Je pose un problème à mon psychanalyste. Il doit naviguer entre mes tendances qu'il estime contradictoires et a le mal de mer. Il comprend que mon humeur massacrante soit compatible avec un humour macabre, une férocité naturelle, une méchanceté native et un sadisme bien structuré mais il les estime inadéquats avec mon courage à toute épreuve, mon sens de l'honneur, ma peur de rien, mon honnêteté foncière, ma pitié dangereuse et une bonté naturelle. De la même façon, il a du mal à admettre que je concilie une volonté de tous les instants à un caractère velléitaire, un besoin d'abstention avec un souci d'engagement, une envie de partir et de rester, le désir d'en finir et de continuer. Il est aussi décontenancé quand je lui dis que je suis un anti-tout et contre rien, matérialiste et spiritualiste, socialiste et libertarien, un végétalien carnivore, aime Voltaire et Rousseau, Corneille et Racine, Stallone et Lucchini. Il est étonné que je vive très bien avec toutes mes contradictions. J'ai eu beau lui expliquer que c'est parce que je n'ai qu'une idée à la fois et qu'il n'y a pas de compétition. Il a disjoncté, est en observation à Sainte-Anne et ne comprend pas que l'on puisse vivre sans synthèse ni tirer des conclusions.
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