Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


vendredi 9 janvier 2015

COUP DE CŒUR

Antoine BELLO appartient à la race des écrivains qui ont vécu avant de libérer leur don. La lignée est prestigieuse. On lui doit Melville, London (Jack), Conrad, Le Carré etc. et, chez nous, de nos jours, Ruffin, Dugain, Winckler, Percy Kemp,  Brussolo.

Son dernier livre - "Roman américain" -, chez Gallimard, m'a donné un grand plaisir, au point de vouloir que vous le partagiez.

Sur un sujet qui n'a rien de romanesque - le monde de l'assurance-vie aux États-Unis et son dernier avatar-, il bâtit une histoire drolatique qui est le prétexte à une étude sociologique, ethnographique, économique, politique d'un pays qui est presque le sien. Elle pourrait être indigeste, Antoine BELLO nous en régale. Il a l'élégance de ne pas prendre parti et ne dénigre pas plus qu'il n'encense. Il laisse libre d'être fasciné ou révulsé.

Son message que je vois comme une satire emprunte le chemin détourné des retrouvailles de deux amis d'université qui s'étaient perdus de vue depuis longtemps. On devine que leur complicité fut vive.

Le charme de ce roman tient à la fusion réussie entre un sujet austère et la description de la communauté où vit le héros qui raconte. C'est un écrivain en manque de lecteurs, en panne de moyens et en rêve de gloire. Il décrit l'agitation du microcosme qui l'entoure où sévit la spéculation sur les contrats d'assurance-vie qui sont censés profiter aux survivants du défunt, mais que le pragmatisme  américain a transformé en actif profitable à l'assuré, dès son vivant. Il nous montre les habitants, leurs mœurs et coutumes, leur façon de penser et d'agir, avec l'œil du Persan.

Antoine BELLO séduit par son style car il est aussi habile avec les mots qu'il l'est avec les chiffres et les idées. On retrouve l'auteur des "Falsificateurs" où il avait porté l'art de la mystification et de la désinformation à son sommet. Il renoue avec cette veine, pour notre plus grand bonheur car il en est le maître.

Il convainc parce que son roman a des fondations solides, qu'il nous parle d'un monde  qui a le pouvoir de devenir le nôtre, que son écriture est au service d'une imagination maîtrisée par l'ironie et l'humour. Cela donne une œuvre forte et légère, féroce et aimable et qui nous rassure : même dans un pays sectaire, Antoine BELLO reste un idéaliste.



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