Le cynique, lui, ne cache pas ses préférences et son amour de la mort. Toutes les occasions lui sont bonnes pour s'en faire le thuriféraire. Chaque disparition d'un ami lui en donne l'occasion, son moyen de consoler la famille en pleurs et de répandre son message politiquement incorrect. Je retranscris, en lui en laissant la responsabilité, sa dernière homélie.
"Mes bien
chers frères, mes bien chères sœurs, je partage votre chagrin de ne pas être à
la place de notre cher disparu. Il a atteint son grand âge avant de quitter sa
vallée de larmes. Sa patience a été récompensée et il a enfin trouvé la
tranquillité, le repos, le silence, le rêve que, dès sa première enfance, il
avait compris qu’ils lui seraient inaccessibles de son vivant. Généreux, sans
rancune, il n'en voulait pas plus qu'il le pouvait à ses géniteurs
inconscients, victimes consentantes d'une méthode Ogino défaillante, mais très
en vogue à l'époque.
Après une
enfance sous les bombes et dans les privations de chocolat, de babas au rhum, une
éducation répressive et interminable, des privations culinaires (resto U),
économiques (pas de bourse), sexuelles (la société n'était pas permissive),
notre malheureux ami entama sa vie de perdition.
Vous connaissez chaque étape de son calvaire: ses
faillites, son naufrage, ses divorces, ses chutes, ses accidents de voiture,
ses opérations ratées (boursières), ses complications chirurgicales, sa maladie
chronique, ses hernies, sa cataracte,
ses cancers etc.
Aujourd'hui,
on fête sa délivrance, sa remise en liberté. Le voila débarrassé de sa
chienne de vie qui ne lui a rien épargné
Sa persévérance a remporté l'ultime combat, par KO, le seul qui avait de la
valeur".
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