Résilience est un mot à la mode, une preuve d'excellence, une marque de qualité. Cette preuve par neuf signe que vous avez survécu, surnagé, surmonté et que vous êtes debout après une tragédie, un accident, dix opérations de la dernière chance. Le traumatisme ne vous a pas abattu. Les journalistes se sont emparés du terme emprunté aux psychiatres et le mettent à toutes les sauces.
Ne croyez pas que le non-résilient ne bénéficie pas de la même attention. Celui qui, 30 ans après un drame, traine sa dépression, en a fait sa raison de vivre a la considération qu'ont, de droit, les victimes. Il confie à qui veut l'entendre ses misères, ses échecs, sa faiblesse, son impuissance à surmonter l'épreuve. Il les étale dans des livres. La vogue de ce dolorisme, l'opposé de la résilience, est devenu un caractère du temps présent qui encourage la plainte permanente, l'apitoiement constant, la dépression chronique. L'inversion des valeurs va plus loin encore et l'époque préfère le faible au fort, le pauvre au riche, le coupable à l'innocent, le mensonge à la vérité.
La résilience mérite son prestige d'autant plus qu'elle s'inscrit à contre-courant de la tendance croissante chez ceux qui veulent faire de leur inversion le modèle universel.
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