Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


lundi 21 mars 2022

JANUS

L'homme est un drôle d'oiseau. Il passe son temps à faire plaisir à son corps et à lui infliger des souffrances dignes d'un bourreau raffiné. 

Pour le premier chapitre, nous retiendrons les plaisirs de la table auxquels il consacre beaucoup d'argent.  Rien n'est trop bon pour satisfaire un appétit insatiable et une gourmandise remarquable. Une industrie agro-alimentaire titanesque, un art culinaire extraordinaire, une armée de cuisiniers, de pâtissiers, de boulangers, de bouchers-charcutiers, d'épiciers, des bataillons de supplétifs affairés aux casseroles, aux couteaux, à la vaisselle etc... complète une valetaille chargée d'éplucher les patates, d'essuyer les assiettes et de laver la vaisselle. Il faut ajouter les soins du corps, de son apparence, de sa beauté, de sa sécurité qui occupe une autre grande partie de son temps  et de ses revenus.  Pour en savoir plus, reportez vous à un magazine de mode. Il y en a des millions. 

Mais le corps est ingrat. Il n'a pas la reconnaissance du ventre. Il se moque de ses petits soins. Il est méchant. Il nous récompense de tous les cadeaux qu'il reçoit par un déluge de misères, une avalanche d'avanies, une flambée d'outrages qui se concluent parfois par la mort. Il démasque la haine qu'il nous porte dès la petite enfance sans défense par les maladies infantiles. Elles inaugurent un cycle qui se termine à l'agonie avec une liste interminable de catastrophes microbiennes, virales, cancéreuses, dégénératives qui obligent l'encyclopédie médico-chirurgicale en 100 volumes à sortir des suppléments mensuels. Là encore, on a une industrie pharmacologique gigantesque dévouée à ses intérêts,  une armée de médecins, de pharmaciens, d'infirmières , une intendance pléthorique. Tout cela est réuni en pure perte et n'arrive pas à soulager les douleurs, les souffrances, le supplice que nous apportent les plaies, les coliques hépatiques, néphrétiques, l'infarctus, la péritonite, l'étranglement de la hernie, la rupture de l'anévrisme, l'angoisse de la métastase, le frisson de la peur, l'angoisse de la mort, la dépression, le rhume de cerveau, la rage de dent, etc... Il faudrait y ajouter, si j'étais sadique ou cynique, les blessures que l'on s'inflige quand, à l'aide d'un marteau, on se tape sur un doigt, quand on s'enfonce une écharde, avale de travers, de la mort-aux-rats, tombe de vélo, d'un arbre, en avion, en parachute en vrille, etc...

Nous sommes bienfaiteur et  bourreau. Une telle dichotomie ne peut s'expliquer que par une erreur de programmation, un bug dans le logiciel, une erreur de conception, un vice de fabrication. Toutes ces raisons doivent s'additionner. Il était difficile d'échapper au résultat. Le bilan final est accablant et ce n'est pas un baba au rhum, un rajeunissement de 15 minutes chrono, une bouffée de plaisir qui compenseront un siècle de malheurs. 

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