Si on supprimait les métiers qui disent prévoir l'avenir, il n'y aurait pas que les voyantes, les astrologues, les médiums, les météorologistes qui auraient des soucis. D'autres professions seraient impactées et la désolation règnerait dans les chaumières des économistes qui n'ont jamais vu arriver un krach boursier, l'inflation, la faillite d'une banque, d'un état . Ils ont beau scruter leurs courbes, polir leur règle à calcul, interroger les diagrammes, confronter les bilans, interroger les augures. Ils se trompent toujours. Ne parlons pas des politiciens. Ils ne savent pas plus prévoir l'avenir que gérer le présent censé le préparer. Les religions et leurs suppôts, les religieux sont aussi caricaturaux. Ils dépassent même les bornes des limites de la folie. Prenant au pied de la lettre leurs rêves d'un futur miraculeux, ils ont créé de toutes pièces, par la seule puissance d'une imagination débridée par la peur de la vie et de la mort, l'envie de paradis, le besoin de se croire meilleur que l'on se sait, un conte de fées qui leur fait vivre l'enfer sur terre en refoulant sans succès leurs pulsions, en se mentant, en commettant des péchés inconfessables, en prétendant être devenu ce qu'ils ne sont pas.
Mais ces messieurs -dames n'ont pas de soucis à se faire, leur escroquerie ne sera jamais dénoncée. Elle est aussi vitale pour ceux qu'ils trompent. Saprophytes parfaits, ils comblent un besoin d'imposture et calme l'angoisse du lendemain par une prévision détaillée, circonstanciée, certifiée, contrôlée, garantie par un accent de vérité. Ce sont des métiers d'art exercés par des bienfaiteurs d'une humanité qui aime être trahie, asservie, manipulée par des artistes dénaturés. Il faut espérer que leur avenir n'est pas dans le futur.
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