Dans le dérèglement actuel des valeurs, l'eau occupe une place extravagante. Elle est quasiment déifiée et son traitement est une imposture de plus. Les méfaits de l'eau sont pourtant patents et l'on ne retient que ses quelques vertus quand elle tombe et est consommée avec modération.
Je me dois de rappeler les avanies dont elle nous accable avec une méchanceté proche de la cruauté: le déluge dans lequel Noé et son arche n'ont survécu que par miracle n'a été que la première des inondations dévastatrices qui suivent les crues subites qui emportent et entrainent dans la mort et la dévastation tout sur son passage. Le coupable est l'eau. C'est encore elle qui noient de l'intérieur l'insuffisant cardiaque et le rénal, l'empêchant de respirer. Drogue dure; elle addicte le potomane, le conduisant à l'hydropisie. Toujours avide d'un mauvais coup, elle engloutit des petites iles paradisiaques qui ne demandaient qu'à vivre tranquilles au soleil des tropiques et à l'ombre de leurs cocotiers. Elle dénature le vin, dilue les couleurs. Ingrate, quand on a besoin d'elle, elle manque, nous laisse mourir de soif, nous déshydrate. Elle est partie ailleurs et pour faire quoi, je le demande, la fête, une trombe, une pluie diluvienne, là où on n'en a pas l'usage.
Dorénavant , vous ne regarderez plus tomber la pluie en vous félicitant seulement d'être sous un parapluie, je l'espère du moins.
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