Dans une phrase, chaque mot a sa place et une fonction bien précise.
Mais certains plus que d’autres et c’est ce que nous allons voir.
Nous commencerons par l’adjectif car tel est mon bon plaisir
et l’ordre que je respecte. C’est pour moi le plus important : le
qualificatif qualifie par définition, cela signifie qu’il donne la qualité de
ce qu’il touche, son orientation, sa force, sa couleur. C’est une couleur primaire,
la première. Si j’écris "un ton emphatique" plutôt qu’"un
ton badin", la phrase passe de la grandiloquence
à la légèreté et ne peut donc être mise dans la même bouche. Tout le reste ,
l’intrigue, le personnage, en est affecté. De la même façon, si j’écris : "il marchait’ d’un pas leste" au lieu de "il marchait d'un
pas lourd" vous comprenez, sans être Victor Hugo que ce n’est pas le même
personnage et que son odyssée se rapprochera plus de celle de Valjean que de
Chérubin. Le choix de l’adjectif est primordial; il doit retenir toute votre
attention, il orientera de façon irréversible
le genre de votre roman, il en fera un
policier ou une arlequinade, si c’est une pièce, un drame ou une comédie.
Je vous conseille d’avoir toujours un dictionnaire d’adjectifs
à portée de votre coude.
Un élément charnière de la phrase est, quoiqu’en pense l’adjectif,
le verbe. La plupart des écrivains qui m’ont fait le plaisir d’écrire aussi
pour moi le considèrent comme étant le
membre fondateur de la phrase. Je le mets quant à moi à égalité car je n’aime
pas ceux qui ont une grosse tête. Je n’ai pas pour autant la bêtise de le
sous-estimer, je reconnais son importance. Le verbe, pour faire court, est le centre.
C’est autour de lui que tout s’articule et que l’on comprend le sens de la
phrase avec le sujet en amont qui nomme l’objet et l’adjectif du complément d’objet
direct ou indirect en aval qui le
caractérise précisément.
Si vous ne voulez pas être verbeux - pouah! - je vous suggère d’avoir
à disposition une liste exhaustive des verbes avec tous leurs temps même le
subjonctif qui est si difficile à placer
et à écrire. Je vous recommande Le BESCHERELLE. L’ART DE CONJUGUER.
DICTIONNAIRE DE 12000 VERBES.
Puisqu’un exemple est la meilleure démonstration, je
ne vais pas me gêner. Si j’écris "il susurra d’un ton badin" au lieu de "il vociféra d’un ton féroce", la phrase prend une tonalité
qui saisit le personnage dans toutes ses dimensions : sa mentalité, son
âme, sa psychologie, ses habitudes, son comportement. Le qualificatif du complément
n’est qu’une petite confirmation. Il ne vociféra jamais d’un ton badin, il ne
peut être que féroce, cruel et méchant et le salaud d’un thriller maléfique à interdire
aux moins de 6 ans.
Enfin, ultime précaution, le verbe doit être choisi avec une extrême
précaution car il incite au verbiage, comme disait Boileau. Pour éviter sa
conséquence fâcheuse, la logorrhée, le verbe ne doit donc pas être gaspillé,
mais usé avec une parcimonie avaricieuse. L’effort est méritoire. Il vous
vaudra la reconnaissance de ceux qui voyagent léger et préfèrent les poches aux
in-quarto.
Vous êtes inquiet (quand va-t-il entrer dans le sujet?) je
sais qu’il vous préoccupe, j’ai retardé son entrée non pour créer un suspense, vous faire languir, petite
bêtasse, mais par principe et par justice : je ne le mets pas à la
première place comme beaucoup.
Je le mets en troisième position par démagogie et populisme.
Je hais les têtes de liste, les m’as-tu-vus, le nous de majesté, et donc le
sujet, le premier de la phrase. J’aurais guillotiné Louis XIV et exécuté Napoléon.
Vous avez compris que le sujet, ce n’est pas mon problème, mais le vôtre. Dès
que vous l’aurez trouvé vous pourrez commencer.
Le reste peut
attendre : les compléments, l’adverbe, les prépositions, la ponctuation ne
devraient pas vous poser de problème, ils sont tous des accessoires. La
révision de WORD corrigera vos fautes de grammaire et d’orthographe. Pour ce
qui est de le, la, les, de, des et de un et une je vous en ferai l’article la
prochaine fois.
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