Le temps n'a pas que l'inconvénient de nous rapprocher de la mort, il a un effet positif que l'on peut admirer. Il nous fait perdre les illusions. Aux époques où nous n'étions que des enfants, des adolescents, elles se sont accumulées par la faute des parents, de l'éducation, de la société qui nous ont transmis tous les mensonges dont ils habillent la vérité et la réalité pour nous convaincre que l'on devait les admirer.
On a appris ainsi à respecter les institutions religieuses, politiques, administratives. on nous a inoculé le culte de la famille, dit qu'il fallait croire à Dieu, aux évangiles, à la philosophie, à l'amour, à l'amitié, à la fidélité, à la philanthropie.
Avec le temps, une décantation s'opère, les yeux s'ouvrent, on aperçoit des failles, des laideurs, des mensonges, le charme s'envole et l'on devient athée, cynique, relativiste, stoïcien, critique. Cette libération des illusions est une perte qui oblige à un travail de deuil long, difficile mais le temps connaît son travail avec l'oubli comme maître d'œuvre.
Débarrassé de fausses certitudes, libéré de vérités apparentes, de beautés frelatées, notre esprit libéré peut réfléchir avant d'agir, se taire avant de parler, changer avant de se figer. Sans lui, nous serions restés dans la répétition des erreurs, des fautes, des mensonges. Il nous fait accéder à la conscience du beau, du bon, du bien dès que l'on prend la peine de ne pas s'attarder à tout le mal qu'il fait.
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