Le succès phénoménal de la bêtise est immémorial. Il
semble pourtant incompatible avec l'intelligence, autre excentricité humaine. Je pose
la question sans avoir de réponse, ma bêtise étant très supérieure à mon
intelligence.
Elle ne m'interdit pas cependant de
m'interroger au point de donner une explication incomplète, imparfaite, erronée.
Elle n'est qu'un des traits humanoïdes.
Elle prend place à coté de la bonté, de la gourmandise, de
la générosité, de la cupidité, de la jalousie, de la colère, du goût pour les
mots croisés, la paresse, le ski, etc... Mais, à leur différence, elle est
invisible à son propriétaire. Il ne sait pas qu'il est bête. L'exclamation si
fréquente "que je suis bête" n'est pas un éclair de lucidité, ce
n'est que la reconnaissance d'un instant de distraction ou d'un petit égarement
qui ne prête pas à conséquence.
L'atout de la bêtise est qu'elle est compatible avec une
intelligence normale, voire supérieure dans les domaines des mathématiques, de
la mémoire ou du latin-grec. Les gens bêtes peuvent donc être d'un commerce
agréable. Ils ne sont dangereux que lorsqu'ils occupent des postes à hautes
responsabilités. Elle s'extériorise alors des décisions
catastrophiques, des déclarations imbéciles.
Quelques exemples pris dans notre bêtisier national
rappelleront aux jeunes qu'il s'agit d'une tradition ancestrale, quasi
intrinsèque au génie français et qu’ils devront mener un combat de tous les
instants pour n'en pas être une victime consentante. On a eu :
- les avions renifleurs,
- les abattoirs de la Villette,
- super-phénix,
- la conquête du Mexique,
- la révocation de l'édit de Nantes,
- la saint Barthélémy,
- les 35 heures,
- la fiscalité confiscatoire avec la fuite des riches et
l'appauvrissement des pauvres
- les guerres napoléoniennes.
L’équipe actuelle au gouvernail manifeste déjà une
propension qui fait craindre qu’elle ne soit digne de ses prédécesseurs.
La bêtise fleurit sous tous les climats et, par politesse, je
m'interdis d'aller explorer celle des autres. Cependant je ne peux résister à
la tentation d'évoquer un minuscule État dont l'indice de bêtise dépasse
l'ordinaire. Le Vatican en a, de tous les temps, été une dispensateur inlassable avec des manifestations grandioses sous le label urbi et orbi et dont
tout le monde se gausse (à l'exception de ceux pour qui ses bêtises ont valeur
de paroles d'évangile). Je citerais le célibat des curés et des bonnes sœurs,
les guerres de religion et les croisades, la condamnation de Galilée,
l'inquisition, l'infaillibilité papale, l'inscription de la gourmandise dans la
liste des péchés capitaux. Je m'arrête pour ne pas déprimer davantage le saint Esprit.
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