Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


lundi 22 septembre 2025

LE FUTUR DU DÉCÉDÉ

Cher ami, vous me demandez quel sera votre devenir dans votre posthume immédiat. Je comprends votre curiosité et vais y répondre sans entrer dans les détails que vous pourriez trouver macabres en suivant un ordre chronologique, celui qui, dans 99% des cas est respecté, la nature ayant horreur de l'improvisation.

Dès la dernière expiration qui clôt l'ultime souffle, s'installe une immobilité générale qui affecte l'ensemble des gestes habituels: plus de froncements de sourcils, de clignements d'yeux, les pieds, les mains cessent de s'agiter. Le cœur toujours infatigable est le dernier des muscles à s'avouer vaincu et met quelques minutes avant d'arrêter de fibriller, en pure perte d'ailleurs, mais l'effort est méritoire, une minute de respect à sa mémoire S.V.P. Les réflexes ostéo-tendineux, pupillaires, cutanés cessent leurs réactions automatiques. L'arrêt des fonctions intéresse d'emblée les divers circulations, la veineuse qui, n'étant plus poussée par l'artérielle, n'a plus de raison de poursuivre sa noria, la lymphatique, plus discrète suit l'arrêt des mouvements. 

Le système digestif n'échappe pas à la grève générale avec l'exception d'usage. L'estomac n'a plus rien à digérer et l'usine d'acide chlorhydrique ferme ses portes, le foie n'a rien à désintoxiquer. Le pancréas subit le même sort, l'insuline n'ayant plus d'emploi. Il n'y a que dans les intestins que l'euphorie règne, car si le transit est interrompu, faute de matières premières, tous les microbes, bactéries, champignons, saprophytes et commensaux habituels des lieux se retournent contre leur hôte, un bel et ultime exemple d'ingratitude et se mettent à le dévorer de l'intérieur, mais ils sont bien punis car, même en anaérobie, l'atmosphère est délétère. La maison Borniol a l'habitude et n'attend pas l'explosion pour opérer la crémation, procéder à l'enterrement ou, pour ceux qui ont les moyens, une vidange complète des humeurs avariées permet une momification qui les garde dans un état presque naturel, la vivacité du regard en moins.

Et le cerveau dans tout ça, que devient-il? Hélas, il participe à la débandade générale. Quand le courant passe, notre ordinateur personnel, portable est inégalable, irremplaçable, mais son électronique molle est, comme le reste périssable, à usage unique et suit le sort commun. Très fragile, il meurt en premier et toutes les mémoires s'effacent en un clin d'œil. Sa matière blanche suit la grise et dégouline très vite par tous les trous de la base du crane qui, heureusement, sont nombreux. La pensée disparaît, les idées s'envolent avec les souvenirs, les sentiments, les sensations. On est dans un sommeil sans rêves qui permet enfin un repos bien mérité et éternel.

Voila ce que je peux en dire et j'espère vous avoir rassuré et informé. D'autres vous en raconteront de plus belles, mais avant de les croire, demandez-leur des preuves; car dans le domaine posthume, dès qu'on veut voir plus loin, c'est l'imagination qui prend le pouvoir. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire