RÉVOLUTION NUMÉRIQUE

La révolution numérique a renvoyé les bureaucrates dans leur foyer et la Défense sera bientôt un alignement de boîtes vides. Elle atteint aussi la nationale, celle qui a un ministère. Elle ne sait pas ce qu'il l'attend parce que c'est dans sa tradition de fermer les yeux sur l'inéluctable. Je vais, ne lui déplaise, les lui ouvrir et montrer ce qui l'attend. Attention les képis.

Ce qui reste des casernes va disparaître. Elles seront remplacées par des garages chargés de la maintenance des robots qui remplaceront les soldats sur le champ des batailles. Exit Saumur et Coëtquidan. Intrépides, infatigables tant que leurs accus sont chargés, les robots combattront sur la ligne de front sans se cacher dans des tranchées ou derrière des barricades. Autonomes et connectés, ils obéiront sans état d'âme et sans savoir ce qu'ils font aux ordres les plus imbéciles, le rêve de tout général. Reliés à une intelligence artificielle programmée pour gagner la guerre, ils se feront désactivés ou pulvérisés par d'autres robots, sortis des mêmes usines. La victoire appartiendra à l'équipe ayant marqué le plus de points dans le minimum de temps.

L'école de l'air de Salon ne rouvrira plus ses portes car les drones n'ont pas de pilote. Plus petits, plus agiles, plus furtifs, ils se fondent dans le ciel, prennent l'apparence d'un nuage, d'un éclair, d'un aigle, d'une cigogne, savent tout faire: observer sans être vu, espionner, mitrailler, bombarder. Plus de veuves et d'orphelins à déplorer, de pleurs et de pensions à verser.  

La ROYALE NAVALE ne sera pas épargnée, elle subira le même sort. Les navires de surface et ceux des profondeurs vont céder la place à des engins battis sur le modèle des poisson volants. Polyvalents, le rêve de tout amiral, ils pourront flotter, voler et nager entre deux  eaux.

Mais la disparition de la chair à canon, c'est-à-dire des fantassins, des fusillers-marins, des hommes du génie, des parachutistes, des légionnaires et de leurs sapeurs, des aviateurs et de leurs mécanos, des matelots, des sous-mariniers s'acompagnera aussi de celle de tous ceux qui, à l'arrière assurent la maintenance et il faut parler d'épurement technique. Tous les fonctionnaires militaires chargés de la paperasse (promotion, paiement des soldes, des retraites, changements d'affectation, administration du matériel, signature des contrats d'armement, gestion des écoles militaires etc...) ne serviront plus à rien et seront envoyés au chômage.  Les dégâts seront considérables et la plupart restera sur le carreau, irrécupérables, leurs bonnes volonté inexploitable.

Mais la vraie révolution sera celle du commandement. Même une IA opérationnelle à un niveau supérieur ne pourra pas tout faire, des règles éthique et de bonne guerre en ayant limitée le pouvoir pour que l'humain n'en soit pas démuni. Conduire une armée de robots et de drones aériens ou aquatiques ne s'apprend pas à l'ÉCOLE DE GUERRE. Les piloter à distance, en regardant un écran suppose une dextérité, une habileté, une habitude qui ne peuvent s'acquérir que par un entrainement ayant commencé dans la petite enfance. Donc les surdiplômés de Polytechnique, de Saint-Cyr et ceux du rang devront céder leurs place aux gameurs de l'E-sport  ayant passés leur temps devant les écrans des jeux vidéos. Le recrutement de nos futurs soldats en chambres devra se faire dans l'élite, parmi les champions ayant gagné Call of Duty, Total field,Total War. La moyenne d'âge mental ne dépassera pas 12 ans. L'art de la guerre s'apprend  maintenant à l'école primaire, devant une console Nintendo.