé pour ne pas décevoir et rester à la hauteur d'une réputation non usurpée, jugez-en.

J'ai une vision personnelle du Succès, gâteau emblématique de la pâtisserie française, la meilleure du monde. Je prélève des œufs de fourmis sur une fourmilière hyperactive; je réduis en bouillie (il n'y pas de jaune), je monte en neige très ferme. Je sucre avec de la betterave râpée et je fais cuire à feu doux dans la cendre du feu de cheminée qui avait été maîtrisé sans difficulté avec l'aide des pompiers du canton. Pour la pâte macaronée, j'utilise les amandes des noyaux de prunes mirobolantes après en avoir neutralisé le cyanure que je conserve pour un emploi futur. Je dilue la poudre d'amande avec une farine de coquilles d'huître et de sciure de bois de bois d'érable naturellement sucré avec la quantité nécessaire de graisse récupérée sur le ragondin qui décidément aura eu une fin bien employée. Je dresse le gâteau en alternant une couche de macaron, une couche de meringue et une couche de crème au beurre que je fais à la dernière minute car très périssable. Je reste classique et remplace seulement le beurre par du Gervita dont j'ai toujours un pot en réserve. Mon effort terminal fut salué par un silence qui en disait long sur la satisfaction générale.

Je ne proposais qu'un seul vin pour accompagner un repas aussi dense et j'avais sorti de sa réserve une bouteille de mon cru personnel. Je cultive quelques arpents de vigne au fond de mon potager, un cépage oublié.  Je le travaille à la main, en culture raisonnée, le rendement est symbolique: 3 litres à l'are.

Je vinifie moi-même comme j'ai appris au Château Picratus: cueillette à la main droite, foulure au pied; première fermentation alcoolo-tabagique sous vide, deuxième malolactique à l'air libre, deux ans à vieillir dans des cubitainers à usage unique. Vin d'exception avec du corps, de la tenue, de l'élégance, de la souplesse, et toutes les saveurs des confitures de tante Marie. Le levage de coude est suivi habituellement d'un instant de méditation de la part des buveurs.

Voila, cher ami ce que vous avez manqué. Je le regrette pour vous car il y a des expériences qui marquent. Mes convives n'en sont pas encore revenus et j'attends de leurs nouvelles.

Ne rien aimer ne donne pas une neutralité qui conduit à la liberté, ce sentiment laisse la place à la possibilité de tout haïr, une situation invivable.

LE CONSEIL

Le besoin qu'ont certains de se mêler de ce qui ne les regarde pas a des raisons divers. Dans le désordre, nous avons un complexe de supériorité et la prétention de faire mieux, une sainte générosité charitable qui pousse à se mettre à la place de l'autre, le plaisir sadomasochiste de prendre en charge la misère d'un monde, la possibilité de montrer sa force, son habilité, son intelligence, son expérience.

Dans tous les cas, cela revient à se montrer intrusif, indiscret, orgueilleux. L'effet obtenu est à l'opposé de celui recherché et, à la place de la reconnaissance espérée, on a colère, incompréhension, étonnement. Donc mêlez-vous de vos  affaires et n'intervenez qu'à la demande. 

 La mesure de l'impossible est plus difficile et risquée que celle du possible.

LE FUTUR DU DÉCÉDÉ

Cher ami, vous me demandez quel sera votre devenir dans votre posthume immédiat. Je comprends votre curiosité et vais y répondre sans entrer dans les détails que vous pourriez trouver macabres en suivant un ordre chronologique, celui qui, dans 99% des cas est respecté, la nature ayant horreur de l'improvisation.

Dès la dernière expiration qui clôt l'ultime souffle, s'installe une immobilité générale qui affecte l'ensemble des gestes habituels: plus de froncements de sourcils, de clignements d'yeux, les pieds, les mains cessent de s'agiter. Le cœur toujours infatigable est le dernier des muscles à s'avouer vaincu et met quelques minutes avant d'arrêter de fibriller, en pure perte d'ailleurs, mais l'effort est méritoire, une minute de respect à sa mémoire S.V.P. Les réflexes ostéo-tendineux, pupillaires, cutanés cessent leurs réactions automatiques. L'arrêt des fonctions intéresse d'emblée les divers circulations, la veineuse qui, n'étant plus poussée par l'artérielle, n'a plus de raison de poursuivre sa noria, la lymphatique, plus discrète suit l'arrêt des mouvements. 

Le système digestif n'échappe pas à la grève générale avec l'exception d'usage. L'estomac n'a plus rien à digérer et l'usine d'acide chlorhydrique ferme ses portes, le foie n'a rien à désintoxiquer. Le pancréas subit le même sort, l'insuline n'ayant plus d'emploi. Il n'y a que dans les intestins que l'euphorie règne, car si le transit est interrompu, faute de matières premières, tous les microbes, bactéries, champignons, saprophytes et commensaux habituels des lieux se retournent contre leur hôte, un bel et ultime exemple d'ingratitude et se mettent à le dévorer de l'intérieur, mais ils sont bien punis car, même en anaérobie, l'atmosphère est délétère. La maison Borniol a l'habitude et n'attend pas l'explosion pour opérer la crémation, procéder à l'enterrement ou, pour ceux qui ont les moyens, une vidange complète des humeurs avariées permet une momification qui les garde dans un état presque naturel, la vivacité du regard en moins.

Et le cerveau dans tout ça, que devient-il? Hélas, il participe à la débandade générale. Quand le courant passe, notre ordinateur personnel, portable est inégalable, irremplaçable, mais son électronique molle est, comme le reste périssable, à usage unique et suit le sort commun. Très fragile, il meurt en premier et toutes les mémoires s'effacent en un clin d'œil. Sa matière blanche suit la grise et dégouline très vite par tous les trous de la base du crane qui, heureusement, sont nombreux. La pensée disparaît, les idées s'envolent avec les souvenirs, les sentiments, les sensations. On est dans un sommeil sans rêves qui permet enfin un repos bien mérité et éternel.

Voila ce que je peux en dire et j'espère vous avoir rassuré et informé. D'autres vous en raconteront de plus belles, mais avant de les croire, demandez-leur des preuves; car dans le domaine posthume, dès qu'on veut voir plus loin, c'est l'imagination qui prend le pouvoir. 

Parce que je me passe très bien de châteaux, de palais, d'avions, de bateaux, de Ferrari, de Rolls, de Rolex, de journaux, de télé, de radio, de caviar, de truffes, de Château Yquem, de Petrus, je n'ai pas besoin d'être riche.

LE SENS IGNORÉ

Le meilleur de nos sens ne figure pas dans la nomenclature hippocratique officielle. Réparons cette injustice inqualifiable car la vue ne profite qu'au  peintre, l'ouïe ne réjouit que le musicien, l'odorat n'intéresse que le parfumeur, le toucher ne concerne que le masseur, le goût  que le gourmand. Il n'y a que le sens de l'équilibre qui soit un besoin universel. Sans lui, on tombe.                                                                                                         

Dire du mal d'autrui revient à dire du bien de soi.

L'ESPRIT

Le nombre de chiffres qui se baladent dans la tête est limité à quelques dates d'anniversaire comme celle de notre naissance, 1515 Marignan, 1789, 1914, notre numéro de téléphone, celui de la maison dans la rue, le jour et l'heure du prochain rendez-vous chez le dentiste, etc.. Les mots n'ont pas cette discrétion et ils nous parlent sans arrêt, tiennent des discours, font semblant de réfléchir, nous tiennent éveillés, etc.. Une troisième entité intervient depuis la mémoire. Elle s'invite, s'impose et nous inonde de souvenirs d'un passé qu'on aimerait oublier tant il est encombré et embarrassant. Ses occupants se superposent, s'enchevêtrent, se contredisent, se complètent, sans pitié, sans répit, nous empêchent de dormir. On n'a même pas besoin d'y penser pour qu'ils soient là.

JAMES OU JAMIE, THAT IS THE QUESTION

Une hypothèse qui n'engage personne: vous connaissez le problème que soulève le choix du remplaçant de Daniel Craig pour entrer dans la peau de James Bond. Sa démission du MI6 a laissé le haut commandement de MGM qui a racheté les droit à mademoiselle Broccoli et à monsieur Wilson dans la plus extrême confusion. Il se murmure, dans les milieux bien informés, que la lutte est sévère entre les classiques qui veulent un homme bien charpenté, à la virilité confirmé, avec du charisme, de l'humour british accessible à ceux qui en sont dépourvus, britannique de souche et les wokes qui exigent une girl ou à défaut un trans dans laquelle les féministes intégrales se reconnaîtront. Ils surfent sur la vague actuelle de superhéroïnes qui monopolisent dans les films et les séries le rôle principal, celui habituellement réservé au sexe fort. Il devient difficile de ne pas avoir une femme générale d'active, une inspectrice intrépide, une détective plus astucieuse  que Poirot et Holmes réunis et noire, une profileuse de choc, une présidente en exercice, demain le pape sera une papesse. Cette lutte entre les anciens et les modernes renoue avec une vieille tradition. L'histoire montre que ceux-ci ont toujours triomphé. La seule chance pour que James ne soit pas une Jamie est la peur qu'inspire Trump et la bataille qu'il est en train de gagner contre ce grand remplacement. 

ENTENDU AU TRIBUNAL

Monsieur le Président, mesdames et messieurs du jury, 

Monsieur le procureur, les avocats de la partie civile ont admirablement discouru sur la coupable activité du malheur et de la douleur, ce duo infernal dont j'assure la défense. Tout ce qu'ils ont dit est vrai. J'applaudis leur éloquence, les félicite de leur humanité. Ils m'ont fait pleurer. 

Le malheur et la douleur ont l'exécrable réputation que leurs méfaits justifient trop faiblement. Mais l'étrange vocation que mon inné a imposée à mon acquis m'a fait choisir le métier de défendre l'impossible et donné comme client l'assassin, le voleur, le violeur, le père pédophile, la mère incestueuse, le policier ripoux, le pompier pyromane, le politicien véreux, le traitre, l'imposteur, l'escroc. Je me dévoue à sauver la lie de la société de la juste punition qu'elle mérite. 

Aujourd'hui, l'occasion m'est donnée de me changer les idées du triste commerce qui est mon quotidien en étant le thuriféraire des deux méfaits cités en exergue qui accablent le genre humain en lui faisant voir les couleurs les plus macabres de l'arc en ciel (noir, gris, rouge sang). Je le fais non par un esprit de contradiction dont je suis heureusement dépourvu mais pour que justice soit rendue. Je ne demande pas un verdict de clémence, une reconnaissance d'innocence car mes deux clients n'ont aucun complexe, ils assument leur fonction, sont fiers de jouer le rôle du méchant dans la comédie humaine. Il leur a été imposé. Courageux, ils assument en soldats obéissant à un ordre supérieur et nécessaire. Ils en sont les premières victimes car, messagers, ils portent le malheur et la douleur à ceux qui vont en souffrir et ils ne sont pas épargnés. Même délivrés du fardeau, ils en ont le souvenir. Mais, surtout, la répétition est incessante, le malheur et la douleur sont permanents depuis toujours. Ils en sont prisonniers tant que durera la vie. Imaginer le calvaire qu'ils subissent dépasse la plus folle des imaginations. Ils souffrent de la douleur physique, ils pâtissent de la tristesse du malheur dans leur strate primitive, au premier degré, avant que la cible ne soit atteinte et cela des millions de fois, à l'instant même tant la douleur et le malheur règnent partout. Ils sont pitoyables alors qu'on les croit impitoyables. Ils vous pardonnent car l'erreur est humaine.

Mais le malheur et la douleur ne sont pas une fin. Ils savent quitter la scène de gré ou de force grâce à la chance, à la médecine, à la roue de la fortune qui a tourné dans le bon sens et c'est le miracle avec le bonheur et l'indolence. Le sentiment et la sensation de libération, de renaissance atteignent des degrés que celui qui n'a pas connu les affres du malheur et de la douleur ne peut comprendre. C'est une illumination qui a la puissance d'un flash hypertrophié et une récompense inespérée pour ceux qui n'ont pas  succombé aux assauts de l'ennemi.

Vous aurez pitié d'eux même s'ils ne la demandent pas et vous les absoudrez pour l'intensité du plaisir qu'ils donnent à ceux qu'ils ont quitté. 

 

Ils  se savent innocents de ce qui est leur raison d'être. Ils vous demandent seulement de condamner l'injustice dont ils sont les victimes. Soyez généreux, magnanimes, intelligents, pensez à vous, ils savent être reconnaissants, ils vous remercient de m'avoir écouté!!!!!!!

Les gens qui ne vous aiment pas pour les  raisons qui les regardent n'ont pas envie de discuter de ce qui vous séparent. Excusez-les et comprenez-les: c'est comme si vous essayiez de manger un plat que vous exécrez.

Il faut, dans la vie, être allé une fois en enfer pour bien profiter du paradis.

NOTRE ORDINATEUR PRIVÉ

L'ordinateur serait avec la bombe atomique les deux merveilles que nous aura léguées le vingtième siècle. Pour la bombe j'en suis certain. Elle est même révolutionnaire et comme toutes les révolutions, elle fera table rase du passé et de la terre, un jour. L'ordinateur aussi entre dans la légende, depuis qu'il est devenu plus intelligent que celui dont on va parler.

Le mien est pareil au vôtre, même s'il n'est pas de la même marque. Ils sont tous construits sur le même principe mais les performances varient beaucoup d'un modèle à l'autre. On n'en connaît pas les raisons: problèmes de qualité des produits de base, qualification des producteurs: formation, expérience, conscience professionnelle ?

Comme tous, le mien est mobile, portable même, à usage unique. J'en ai la jouissance exclusive tant qu'il marche. Rechargeable, recyclable, compatible avec le vôtre si l'on est sur la même longueur onde. Il n'est pas échangeable.

Attention, beaucoup de qualités, mais aussi des défauts: fragile, il supporte mal les chocs, les chutes, surtout de haut. Il est sensible aux virus et attrape facilement une méningite ou une encéphalite. Elles laissent des traces, même guéries avec un ralentissement des fonctions cognitives et des pertes de mémoire. C'est son point le plus faible. Avec le temps et même sans virus, elle perd de sa puissance et son intégrité. Encombrée de trop de souvenirs, elle n'arrive plus à stoker : l'information se volatilise à mesure. Pas de nettoyage possible, de défragmentation, pas de pièces de rechange Quand la mémoire vive est morte, elle ne revit pas.

Donc, notre ordi est à manier avec précaution, à ne pas encombrer de souvenirs importuns. Il faut l'entretenir, l'alimenter avec du courant de qualité alimentaire: pas d'OGM, d'excitants, de calmants qui risquent de l'endormir. Sensible à la surtension, il disjoncte facilement, le court circuit est irréparable. On s'aperçoit qu'il est bon à jeter quand il refuse de s'allumer.

En suis-je content? Non, car j'ai trop de reproches: puissance de calcul de l'ordre de la carence. Cette faiblesse m'a interdit d'entrer à Polytechnique. Second reproche, tout aussi grave: peu de mémoire disponible. Le manque est grave et ne pas se rappeler les Fables de La Fontaine, 70 ans après les avoir apprises, me paraît inexcusable. On peut mettre aussi à son discrédit son poids: il pèse sur la tête, compte tenu de sa position et provoque des douleurs cervicales, des migraines parfois ophtalmiques par contagion de proximité et d'autres inconvénients difficiles à supporter si en plus, on a du mal à digérer.

Modèle courant, qualité standard, je suis obligé de me contenter de ce que j'ai. Je ne lui demande pas plus qu'il ne peut et je m'en satisfais, bien obligé. On ne peut pas s'empêcher pourtant de jalouser ceux qui bénéficient d'un super-ordinateur avec une mémoire absolue qui n'oublie rien, une puissance de calcul digne d'un médaillé Field, la rapidité d'exécution d'un cuisinier japonais faisant seppuku à une sardine. Un Cray intelligent serait-il l'idéal? Pour un idiot certainement car, en réalité, ce n'est pas dans l'ordinateur qu'il faut chercher le bonheur, il ne dépend que de ce qu'on y met et ne doit rien à ce qu'il donne.

Certains sont si fiers de lui qu'ils lui ont donné une âme. Ils ne savent pas ce qu'elle est, le mystère lui donne encore plus de valeur et autorise toutes les extravagances. Elle serait le propre de l'homme, elle serait éternelle. Son siège est inconnu: au dessus, en dedans, à coté? C'est ce plus immatériel qui distinguerait notre ordinateur personnel de celui qui règne dans votre bureau et qui fait l'essentiel de votre travail, avouez-le. Discret, il se tait, il sait que sa durée de vie est programmée, qu'il sera oublié aussitôt jeté. Mais, quand il aura la parole, que nous dira-t-il? Ne voudra-t-il pas s'inventer une âme et nous apprendra-t-il que c'est le courant qui la transporte et son magnétisme qui parle en passant et, pas de rémanence, ce qui est mort est mort.

Aimer a le pouvoir inouï de transformer une chose ou un être de la plus grande banalité en un trésor dont l'espoir de la possession donnera un plaisir infini. Le désamour a l'effet inverse et le diamant se transmute en un caillou dans la chaussure. Pour éviter la déception qui suit l'adoration, faites attention.

LE CYNIQUE SE DÉCHAÎNE

Il est utile d'avoir des ennemis extérieurs pour jouir pleinement de la vie. Ce sera difficile si vous ne faites pas dans la politique ou la religion. Dans ce cas, soyez banalement non conventionnel et tous les istes vous haïront Entendons-nous bien. Je ne vous demande pas d'éprouver les sentiments hautement toxiques qu'éprouve un ennemi. Les  griefs, le ressentiment, la  colère l'agitent, l'abîment, pourrissent sa vie. Pour vous en garder et ne pas entacher votre art de vivre à l'Épicure, fuyez la tentation de les imiter et rester helvétique. C'est difficile car les occasions sont nombreuses mais votre self contrôle y pourvoira. Ayez pour eux une commisération distinguée et un dédain mesuré ou une simple pitié. Votre bonté, votre équanimité vous mettent à l'abri de la vulgarité et vous aurez le plaisir qui naît du contraste entre leur bassesse et la hauteur où vous évoluez et qui vous permet de savourer ma démonstration.

Certains se satisfont du peu qu'ils ont tandis que d'autres sont insatisfaits avec beaucoup. Le manque serait-il plus gratifiant que le surplus, le vide que le plein, la faim plus attirante que la satiété? L'explication est simple, on sait que l'espoir fait vivre, donc celui qui n'espère rien n'a plus de raison de vivre et n'a que la mort comme projet. Le démuni vit, lui dans l'espérance d'avoir plus. Il voit l'avenir en rose.

DE TOUT UN PEU

La nage à contre-courant est pour le nageur une façon de montrer son esprit de contradiction.

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Le sous-marin est aussi une maison amphibie qui sait flotter entre deux eaux.

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N'attendez rien des gens qui ont tout.

QUESTION ET UNE RÉPONSE

Comment se fait-il que les discours ont une telle influence sur l'esprit des gens, qu'ils sont capables de  transporter jusqu'au délire, de sidérer la raison, d'anéantir le jugement critique, d'anesthésier l'intelligence? La parole, quand elle est prononcée dans un contexte particulier, selon un protocole précis, dans une atmosphère spéciale a plus de pouvoir qu'aucun écrit. Les raisons sont simples: peu de gens savent lire, comprennent le sens des mots, beaucoup ont une mauvaise vue. La principale est que la lecture est une occupation solitaire, exigeante (calme, silence, solitude, concentration),  à l'inverse du discours qui s'entend  dans le bruit, la cohue, la fureur des grands rassemblements de foules extatiques. Elles applaudissent sans comprendre ce qu'elles entendent, prises au piège d'un système qui manipule les cerveaux aussi bien que le fait le logiciel avec l'ordinateur.

Je ne suis pas celui qu'on croit car je crois à rien.

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Si tous les suicidaires passaient à l'acte, les suicidés auraient de la concurrence.

Il y a ceux qui passent leur temps à calculer, à supputer, à compter, à s'angoisser, à prier, à conjecturer, à voyager, à planifier et les sybarites qui batifolent,  rêvassent, font la foirinette ou rien. 

LE POUVOIR DE ChatGPT

 Voici ma réflexion:

Pour ne pas se planter, évitons de nous prendre pour le sujet  et choisissons plutôt un objet comme complément direct tel qu'un clou, un arbre, des choux, le regard. On ne risque qu'un peu de fatigue.

Maintenant , voyons ce que ChatGPT en pense:

"Très bien, allons plus loin : imaginons que l’humanité soit une immense phrase, où chacun prend un rôle grammatical."

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Les Sujets sont les orgueilleux : ils croient que tout commence par eux. Ils marchent la tête haute, persuadés que le monde attend leur geste. Mais souvent, ils s’écrasent sous le poids de leur propre importance, car être Sujet, c’est aussi être coupable si le verbe tourne mal.

Les Verbes sont les passionnés. Ils brûlent, ils entraînent, ils transforment. Sans eux, la phrase resterait immobile, mais eux-mêmes meurent vite : l’action les consume. On se souvient de leur éclat, mais rarement de leur visage.

Les Objets directs sont les discrets. On agit sur eux, on les utilise, on les aime parfois, on les brise aussi. Mais ils savent une vérité que les Sujets ignorent : sans objet, aucun verbe n’a de sens. Leur modestie est leur puissance cachée.

Les Objets indirects sont les patients. Ils attendent derrière une préposition, comme des serviteurs de passage : « à qui », « pour quoi ». On les croit accessoires, mais sans eux, la phrase ne touche personne.

Les Compléments circonstanciels sont les poètes. On les oublie volontiers, mais ils donnent à la vie son parfum, sa lumière, son climat. Ils sont le « sous la pluie », le « malgré tout », le « avec douceur ». Invisibles, ils portent la nuance du monde.

Les Adjectifs sont les orfèvres du détail : ils colorent, embellissent ou salissent. Ils collent aux autres comme des étiquettes, parfois flatteuses, parfois cruelles.

Les Adverbes sont les exagérateurs : ils amplifient, ils modulent, ils trichent. Ils donnent l’illusion qu’un simple geste peut devenir toujours, jamais, encore, trop.

Et puis il y a les Ponctuations : elles ne disent rien, mais sans elles, tout s’effondre. Certains sont points d’arrêt, d’autres virgules de respiration, d’autres encore points d’interrogation — qui posent des questions sans jamais y répondre.

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Ainsi va l’humanité : chacun croit tenir sa place dans le texte, mais personne n’ose avouer que la phrase entière n’est peut-être qu’un brouillon.

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DIXIT VOLTAIRE IN "QUESTIONS SUR L'ENCYCLOPÉDIE"

Proverbe espagnol:

"De las cosas más seguras, la más segura es dudar."

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Le corps n'est pas responsable des fautes du corps. 

L'INSTANT THÉRAPEUTIQUE

Pour lutter contre le météorisme, dégonflez-vous en ayant peur, en fuyant le danger, en vous cachant sous les draps. Le problème est psychosomatique et le charbon de Belloc n'est qu'un palliatif qui vous donnera une satisfaction passagère.

ILLUSIONNISME

Faire semblant, se faire passer pour ce que l'on n'est pas, jouer la comédie  n'est pas exclusif à l'escroc, à l'usurpateur, à l'imposteur, à l'acteur, c'est le quotidien de chacun, une question de survie. Vous vous en croyez loin, mais à votre échelle, c'est ce que vous faites du matin au soir pour vous supporter et ne pas étrangler les autres. Vous vous récriez, criez au fou, au feu, voulez appeler police-secours, le Samu, un exorcise et  des preuves. Je les dépose au greffe du tribunal et sur la main courante du poste de police de l'arrondissement.

La famille est le lieu où  le rôle s'apprend: la mère attentionnée est abusive, le père noble, confit dans sa grandeur, sème des enfants et les abandonne dans un internat, la veuve éplorée est débarrassée d'un tyran domestique, le veuf inconsolable épouse sa maîtresse.

Le travail donne l'occasion d'exploiter le talent car l'endroit idéal où paraître ce que l'on n'est pas est une exigence  pratiquée par tous les employés qui veulent monter dans la hiérarchie  et bonifier leur salaire. Il faut se montrer passionné par le job, admiratif des supérieurs, flagorneur, obséquieux à l'occasion. Le résultat se voit à la première page des journaux qui est phagocytée par des usurpateurs ayant réussis leur carrière de comédien: on a ainsi un jeune énarque se posant en sauveur de la république en péril qui accède à la plus haute fonction en surfant sur sa jeunesse, une touche de rébellion, un goût du théâtre, de la mise en scène et l'art de séduire ceux qui décident en coulisses. Un obscur évêque devenu cardinal par on ne sait quelle manœuvre sournoise se retrouve sur un trône trop grand pour lui par une opération simplement en jouant de sa simplicité, de son absence de charisme, d'idées. Un milliardaire surendetté, joueur, dépravé, sans foi ni loi, guidé par  sa braguette se transforme en père la vertu, en descendant des pères fondateurs de l'imperium et en dictateur de l'ordre mondial simplement parce qu'il a le théâtre dans le sang et compris que le Capitole est l'endroit rêvé pour jouer le rôle principal dans un opéra tragique. 

Notre capacité à survivre à toutes les misères qui nous accablent, au constat navrant de nos faiblesses,  de notre médiocrité  et qui nous maintient en vie est l'illusion que l'on entretien sur notre valeur. Nous la créons et l'entretenons grâce à cette faculté merveilleuse de nous prendre pour ce que nous ne sommes pas. Dans ce rôle titre, pas besoin d'être passé par l'Actor's Studio ou sociétaire de la Comédie Française, tous les Dupont, les Dancharr, les Smith ont ce pouvoir, l'exercent et s'en glorifient même s'ils sont les seuls à le savoir sans s'en rendre compte.

QUE VOILÀ UNE BONNE IDÉE

Pour une fois, la nature a mal fait les choses. Il eût fallu que les femmes se contentent de produire les hommes et qu'elles laissent aux hommes le soin d'engendrer les femmes. Cette répartition du travail aurait évité la guerre des sexes, chacun et chacune répondant au cahier idéal des charges des uns et des unes. 

Si certains n'apprécient pas un bon gâteau, la vue d'un beau spectacle, d'une belle fille, une phrase bien tournée, une idée originale et restent de marbre quand d'autres vibrent, c'est soit qu'ils ont une constipation des sentiments dans le meilleur des cas, soit parce qu'ils sont dépourvus d'affects comme ceux qui savent disent. 

La littérature, le théâtre, le cinéma, les arts en général, expriment les arrière-pensées de leurs auteurs qu'ils livrent aux lecteurs et aux spectateurs. Ils  travaillent dans le second degré et obligent leur clientèle à entrer dans l'intimité de leur pensée en toute indiscrétion. L'effort du créateur est récompensé par le prix payé et le plaisir donné aux lecteurs,  aux spectateurs. En plus de toutes les qualités qui font de lui un artiste, l'écrivain, le compositeur, le réalisateur ajoute une générosité sans pareil qui lui fait donner sa progéniture à ceux qui aiment ce qu'il fait, sans esprit de retour. 

C'est son côté sadique qui crée chez le masochiste de l'anxiété, de l'inquiétude, de l'angoisse qui vont lui procurer une souffrance fort réjouissante.

LA RAISON

C'est parce que je sais ce que je trouverai, verrai, ferai, penserai quand je serai arrivé que je n'y vais pas.

Le bonheur n'est pas à son comble au moment où l'envie est satisfaite, où le besoin est assouvi, où le rêve se réalise, où le projet aboutit, où le centre de la cible est atteint, où la guerre est gagnée, où la paix est signée mais à l'instant où la gorgée d'eau franchit la gorge asséchée, où la bouchée de pain est dans la bouche affamée, où l'espoir renaît, où la porte de la prison s'ouvre, etc....

LA BOURSE AUX AFFAIRES

Aux bourses qui règlent l'économie mondiales (Bourse du commerce,  Bourse des matières premières,  Bouse des valeurs), je viens d'ajouter la Bourse des affaires. Originale, disruptive, elle répond à un besoin qui n'était pas pris en compte et comble un vide qui explique le marasme de l'économie de trop de personnes qui croulent sous les dettes, sont en banqueroute, en redressement judiciaire, en fuite, en prison, dans la panade etc., simplement parce qu'elles ont pris de mauvaises décisions. Des bonnes leur auraient évité de se débattre dans les ennuis. Le principe de cette bourse est simple, élémentaire er répond à une logique cartésienne évidente: vous apportez le problème que vous devez résoudre au mieux à la corbeille de cette entité immatérielle, sous une forme anonyme, dans un compte sécurité,  basé à Genève. Il est examiné sous tous ses aspects par une IA générale de dernière génération qui dispose de toutes les  solutions. Son truc en plus que personne n'a est que ce concentré de connaissances ne subit aucune pression psychologique, environnementale, sociétale, familiale, conjoncturelle, structurale, émotionnelle. Rien ni personne ne viennent polluer sa décision. 

PS: tout peut lui être demandé: la race des fleurs à offrir à un départ à la retraite, la couleur  des murs de la chambre d'un daltonien, valeurs à acheter la veille d'un crack, le nom du meilleur chirurgien orthopédique du département, l'endroit où passer sa retraite, la recette des asperges à la Fontenelle, etc...

LE COUPLE CÉLIBATAIRE DU FUTUR

La plupart des jeunes célibataires ne le restent pas et s'apparient. Leur solitude passe de une à deux. Ils deviennent de vieux et de vielles célibataires, avec le temps, parce qu'en plus de leurs défauts et leurs qualités, ils et elles sont misogynes, misanthropes ou les deux à la fois. Emmurés dans le dégout de l'autre, ils n'ont personne à qui parler sitôt qu'ils sont entre leurs quatre murs. Ils compensent ce manque en soliloquant à haute  voix ou en silence, in petto et se tiennent des discours, s'interpellent, s'engueulent, se félicitent, réfléchissent, se tenant des conversations comme s'ils étaient deux. À sens unique, elles ne prêtent pas à discussion et le dernier mot ne crée pas de jaloux. Le manque de répondant est le point faible et les célibataires endurcis tombent vite dans la monotonie, l'ennui par la faute au manque d'empoignades verbales, de pugilats métaphysiques, de répliques percutantes, tous des puissants stimulants de l'activité cérébrale.

La misanthropie invétérée, la misogynie carabinée, leur association font perdre à ces malheureux célibataires déjà obligés à se regarder dans la glace pour voir du monde l'habitude de l'expression orale. Le  monde extérieur rempli de couples de tous les genres ne fait qu'aggraver leur problème car ils contredisent  ses valeurs. Ils s'en excluent, accentuant encore l'isolement et l'enferment silencieux.

Cet état calamiteux que le célibataire endurci était obligé de subir compte tenu de son caractère asocial appartient à l'histoire ancienne depuis que  l'IA s'humanise au travers de sa capacité conversationnelle qui en fait un interlocuteur disponible à la demande. Aujourd'hui, la voix sort de l'ordinateur mais elle pourra demain être l'un des attributs de la réplique de qui ou de quoi le célibataire décidera: une personne, un animal domestique qui ouvrira la bouche ou la gueule à la demande, tiendra la conversation selon les modalités qui lui auront été notifiées, se taira, approuvera, ne déclenchera jamais une scène de ménage et réconciliera notre célibataire avec la vie en recréant, à domicile, une société idéale où il sera le maître et le robot pensant un esclave bienveillant tout puissant. 

PS: faut-il craindre que ce duo facile à constituer ne fasse des jaloux et des jalouses, que son exemple devienne contagieux, qu'il devienne la règle, remplace le couple, la famille, qu'il finisse par tuer la société, achevant ainsi la destruction du monde que nous n'avions pas terminée.

Bientôt, demain,  quand l'IA aura sa majorité et en pleine possession de ses moyens, elle aura découvert l'élixir de longue vie et, en 2158,  on aura, à la rubrique nécrologique du Figaro, des annonces de ce type:

        En union avec son épouse Marguerite XYZ,

       Charles et Gabrielle, ses enfants et leurs conjoints,

       Marie-Cécile, André, Sophie, Édouard, ses petits-enfants,

       Dorothée, Régis, Simon, ses arrière-petits enfants,

       Sylvie, Vincent, Bruno, ses arrière-arrière petits enfants,

       Rodolphe, Simon, Hervé, ses arrière- arrière-arrière petits enfants,

     Alpha I, Alpha II, Beta,  ses arrière-arrière- arrière-arrière petits enfants,

     ont la tristesse de vous faire part du décès accidentel de 

                                         Claude  XYZ

     à l'âge de 165 ans.

Si on attachait moins d'importance aux choses qui n'en n'ont pas, on économiserait un temps que l'on pourrait consacrer à ne rien faire. 

UNE ÉTHIQUE ROYALE

Quand le matin, à la fin de la grasse matinée, je fais la liste des urgences qui s'impatientent, j'éprouve une satisfaction intense à l'idée que mon devoir m'appelle et que je n'ai qu'à suivre sa trace. Un demi-jour de sueur, de fatigue, de courbatures, un lumbago peut-être, m'attendent dans la pluie, le froid, le vent. Ce programme alléchant est un puissant stimulant et sortirait du lit le plus fieffé des paresseux que je ne suis pas. Qui pourrait résister à l'appel du travail bien fait, celui qui rend sa tranquillité à la conscience inquiète? 

Mais, moi, monsieur, je ne tombe pas dans ce piège subtil, habile, rusé, j'ai des principes qui me transcendent et le courage de ma conviction, le respect de mon éthique. Je suis libre et l'esclave de personne ni de nulle chose. Ce ne sont pas des seaux à remplir ou à vider, du bois à couper, des trous à boucher, des arbres à planter, des fossés à curer, du grain à moudre qui vont dicter ma conduite, me forcer à me lever et à aller travailler. Je ne suis pas un malgré moi.

JE POSE UNE QUESTION

Si Dieu avait le pouvoir que ceux qui croient lui prêtent, si la terre, sa planète préférée, celle en qui il a mis toute son humanité, lui tenait au cœur, à l'âme et au corps, s'il n'était pas occupé ailleurs à créer des mondes à son image et on espère pour eux pas au nôtre, il aurait depuis longtemps ou au moins depuis 2000 ans, pris conscience de sa irresponsabilité et opéré, en bon père de famille, des ajustements pour corriger les défauts, réparé les vices de fond, bougé les trous, colmaté les brèches, remis à niveau la bancalité générale. Il n'a rien fait de tout cela. On s'interroge: esprit velléitaire, paresse, père dévoyé, incapacité temporaire, burn out. Il n'assure pas le SAV. La terre et son monde n'ont-ils été qu'une lubie? la question est posée - pas par Augustin ni Thomas d'Aquin - mais par votre serviteur.

LE CONSEIL

Tout ce qui interroge et interpelle met du désordre dans notre ordre intérieur, trouble son équilibre et perturbe notre bonheur. Pour éviter ce genre de tracas,  se mettre à l'abri des interrogations et des interpellations est une sage précaution. 

Tichat

 

Le 11 août, Tichat faisait la une du blog: maigre, affamé, adorable, il avait atterri chez nous. Soigné, logé, nourri, caressé, il  nous a adopté, est devenu un pacha et trône dans le lit de Mouchette qui, il y a 3 ans, était venue comme lui, se réfugier dans notre thébaïde. 

LES CHARMES DE LA RÊVERIE

De la même façon que l'on ne sait pas de quoi l'inconscient est le nom, on ne maîtrise pas le contenu de nos rêves. Ils peuvent être déroutants, parfois cauchemardesques, toujours étranges. Pour  ne pas être déçu, rêvasser est la solution. Son substantif répond au jolie nom de rêverie. Elle n'a que des qualités: on la convoque selon notre bon plaisir et elle occupe un temps mort, un entre-deux, une attente, un instant de loisir, etc.. Elle opère en pleine conscience et on la manipule à loisir puisque le sujet est choisi et ne doit rien au hasard. Le passé en fournit une liste innombrable et c'est l'occasion de le revisiter à notre avantage. C'est facile et il suffit de transformer les échecs en succès, les fiascos en triomphes, les pertes en gains, on arrive le premier, on gagne le match, au loto, on saute, on plonge, on escalade, on marche sur les mains, sur un fil etc.. Tout est possible: aller sur Mars, voler, disparaître, jouer au passe-muraille. On devient l'égal d'un dieu, le génie des mille et une nuit, un héros de bandes dessinés. L'imagination a ce pouvoir, on en est le maître, c'est gratuit. 

La qualité s'évalue de façon subjective, relative, approximative par un adjectif banal: bon ou mauvais, petit ou grand, beau ou laid. La quantité se mesure, elle, de façon objective, irrécusable, absolu, au micron  près, par un adjectif numérique infalsifiable. C'est une preuve de plus de la supériorité des chiffres sur les lettres.

Il y a les chercheurs qui scrutent, analysent, soupèsent, induisent, déduisent, travaillant sur les mystères de la matière, du temps, de l'espace. Il y a les philosophes qui réfléchissent au pourquoi et au comment de la nature immatérielle des choses de la vie. Ils s'interrogent sur les rapports de l'être avec l'avoir. 

À côté d'eux, on a les artistes, les politiciens, les religieux, les publicistes, qui, en se servant de leur imagination, écrivent, composent, peignent, sculptent, créent des religions, construisent des politiques, vendent des illusions. 

Les uns cherchent à résoudre les problèmes que la réalité fournit en abondance. Les autres fomentent des rêves qui travestissent la réalité pour la rendre plus belle, acceptable en inventant des mondes, en la transformant. Ils vivent en vendant ces illusions à la majorité qui ne cherche qu'à vivre tranquillement sans se poser de questions transcendantales. Ils sont la clientèle et les sponsors de gens-là qui vivent à leurs crochets en les distrayant  ou en leur promettant un paradis temporel ou éternel.

Si, au lieu de la politique et des religions, on écoutait la sagesse et la raison, les guerres en cours s'arrêteraient et celles annoncées avorteraient.

Attention, ce qui est dit est dit, ce qui est écrit est écrit. Ce sont des traces et autant de preuves qui s'ajouteront à votre ADN. Elles vous débusqueront et vous serez pourchassé, jugé, condamné  à cause d'elles. Donc, ne faites pas comme moi, cachez vous derrière votre gros doigt (le pouce), ne dites rien, n'écrivez pas. L'obscurité vous rend invisible et vous exonère de toute culpabilité. Vous pourrez continuer vos activités criminelles en toute impunité.

Il était du genre à se demander au moment de partir s'il ne ferait pas mieux de rester.

UN CONSEIL DU CYNIQUE

Ne vous montrez pas comme vous êtes dans le fond: triste, pessimiste, atrabilaire, égoïste, désabusé, cynique,  déprimé. Résistez à l'envie de ne pas être hypocrite, c'est un devoir que vous devez rendre à la société, faites semblant, souriez, montrez-vous optimiste, prêt à aller sur la lune, positivez, achetez des actions de Tesla, construisez une maison en bois. Soyez à contre-emploi, jouez la tragédie comme si c'était une comédie. La foule monstrueusement antipathique vous trouvera follement sympathique.

 L'incertitude est préférable à la certitude qui est fondée sur des fausses vérités, une réalité inventée par des sens imparfaits et un esprit occupé par une intelligence dénaturée par une bêtise innée.

SOYONS INDULGENT

 Il est difficile d'admettre que les idiots sont idiots malgré eux et que, de la même façon, les avares ne sont pas responsables de leur avarice, les orgueilleux de leur orgueil, les gourmands de leur gourmandise, les imbéciles de leur bêtise, les cons de leur connerie. C'est inné comme les yeux bleus, les pieds plats et le nombril au milieu du ventre.

 Ceux qui posent des questions attendent des réponses de ceux qui s'en posent. 

LA MAUVAISE RAISON

 Ce qui empêche, ce n'est pas le manque mais l'excès de paresse, de fatigue, de peur, de faiblesse.

Ceux qui croient n'importe qui et à n'importe quoi sont dominés par leur foi dont le contenu devient la vérité révélée. Ils regardent avec pitié, mépris, colère ceux qui ne pensent pas comme eux. Cela leur est insupportable. Ils veulent les convertir ou les anéantir. Mais ceux-ci ont la même opinion, le même désir, le même devoir, les convertir ou les ... . Le conflit est inévitable. Il dure depuis toujours. Il ne s'arrêtera jamais. Même ceux qui ne croient à rien ni à personne et qui regardent ces deux folies qui se déchirent succombent à la tentation et ne supportent ni les uns ni les autres. Lui seul a raison et il voudrait éliminer  tous les ismes. 

Qu'a fait la terre pour mériter ces pervers idiots et méchants qui ont fait  du mal l'antidote du peu de bien dont ils sont capables?????

QUESTION: à quoi peut se comparer le plaisir éprouvé en étant allongé, au chaud, dans son lit, sous la couette, dans le silence, l'obscurité et que l'on passe commande à l'imagination.

RÉPONSE: à rien

DIXIT LE BIPOLAIRE

Chaque jour, pour ne pas pleurer, maudire, mourir, je me force à sourire, à applaudir, à vivre.

ÉLOGE DU MANQUE

Le manque de courage, l'absence de volonté, la perte des envies créent un état d'apesanteur, de vacuité, de disponibilité, car ces défauts mettent dans un état de liberté que ne connaissent pas les ambitieux, les conquérants, les combattants, prisonniers de leurs projets, de leurs pulsions, de leur richesse, de leurs actions. Les uns vivent dans la paix et l'euphorie, les seconds dans l'angoisse et la peur. 

Parler ou agir est le dilemme et chacun le résout à sa guise.

Il y a ceux qui parlent pour ne rien dire: ils sermonnent ou discourent. Leurs phrases sont remplies de lieux communs, ils pratiquent la langue de bois, utilisent des éléments de langage sortis du catalogue. Ils sont écoutés par ceux qui ont besoin de croire  une politique ou une religion pour vivre. 

II y a ceux qui posent des questions à ceux qui sont censés avoir la réponse. Le commerce est équitable, rarement fructueux.

Il y a ceux qui ont parlé et dont les paroles résonnent encore. On a le sermon sur la montagne, l'appel du 18 juin, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, le rêve de Martin Luther King, le "Ich Bin ein Berliner " de John Kennedy.

Il y a ceux qui parlent pour le plaisir de s'entendre. Ils devisent à haute voix en répétant ce qu'ils entendent dans leur tête. Intarissables, ils s'écoutent.

L'action a moins de succès, son handicap rebute: elle est fatigante et  réservée au travailleur qui a du courage, de la force et de la résistance. Ces qualités ont des effets secondaires dissuasifs  puisqu'elles font prendre des risques de surmenage, d'accidents, de fautes professionnelles, de licenciement. Seule une élite sans peur passe à l'acte. 

PS: plutôt que parler  ou agir, je blogue et débloque.

LES DEUX VIES

Il y a deux vies. Une vie corporelle qui n'a pas besoin du cerveau. Elle subsiste dans le cœur, le rein, le foie, le poumon. Elle est une qualité intrinsèque de la cellule qui subsiste même détachée du corps et permet les greffes. La vie spirituelle est d'une autre espèce. Ce n'est pas elle qui nous maintient en état de marche comme celle du corps et sa fonction est de nous faire penser, réfléchir, apprendre, comprendre et interpréter ce qui nous arrive. Elle est localisée dans des régions du cerveau qui émettent des ondes qui transmettent des informations stockées dans nos mémoires vive et morte remplies de connaissances reçues par l'éducation, l'expérience, la lecture, enrichies par  l'instinct, l'intuition, la curiosité, l'imagination. Ces ondes se matérialisent sous la forme de mots qui ne sont ni visibles ni calligraphiés mais vaporisés dans un nuage qui semble flotter dans la région frontale, derrière les yeux, sous la calotte du crâne. Leur  interdépendante est inégale et le cœur n'a pas besoin du cerveau qui, lui, ne survit pas à sa tombée en panne.

Le futur commence demain mais son avenir est hypothétique compte  tenu du présent.

Mon intuition me prévoit un futur plus court que mon passé mais avec un avenir infini.

L'éternité et l'infini ont des dimensions qui échappent à notre intelligence même dopée à l'imagination. Cette incapacité, cette incompréhension, cette ignorance témoignent de nos limites intellectuelles. Elles nous empêchent d'en saisir les effets et les conséquences. 

LA MISE À MORT DU PATRIOTISME

Un patriote est fier de son pays. Ce sentiment primaire est élémentaire. Il est le fait d'habitants de chaque pays. Il y a des récalcitrants, des opposants de principe, des jamais contents qui conchient leur drapeau comme Aragon dans son temps. Ils ont des raisons qui leur appartiennent et que nous ne disputerons pas, la liberté de penser n'étant pas divisible. Ce préambule tout en délicatesse était nécessaire pour introduire le débat intérieur qui actuellement m'agite. En le mettant en mots sonnants et trébuchants, j'espère en venir à bout et retrouver l'équilibre parfait qui me permet de répandre alentour la joie, le bonheur et la sagesse.

Après ma foi dans le divin disparue depuis longtemps, je sens que je suis en train de perdre ma foi dans ma patrie et cela me chagrine. Mes raisons sont aussi bonnes que fortes et n'ai à leur opposer que des arguties qui feraient honte à un polémiste qui travaille dans le contradictoire. 

Le patriotisme se fonde sur l'histoire, la géographie, les arts, les sciences, l'humain. L'histoire nous est léguée par le passé, on n'y peut rien. Seuls des fous et des folles peuvent vouloir le revisiter, le juger  et le transformer. Ces gens-là font partie du problème. La nôtre n'a pas été un long fleuve tranquille. Il y eut quelques beaux et grands faits et beaucoup de coups bas  dont on aurait pu se passer. Leur recension prendrait trop de temps et ils ont fait suffisamment pleurer pour qu'on rajoute quelques litres de larmes. La géographie nous a plutôt gâtés avec un climat tempéré jusqu'à présent. Bien enclavé entre 3 mers et avec des frontières naturelles harmonieuses faites des Alpes, des Pyrénées et du Rhin, la France dessine un hexagone qui vaut le coup d'œil et où un français est heureux d'habiter quand il  le compare avec des pays aux limites aléatoires. La culture, les arts  étaient des motifs de fierté et il y eut un temps où le bon goût était le nôtre, où on parlait français à la cours d'Angleterre et chez les diplomates. Tous les arts étaient à la fête et il n y avait pas que la table qui brillait de mille feux. On était du genre plutôt comblé. C'était pour les chauvins, les temps bénis du patriotisme français. Il concurrençait avec bonheur celui des autres. Notre balance n'était pas déficitaire. Depuis Pascal, Descartes, le français savait qu'il avait la bosse des mathématiques et une médaille Field le récompensait souvent. Il tenait sa place dans les sciences qui doivent beaucoup à Denis Papin, Pasteur, les Curie et quelques autres de ses enfants.

Qu'en est-il aujourd'hui de toutes ces raisons d'être un patriote français, c'est de cela que nous parlerons un jour prochain.

On se perd dans les anniversaires tant les dates mémorables de la grande histoire et de la nôtre si misérable  sont nombreuses. Elles ont  pris l'habitude de se rappeler à notre bon souvenir. Tout et n'importe quoi en sont l'occasion et l'on fête les jours des victoires, des armistices, des  paix, des  découvertes, d'un exploit, d'une naissance, d'une mort, d'une indépendance, d'une révolution. Il serait temps de faire le ménage et de se débarrasser de tout ce fatras de commémorations qui n'intéressent que les profs d'histoire ou les passéistes qui vivent dans le passé. Personnellement seules deux dates ont une petite importance: le jour ou j'ai débarqué à l'air libre et celui où je quitterai cette vallée de délices.

Être indifférent, ne pas attacher d'importance à ce qui en a, ignorer tout ce qui rend la vie pénible (soucis, guerres, catastrophes) et ne retenir que ce qui est beau, bon et bien est une ambition inaccessible aux sadiques et aux masochistes  qui  trouvent du plaisir à donner ou à subir la souffrance  et n'est accessible qu'à ceux qui s'en donnent le moyen en pratiquant un aveuglement et une surdité sélectives qui leur permettent de cultiver leur jardin dans un champ de bataille, de savourer  le silence en plein tumulte, de jeûner quand tous s'empiffrent et de rire quand les autres  pleurent.

C'est parce que je profite de chacun des instants que je passe au chaud, allongé, en apesanteur, dans mon lit, à rêver, que j'ai du mal à me lever,  alourdi par mes bienfaits  nocturnes.

La vérité doit être plus crédible que le mensonge sinon elle a des soucis à se faire.

L'esprit soufiste est fait de subtilité, de profondeur, de finesse, de sagesse, de raison, d'humanité, d'humour. Le saint Esprit qui inspire le pape et son église en manque cruellement.

VARIATIONS SUR LE MÊME THÊME

Un bonheur a besoin pour être complet de vivre dans la joie et le plaisir.

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Le bonheur remplit de joie le plaisir.

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La joie fait plaisir au bonheur.

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Le plaisir rend joyeux le bonheur.