Les fonctions naturelles de l'homme se répartissent en deux catégories: celles qui absorbent et les autres qui éliminent. On a ainsi l'inspiration de l'oxygène de l'air, l'ingurgitation des liquides, l'absorption de la mangeaille. En sens inverse, on rejette du CO2, des fèces, de l'urine, de la sueur. Je parlerai ici du plus décrié de nos rejets: le crachat. Cette émonction fait horreur aux âmes sensibles qui ne voient dans la nature humaine que du beau, du bon, du bien alors que nous savons qu'elle n'est qu'un cauchemar ambulant. Comme vous et moi nous ne ne faisons pas partie de cette clique oppressive, j'en parlerais avec doigté et ma délicatesse habituelle. Le crachat doit retrouver les lettres de noblesse qu'il n'a jamais perdues dans une culture aussi raffinée que la chinoise et ne pas être réservé, chez nous, à la frange de la partie la plus répulsive de la population. Je saute sa description anatomo-pathologique répugnante à dégouter même un habitué à sonder toutes les bassesses que vous imaginez et je passerai, n'en vous déplaise, à ses vertus thérapeutiques. Le bruit peu seyant de cette expulsion est le tribut payé pour débarrasser tout le tractus respiratoire de mucosités encombrantes et délétères qui, depuis la bronchiole jusqu'au pharynx, menacent , gênent et peuvent aller jusqu'à bloquer le passage de l'oxygène, gaz vital de notre sang , chez le bronchiteux chronique et tabagique. Il s'agit donc d'un geste prisé à juste titre et encouragé par tout pneumologue digne de son titre. Il doit seulement, pour la sécurité du public, être dirigé vers un crachoir et non pas en direction de l'interlocuteur.
Mais le crachat n'est pas seulement une émanation de nos humeurs viscérales, il est aussi verbal. C'est de lui dont je voulais, en vérité, parler. Mon préambule n'avait que le but de provoquer un haut de cœur et faire fuir les croquants et les croquantes dont la place n'est pas ici.
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