Moi, monsieur, ce n'est pas à courre que je chasse, habillé, chaussé, assis sur Hermès mais à la loyale, armé d'une muleta. La bête devant moi n'est pas un renard apeuré, un chevreuil effaré, un sanglier épuisé, mais un buffle royal, de ceux qui rendent jaloux un toro bravo de Miura, font peur au roi de la jungle. Ce n'est pas dans un parc gardienné que j'ai appris à me battre mais dans le Serengeti, un endroit où l'espace n'est pas mesuré. J'y vais quand on m'appelle pour le faire revenir dans ses quartiers qu'il aime déserter pour savoir si l'herbe est plus tendre ailleurs. Ses 800 kilos de muscles, ses cornes de un mètre cinquante ne me font pas peur et j'esquive ses charges, le fais danser, virevolter jusqu'à l'épuisement. Je le réconforte, l'abreuve, lui passe une laisse, façon licol et le raccompagne à sa pâture. Il me suit alors content d'éviter l'estocade que je laisse aux tueurs des abattoirs.
_______
Moi, monsieur, quand je joue au sous-marinier, ce n'est pas pour me promener entre les coraux, flécher un mérou, exploser un barracuda, mais pour un corps à corps façon lutte gréco-romaine avec une pieuvre grande comme un calmar géant. J'aime aussi me frotter, quand je campe dans les territoires du nord de l'Australie à Salty, un crocodile de 700 kilos qui avoisine les 6 mètres, un mangeur réputé d'hommes et de femmes. C'est un rude combattant à la mâchoire puissante. Pour le réduire au silence et le calmer, j'ai une prise de tête qui l'empêche de l'ouvrir.
_______
Moi, monsieur, quand je veux voir le sang couler et me payer une giclée de sueurs froides, je ne regarde pas un film de Tarantino, de Rodriguez, de Miller, je me promène le soir, dans les rues de San Francisco, dans un quartier nord de Marseille, dans una calle de Colima (Mexique). Habillé d'un costume d'un blanc phosphorescent, j'attire la racaille qui en voudra à mon porte monnaie ou à ma peau comme la luciole veut dévorer la lumière. C'est l'occasion pour moi de me livrer à une partie de savate, la vieille boxe française que m'avait apprise mon papy améliorée par une version mortelle du kung-fu. Et comme comme je n'attaque que des plus faibles que moi, je suis toujours rentré vivant de ces escapades nocturnes.
_____
Vous savez maintenant à quoi je passe mon temps quand je ne vous fais pas la causette, ne m'occupe pas de mes oignons et dors.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire