Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mercredi 6 juin 2018

TRANSFORMATION SINON DISPARITION

La crise qui secoue l'Église et menace l'institution a de multiples manifestations:
  • - attaques papales de la Curie,
  • - révolte de la Curie,
  • - démission collective des évêques chiliens,
  • - cacophonie au Vatican après la négation , par le pape, de l'enfer et  le démenti immédiat des hauts fonctionnaires,
  • - blocage par les conservateurs du projet papale d'ouverture envers les divorcés,
  • - controverses internes sur ses propos à un prêtre homo etc., etc... 
Toutes les oppositions se cristallisent sur ce pape iconoclaste qui veut nettoyer les écuries du Vatican. Il est considéré par ceux qu'il bouscule comme un dangereux activiste irresponsable. L'appareil d'État du Vatican ne le supporte plus. 

Le pape a compris la gravité de la situation et a  demandé un audit externe à un cabinet-conseil réputé,  le chargeant d'établir un diagnostic, de faire des propositions.

Le rapport vient d'être terminé. Il a été remis au pape qui l'a rendu aussitôt public. On comprend pourquoi après l'avoir lu: il reprend et amplifie toutes ses recommandations.

L'enquête a progressé rapidement car les difficultés actuelles de l'église sont connues, parfaitement identifiées et analysées.

La gouvernance est décrite comme la principale responsable. 

Théocratie. - L'église est, en principe, une dictature où le pape concentre tous les pouvoirs: ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel. Cette forme de gouvernement est en contradiction avec une direction collégiale qui était recommandée à son origine. La conséquence est aujourd'hui un blocage, une majorité d'évêques et de cardinaux s'opposant à toute idée de transformation et d'adaptation aux nouvelles conditions issues de l'air du temps, du changement des besoins, des mœurs etc., etc.

La principale raison de ce refus d'évolution tient à la sociologie de la nomenklatura qui tient la réalité du pouvoir et paralyse tous les efforts de modernisation. Elle est faite d'un syndicat de vieillards se cooptant par tradition et qui, arrivés au sommet de la hiérarchie après s'être épuisés dans des luttes  entre factions rivales, ont adopté un statu-quo qui  privilégie la tradition, les anciennes habitudes, le conservatisme, évite les remises en question, les interrogations, la prise de conscience et la recherche des solutions. En se cramponnant au  passé et à ses erreurs, ils attendent que se reproduise le miracle qui les a mis où ils sont.

Le diagnostic sévère continuait en énumérant toutes les erreurs qui, depuis des lustres, pour ne pas dire toujours, gangrène l'institution:

 - mépris affiché de la clientèle la plus fidèle avec une misogynie revendiquée. Le développement de l'activisme féminin, l'instauration de la parité homme-femme à tous les niveaux de la société l'ont rendue insupportable.

- management médiocre  avec une formation des gestionnaires, des agents d'exécution et du personnel administratif dans des séminaires et des instituts dont le niveau est moyenâgeux  avec un enseignement se bornant à l'exégèse des textes anciens et ignorant tout  des méthodes développées dans la moindre des écoles de commerce.

- gestion des ressources humaines calamiteuse expliquant le tarissement des vocations, les abandons de poste, la surcharge de travail de ceux qui restent en place, tous proches du burn-out et le recours à un personnel détaché en provenance de pays étrangers dont la qualification, la connaissance du terrain, les motivations suscitent des interrogations et  expliquent  une adhésion  à leur sermons qui n'est pas unanime.

Enfin la R&D a été complètement abandonnée, le discours reprend l'héritage des grands sermonneurs des siècles passés. Il est en déphasage total avec les aspirations du public actuel qui ne comprend rien aux homélies. En réalité, il ne les connaît pas puisque son information est exclusivement issue des médias sociaux dont l'église est totalement absente. 

Le point critique actuel est dû à l'arrivée au siège papal d'un homme issu d'une fraction considérée depuis toujours comme dissidente, ayant un  complexe de supériorité qui la rend peu sympathique  au reste de la communauté ecclésiastique. Elle la soupçonne de machiavélisme, de duplicité et d'indépendance d'esprit qui l'empêche de jouer un jeu collectif.

La conclusion du rapport a fait l'effet d'une bombe. La curie est en état de choc et quelques cardinaux ont été hospitalisés. Jamais le Vatican n'avait été qualifié de dictature, jamais les cardinaux n'avaient été traités de vieillards cacochymes, de carriéristes cramponnés à leurs sinécures,  à l'or de leurs palais et ayant perdu une vocation qui n'avait pas résisté à des années de tentation de la concupiscence sitôt effacée l'exaltation juvénile provoquée par les contes de fées de leur enfance chez des esprits enflammés par  les feux d'une adolescence perturbée par une puberté compliquée.

Le cabinet, habitué à conseiller des sociétés en difficulté, proche de la faillite ou de la liquidation terminait son travail par une série de propositions susceptibles de redresser la situation. Il fallait, selon elle:
  • - la démission immédiate de la totalité du conseil d'administration et l'envoi des membres de   la curie en maison de retraite, l'âge canonique moyen des cardinaux l'ayant depuis longtemps justifié.
  • - le remplacement de toute la haute administration par des techniciens  et des managers rompus aux méthodes modernes  de gouvernance.
  • - la mise en place d'une direction collégiale issue de la société civile et religieuse avec une parité homme-femme intégrale. Ils seront choisis sur la base du volontariat, pour un mandat unique de 5 ans et par tirage au sort dans les paroisses encore en activité. Les fonctionnaires d'église ne seront pas éligibles pour ne pas susciter des conflits d'intérêt.  La seule condition sera  d'avoir été baptisé et de connaître les deux prières de base, le notre Père et le je vous salue Marie. Ce conseil d'administration élira son président à la majorité simple et sera maintenu en poste tant qu'il aura la confiance de l'assemblée.
La désignation du successeur de Saint Pierre obéira, elle , à des critères totalement nouveaux. Pour faire cesser une concurrence souvent déloyale,  les luttes acharnées, sanglantes qui ont  opposé depuis des siècles des sociétés proposant pourtant le même produit chrétien mais sous un emballage différent, le cabinet-conseil recommande une fusion, sous la même enseigne, seul moyen de retrouver l'unité d'origine. Chacune gardera ses spécificités, ses points forts, ses exclusivités, ses produits-phares, mais tous devront renoncer à se combattre et collaborer.

L'ensemble, réuni dans une holding choisira le successeur de Pierre, le pape fondateur parmi les personnalités  représentatives de chacune des tendances, courants ayant eu une lecture particulière des évangiles, socle commun et  charte  fondatrice. Son rôle sera d'accompagner l'ensemble, de le motiver, de l'inspirer et de faire fructifier l'héritage. Son maintien dans la fonction dépendra de la confiance qu'il inspirera aux associés de l'entreprise. Sa première décision sera de donner à l'entité réunissant les catholiques, les orthodoxes, les coptes, les protestants, les églises évangéliques, les églises restaurationnistes (témoins de Jéhovah, la Science chrétienne, l'église de Jésus-Christ) un nom commun, celui de l'ÉGLISE ŒCUMÉNIQUE paraît le plus adapté. Ainsi se concrétisera  le vieux rêve jamais abouti pour de sordides raisons commerciales, d'orgueil, d'intérêts financiers, de jalousie de mâle dominant, de rancune et de soif de revanche et de vengeance.

Le monde laïque, l'ONU, les athées, les animistes, les bouddhistes attendent avec curiosité la suite .
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