Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mercredi 28 novembre 2018

LA PURGE ANTI-DÉPRESSIVE

La dépression qui pourrit la vie avant même qu'on soit mort est provoquée par une erreur de programmation qui transforme en noir et gris une réalité en technicolor.

Le problème est crucial car vital. Il est si ardu que personne ne sait comment le résoudre. Le médecin du corps, autant que les charlatans de l'âme, proposent de faux remèdes pour paraître occupés et font perdre leur temps aux malheureux désespérés de n'avoir pas d’espoir.

Seul un traitement de choc peut donner un résultat. Pas ceux qui ont déjà été essayés : le choc insulinique ou cure de Sakel appartient à l'histoire. Il a eu son heure de gloire avant de mériter l'oubli. L'électrochoc est encore dans les mémoires. C'était l'ancienne époque du tout électrique. Il est à mettre dans les mauvais souvenirs.

Celui qui agira reste à trouver. On sait qu'il devra remettre du rose dans les pensées et les idées.

J'ai une piste, elle est dans le titre. Pour se libérer d'une dépression, je suggère de procéder de façon progressive, en allant du simple au compliqué, du facile au difficile, du physique au mental.

La purge devrait être générale, par étapes.

La première procédera à un grand nettoyage de la peau, ce réceptacle de toutes les impuretés de l'air du temps. Quelques séances de sauna finlandais avec une bonne sudation suivies d'une immersion dans l'eau glacée vont provoquer un choc thermique et une élimination de toutes les saletés incorporées qui empêchent la peau de respirer.

La deuxième s'attaquera à l'intestin. On sait maintenant qu'il est le deuxième cerveau et on ne parle jamais de sa responsabilité dans la dépression. Ses moyens de pression pour exiger l'omerta ne doivent pas intimider le dépressif. Un laxatif le vidangera de toutes les saloperies qui peuvent vicier l'humeur. Le plus efficace est la préparation à la coloscopie : ne pas dépasser la dose standard et arrêter dès que l'excréta est limpide. Pour être complet et par principe, une cure d’une décoction de queues de cerise - 1 litre pendant trois jours - aura un effet diurétique capable de rincer la vessie et d'obtenir des urines propres.

La troisième étape est la plus délicate. Le dépressif doit débarrasser le cerveau du fatras de vieilles guenilles qui le plombent, le dévastent, l'empêchent de réfléchir à autre chose qu'aux erreurs qui accusent leur victime d'en être l'auteur. Ce sentiment de culpabilité et d’auto-dénigrement tournent en boucle dans l'esprit, c'est la fameuse rumination, une indigestion qui n'arrive pas à s'évacuer. Le challenge est de taille et pour se donner du courage et prendre exemple, il devrait revoir IMPITOYABLE, le film de Clint Eastwood (1992) pour se mettre au diapason de son héros.  Il s'agit en effet de continuer la purge cutanée, intestinale, vésicale par un grand lessivage psychanalytique. Il faut aller débusquer les responsables de la dépression, donc dresser un acte d'accusation, arrêter d'être maso, se donner le beau rôle de victime innocente et lister, sans pitié, tous les salauds et salopes qui, depuis la maternelle, empoissonnent la vie au point qu'aujourd'hui, l'overdose atteint, le seul recours est la dépression, une planche de salut pourrie. Le réquisitoire doit être total, brutal, partial, l'abcès mis à plat. Plus la charge sera violente, méchante, injuste, cruelle, la barque chargée, plus la libération sera parfaite. Au fur et à mesure que la mise au pilori prendra tournure, s'élèvera dans les tréfonds, un avant-goût du plaisir de médire qui est en train de revenir et le signe que la voie est bonne.

Le seul problème, à ce stade, est le manque de force, l'aboulie, l'apathie, l'asthénie qui accompagnent la dépression. Le problème est facile à éliminer, on distille, on prend son temps, enfin une occupation festive, libératoire, c'est Règlement de compte à OK corral. Cette épisode à charge peut prendre quelques semaines et pour les plus atteints quelques mois. Qu'importe, la dépression dure depuis si longtemps qu'on peut attendre encore avant de la voir mourir de sa sale mort.

Tout doit être mis par écrit et le réquisitoire a vocation à être lu à haute voix pour le vomir. La guérison pour être complète doit être aussi une vengeance. Sans égards, sans censure, il faut étaler sa rancœur, ses rancunes, seule façon de s'en purger définitivement. Les fautifs seront reconnaissants d'apprendre la vérité s'ils méritent le pardon.

C'est le bon côté de la dépression, elle sert à se dire la vérité...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire