JEAN QUI RIT ET JEAN QUI PLEURE

L'optimiste positif dira au soir de sa vie:

"Quelle chance  j'ai eu, elle ne m'a pas quitté du berceau au crématorium, ne m'a jamais fait défaut même quand tout allait mal. Je ne compte plus mes réussites et n'eus que deux ou trois échecs vite oubliés. J'ai mené à bien mes projets, ai sauté sur les occasions, profité des circonstances. Je me suis contenté de ce que j'avais et c'était beaucoup quand je le compare au peu de ceux qui ont rien. Au final et le dernier jour, je dirai "merci papa, merci maman."

Le pessimiste négatif dira au crépuscule de sa vie:

"Quelle vie de chien, j'ai toujours eu de la malchance. Je n'ai que des mauvais souvenirs. Ils s'accumulent depuis le berceau où je baignais dans le pipi et le caca. Je n'en suis jamais sorti. La bande de crétins et d'imbéciles qui m'entourait m'a empêché de m'exprimer et n'a eu de cesse de me brimer. Les événements et les circonstances ne m'ont jamais été favorables. Il y a toujours eu un grain de sable, une mauvaise surprise, un retournement de la situation, un imprévu qui mettaient à bas mon projet. Pour ces raisons, je n'ai pu terminer une course, gagner un concours, recevoir une récompense, des félicitations. Même le dernier de la classe était mieux considéré. Vacciné, j'attrapais les maladies, j'étais là où il ne fallait pas être, le lait tournait, le compteur disjonctait, l'embrayage patinait, l'équipe perdait, la panne arrivait, l'ennui gagnait et l'on voudrait que je sois optimiste, positif. J'ai déjà peur de ce qui va m'arriver après qu'ils m'auront jeté dans le trou  après que j'aurai libéré le lit que j'occupais en soins palliatifs.