Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mercredi 3 juin 2020

VOYAGE DANS LES BLOGS À DANCHARR

Ce blog a une histoire. Le concept remonte à loin. Il surgit dans les années 2000 tardives sous le titre "RETRAITÉ AU BORD DE LA CRISE DE NERFS". Victime de la crise de la soixantaine, l'auteur traité à la purge et au clystère se permettait ce genre de propos: "COLLUSION DANS L’ESPACE-TEMPS", consacré à l'engagement américain en Afghanistan, "L’IMPOSSIBLE PROPOSITION 317" à propos de la position de l'État français sur le suicide,  "LA GUERRE, CE BESOIN AMÉRICAIN" et sa course aux armements, "LE VRAI-FAUX VISAGE DE CEUX QUI NOUS  GOUVERNENT", le titre dit tout. Il y avait aussi "TITINE LA BIEN-AIMÉE", "CONSEILS À UN AMI MÉDECIN", "LE PATRONYME, UN PATRIMOINE QUI EN DIT LONG". À titre d'exemple et pour ne pas vous faire regretter de ne pas l'avoir connu, je reprends une réflexion toujours d'actualité :

POUR UNE DÉONTOLOGIE À L'USAGE DE CEUX QUI FONT DE LA POLITIQUE
(4 mai 2007)

Les trahisons, les révocations, les abjurations, les retournements d’alliance ponctuent l’Histoire. Ils ont causé la mort et le malheur de millions d’hommes et de femmes qui ont été soudainement précipités dans le cauchemar. Les protestants après la révocation de l’Édit de Nantes, les indiens lors de la conquête de l'Ouest, les Polonais, les Harkis en Algérie ont aussi payé le prix de la parole trahie. Beaucoup d'autres, partout, souvent ignorés ont ainsi été sacrifiés à la raison d'État.
Cette conduite méprisable entache peu la gloire de l'homme politique qui sait par l'Histoire que l'impunité est la règle. L'admiration va même plutôt à l'habile qui a promis sans tenir, au rusé qui a trahi pour gagner et le mépris n'est jamais très loin de celui qui a le courage de son opinion, qui ne renie pas un idéal et qui fait ce qu'il avait promis. Les premiers ont toujours été nombreux, ils le sont plus que jamais; les autres restent l’exception et le payent souvent cher.
Ces épisodes dramatiques, tragiques ont dans leur génération quelque chose d'inéluctable et l'on devine un monarque, un président aux prises avec un fatum plus grand que lui.
La responsabilité était effrayante et le choix impossible.
Avoir tranché, même mal, suppose un courage, une inconscience qui ont quelque chose d’inhumain et qui rendent le jugement difficile. C’est la raison peut-être d’une bienveillance qu’ils ne méritent pas souvent.
Les petites lâchetés, les mensonges quotidiens dont les politiciens se rendent coupables pour s’assurer une prébende, un siège ne peuvent prétendre au même traitement. Le public ne s’y trompe pas. L’opinion qu’il en a s’exprime par un mépris accablant pour la classe  politique. Celle-ci s’en soucie peu, habituée à l’amnésie, à s’amnistier et à user d’un langage automatique.
La gravité du processus est que le mensonge politicien est  de la même essence que le reniement, la trahison. L’échelle seulement diffère. Habitué à mentir pour se faire élire, camoufler ses échecs, faire durer un pouvoir vacillant, l’homme politique se prépare ou nous prépare à toutes les indignités, à toutes les faiblesses, à tous les malheurs.
Les débâcles de Sedan, de 1940, les guerres d’Indochine,  d’Algérie sont arrivées préparées par mille décisions prises et non appliquées, par mille rapports trop alarmants pour être électoraux. Mille petits efforts pour en éviter d’impossibles n’ont pas été faits.
La mémoire collective d’un pays n’aime pas le rappel des vilenies que ces pseudo-grands hommes ont accomplies en son nom et qu’elle a entérinées de ses vivats et de ses suffrages. Leur souvenir est pourtant aussi important que celui des pages glorieuses. Ne pas les oublier est un devoir civique car c’est un remède au chauvinisme, un tableau sinistre qu’il ne faut pas copier, une situation à ne pas reproduire.
L es décisions de nos gouvernants devraient tenir compte du risque qu’ils prennent devant l’Histoire. Ils devraient être appréciés à l’aune des conséquences de leur action ou de leur abstention. Elles leur imposeraient une déontologie qu’ils sont les seuls à ne pas avoir et qui  exigerait d'eux d'être clairvoyants, responsables, ambitieux pour le pays. Autant d’exigences qui décourageraient beaucoup de politiciens qui se croient des hommes politiques.
Notre Histoire serait peut-être ainsi moins livrée au hasard, à la chance, au chaos. 
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Mal accueilli par la concurrence embedded, craignant les représailles de la CIA, de la NSA, du service action de la Présidence, je saborde  ce journal devenu politiquement incorrect.
Hyperactif par hérédité, contaminé par ma fréquentation de messieurs Larousse,  Robert, A.Bierce, de nature brouillonne, je lance un dictionnaire sans queue ni tête pour un lectorat sensible aux subtilités de l'alphabet et rétif à la discipline académique. Pour l'exemple, je me cite et reprends la définition de quelques mots passés depuis et même avant dans le langage courant tels que "T COMME TRAVAIL", "F COMME FATIGUE", "C COMME CHIEN ET CHAT".
"V COMME LA VIE" donne ceci:

Après avoir réglé son compte à la bourse, je dois en finir avec la vie.
Pour l’un, la vie est un voyage au bout de l’enfer qui commence après un après-midi de chien et qui se paie du salaire de la peur. Pour l’autre, c’est Pain, amour et fantaisie, un après-midi d’automne, au bord d’un long fleuve tranquille.
On voit que la vie n’est pas facile à définir, du genre à caution. Le bon vivant, le sybarite, la trouvent désopilante, n’en perdent pas une miette et sont prêts à remettre le couvert. Et puis il y a le réfractaire, le malgré lui. Il gémit sur l’inconvénient d’être né, en veut aux parents du père et de sa mère. Le jour du jugement dernier, Adam et Ève, s’il les rencontre, passeront un sale quart d’heure.
La vie est donc, soit une belle aventure qui finit mal, soit une tragédie dont on attend la fin avec impatience. 
Tout le monde est d’accord sur un point : la vie vaut ce qu’elle vaut : pour l’un la peine d’être vécue, pour l’autre vécue avec peine. Personne n’est d’accord sur le prix : c’est tout ou rien. Le premier profite de la vie, au jour le jour, la brûle par les deux bouts, la joue à la roulette russe, roule en gros cube, ne se protège pas. Le second l’économise, prend une assurance vie, le train et ne fume pas.
C’est un point de vue général sur la vie. On peut en dire du bien, du mal, de toutes façons on n’y peut rien. Je suis sûr que vous en connaissez pas seulement un rayon.
On vous écoute :
- «Oui, j’ai eu des hauts et des bas, des bons et des mauvais jours, connu bien des malheurs mais aussi des bonheurs et des surprises bonnes et mauvaises. J’en ai vu de toutes les couleurs, des vertes et des pas mûres mais, des toutes belles aussi, des beaux couchers de soleil et les mêmes, en clair de lune.
J’ai entendu des belles promesses, des beaux discours, des beaux serments et sermons - tous étaient faux -  sur le moment, ça fait plaisir. J’en suis revenu dans un état, pas très brillant, comme vous le voyez».
- «C’est ce que je vois. Pour vous aussi, la vie n’a pas été rose. Vous vous êtes bien battu, c’est le principal. Pour l’honneur, dites-vous ? Vous étiez déjà à Azincourt? Quel carnage ! Non, je plaisante. C’est le travail ? Non, le chômage ! Ça n’a pas dû être drôle tous les jours. La vie ne vous a pas épargné. Oui, c’est vrai, mais avouez que vous le lui avez bien rendu. Voyez l’état où elle est : elle n’en peut plus, elle va mourir. Mon Dieu, mon Dieu, vous qui nous avez fait si mauvais, priez pour elle, la vie se meurt ! ».


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S comme savant vous rappellera quelqu'un qui sévissait , il y a quelques années et qui savait tout sur tout. Le texte était intitulé: "LE SAVANT JOYEUX ET L’ATTERRÉ" 


Je m’occupe en cultivant mon jardin secret. Depuis quelque temps, je m’aperçois que la terre est de plus en plus basse alors que ma toise confirme que je ne grandis pas. Intrigué, j’en parle à mon plus proche voisin, un anachorète cacochyme dont j’admire depuis toujours la splendeur de ses Allium Karataviense et le rouge écarlate de ses Lychnis chalcedonica. La semaine passée, je l’interpelle, ayant noté un changement dans l’ordonnancement habituellement impeccable de son jardin : « Très cher, je trouve un peu de laisser-aller dans vos plates-bandes ». Il me répond, sur le ton de la presque vitupération : « Il faut m’excuser, My Lord, - il a été butler chez l’Archevêque de Canterbury - mais la terre est de plus en plus basse et je peine à l’atteindre ».
Ainsi, deux esprits très avertis des choses de la terre avaient, sans s’être concertés et au même moment, fait un constat identique et consternant : le niveau du sol reculait. Le fait devenait patent, irréfutable et passablement inquiétant.
Après une nuit agitée des pressentiments que vous imaginez, je me réveillais avec la volonté d’en référer aux autorités compétentes.
Sans autre raison que le hasard providentiel, je tourne le bouton de mon poste de TSF qui recevait ce jour-là l’homme de la situation, le professeur Joyeux, du collège d’île de France et de l’Institut de la Découverte réunis. Il venait présenter son 4ème livre de l’année, année qu’il ambitionne de couronner par l’attribution conjointe du Nobel de littérature et d’un Nobel scientifique, peu importe lequel, il les mérite tous.
Je saute sur mon téléphone - un exploit qui me rappela des jours fringants - fais le numéro d’appel qui est seriné toutes les trois respirations. Au standard, je court-circuite les ménagères de 45 ans qui avaient peu de questions à poser à l’illustrissime par un produit d’appel irrésistible : « Je voudrais demander au professeur Joyeux dont je dévore les livres comment il fait pour savoir tout sur tout ».
Dans l’instant, je suis à l’antenne en direct avec le surhomme et prié de poser ma question. « Bravo pour votre émission et merci de me faire l’honneur de pouvoir m’adresser au plus illustre de nos savants depuis Pasteur. Voilà ma question : pourriez-vous m’expliquer pourquoi la terre est de plus en plus basse ? Je le constate depuis quelque temps. Mon voisin a fait la même observation ».
Mon point d’interrogation était indubitable mais la question resta sans réponse. Je crus d’abord que le silence n’était que de réflexion. Mais il fut rompu par une voix hésitante me demandant sur le ton que prend un premier communiant pour avouer un gros péché véniel à son confesseur : « Pourriez-vous préciser votre demande ». Je ne reconnaissais pas le parler habituellement tonitruant du professeur Joyeux qui n’est pas sans me rappeler le phrasé impétueux d’un ami trop tôt disparu. Je m’exécutais volontiers, ayant beaucoup à dire sur le sujet : « Voilà, je suis inquiet, comme mon voisin, un homme remarquable, très terre-à-terre pour ce qui concerne les fleurs et les légumes. Nous avons constaté, et cela selon un mode progressif, que la terre était de plus en plus basse. J’ai moi-même du mal à atteindre mes salades alors que mes bras ne raccourcissent pas et que ma taille aurait plutôt tendance à diminuer. Je crains que la terre ne soit en train de s’enfoncer, comme si le globe entrait dans une phase de rétraction. Je me demande même si, au centre du noyau terrestre, un trou noir, plein d’antimatière, ne s’est pas installé et ne serait pas en train d’engloutir, de l’intérieur, notre planète. Cela expliquerait ce que je vous décris. Ne serais-ce pas dû à une rupture de l’équilibre qui tenait unis tous les éléments du sol à la suite de l’extraction de trop de lingots de métaux en tous genres : le fer, le cuivre, le zinc, l’or, l’argent, les métaux rares depuis des siècles et, surtout, de celle du métal du diable, le nickel, celui qui rendait la terre inoxydable et si dure en profondeur. Et que dire du courant alternatif dont le neutre sillonne surface et profondeur cherchant désespérément le chemin de sa centrale d’origine pour réintégrer la compagnie des phases ? Peut-on imaginer tous les désordres électrochimiques qu’il laisse derrière lui dans ce voyage insensé où sa neutralité doit être mise à mal ? On n’en parle jamais ».
Mon exposé, parfaitement construit, équilibré, documenté, un modèle du genre fut accueilli par un silence de l’épaisseur de celui qui annoncera la fin du monde. Mon professeur favori toussota, puis s’étouffa carrément, les synapses manifestement en rupture de ban. Le standardiste, complètement dépassé, prétexta un problème technique, la liaison fut coupée, de la musique de SuperU se déversa.
Je reposai tristement mon téléphone, ayant compris pourquoi cette année encore nous n’aurions pas de Nobel. Mais si là-bas, à Paris ils ne s’aperçoivent pas de ce qui se passe c’est parce qu’il y a trop de béton armé sous leurs semelles. Le jour où les beaux parquets cirés se déchireront au-dessus du vide, plus dure sera la chute. Ici, on accompagne, en douceur, la descente aux enfers. En attendant, je veille, je scrute, je mesure et vous avertirai quand le moment sera venu. Vous pouvez compter sur moi.
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Le dico rempli de mots disséqués terminé, le Blog à Dancharr reprenait le  flambeau de la mesure, de la tolérance, du bon goût pour s’intéresser à ce qui peut déranger, choquer, perturber les âmes insensibles à l'insupportable, l'intolérable et l’inacceptable,en privilégiant le condensé, le raccourci, le contre-pied,  vaste programme  impossible à qui n'a pas beaucoup de force, pas d'illusions et peu de lecteurs. Dancharr a cette ambition qui n'est pas sa mission (bien vivre pour bien dormir) ni sa vocation (commencer par arrêter pour en finir plus vite).

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