Il y a des gens qui tiennent à monter une sonde dans la vessie, à descendre une sonde dans l'estomac, à mettre une sonde dans la trachée, une perfusion au pli du coude  pour permettre à un agonisant de prolonger de quelques heures, quelques jours, quelques semaines une agonie angoissante, douloureuse, inutile. Cette bande de vampires cache son empressement à profiter au maximum de cette fin qu'elle rend interminable par un acharnement sous des airs apitoyés et une mine de mère Thérèsa. D'autres, dans le même état, refusent d'être pris en main par des charognards en décidant de mourir à l'économie, dans la dignité, la sérénité, l'intégrité, leur lit chéri, en pleine conscience, en avalant une pilule rose avec un verre de Champagne. 

On meurt comme on a vécu. Ceux qui se sont mis au service d'une idéologie ont pris l'habitude d'obéir, de suivre un ordre. Ils laisseront à d'autres le soin d'en décider. Ceux qui ont vécu avec un esprit de liberté sans demander à un directeur de conscience ce qu'ils devaient penser, dire, faire et croire feront comme à leur habitude le choix qui leur correspond.