Exit les embrassades, les accolades, les empoignades, place à la reculade pour se protéger des postillons, vecteur d'un bouillon viral. Une banale épidémie grippale montée en neige a suffi pour faire disparaître des habitudes venues de l'antiquité pré-gréco-romaine. Elles avaient résisté aux guerres civiles, religieuses, ethniques, raciales, de défense, d'attaque, façon coutumière qu'à l'homme de manifester, de façon collective l'antipathie naturelle qu'il a pour les autres. Se jeter dans les bras, mobiliser ses lèvres, secouer la main étaient, par contre, le moyen de montrer son pacifisme spontané, sa sympathie native, quand il était seul, sans l'influence vicieuse d'un nationalisme primaire, d'une foi dévoyée, d'un racisme avoué, d'un expansionnisme débridé. Il montrait ainsi le bon fond de sa nature, faisant de lui un être social convenable n'ayant rien à voir avec la brute déchaînée qu'il devient dès qu'une force prend son contrôle.
L'interdiction de se toucher, de se rapprocher aura des conséquences qui n'ont pas été encore évaluées. Il faudra attendre qu'elles se manifestent pour en prendre connaissance. En avant première, je peux vous révéler la principale, celle qui va tout changer et rendre le monde encore plus dangereux. Privé de contact humain, l'homme et la femme vont être libérés du frein qui bridait les instincts prédateurs de la société, de la communauté, du peuple. On peut donc craindre une explosion de violence spontanée qui fera de la guerrilla urbaine actuelle une marche pacifique, un défouloir joyeux, une promenade de santé. Les pompiers ont raison d'être inquiets, l'été sera chaud.
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