LES 2 VIES

On dispose de deux vies. La vie extérieure que l'on regarde, où l'on plonge. On en  dépend complètement. La symbiose est totale. Ses malheurs sont les nôtres. Même l'ermite ne peut s'en échapper. Sans son air, il étouffe.

L'autre est intérieure. Elle nous fait marcher, agir, penser. C'est une force, une pulsion, un drôle de phénomène qui est là sans que l'on sache pourquoi et nous embarque dans une aventure que l'on découvre au jour le jour. Elle nous quitte avec ou sans préavis, à sa guise. Ceux qui ne sont pas là ou pas encore arrivés s'en passent bien et ceux qu'elle abandonne après un bout de chemin ne s'en plaignent pas, jamais une réclamation.

Notre petite vie particulière, prisonnière de la grande vie générale, ressemble à celle du globule rouge plongé dans la circulation du sang. Sa vie est courte (120 jours), il fait son boulot, transporte l'oxygène et disparaît, aussitôt recyclé, son fer récupéré. Minuscule partie, le globule participe, à sa petite mesure, à la gloire du grand corps. S'il tombe malade, sa contagion peut être fatale à son créateur. Ignorant, il ne s'en préoccupe pas .

Si notre présence participe du même miracle, notre destin reste mystérieux. La raison nous en est  inconnue, notre fonction est inutile et nos actions dangereuses. Notre  excuse est de n'avoir rien demandé. Le comble est qu'on nous refuse le droit d'en partir sous le prétexte que notre absence serait regrettée.

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