Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


samedi 24 février 2018

CAUTELEUX

C'est un adjectif que je n'avais pas rencontré depuis longtemps, au point que je ne savais plus qu'il existait, quand un certain monsieur X qui a barre sur moi  à exigé, sur le ton comminatoire qui lui est habituel, que je le ressuscite sur le blog. Contraint,  je m'exécute.

Donc, sous un beau soleil d'hiver, je descendais les Champs Élyséens pas encore fleuris, d'un pas que je trouvais gaillard. Brusquement, à hauteur du métro Roosevelt, je jette un coup d’œil en bas et je constate, stupéfié, que je marche pieds nus dans mes chaussettes. Horrifié par l'état de mes pauvres celles-ci, je n'affale sur le premier banc venu à ma rescousse et essaie de reprendre mes esprits. Comment en suis-je arrivé là sans m'en apercevoir??? Bien entendu, personne pour me répondre, les badauds continuaient de déambulait, en rangs serrés, sans se soucier de ma détresse et de mon interrogation muette. J'étais désemparé comme vous l'eussiez été et essayais de cacher l'état désastreux de mes pauvres chaussettes trouées, tachées, sanguinolentes. C'est alors que je ne savais plus où me mettre que je remarquai un individu. Sa mine avait de quoi inquiéter, elle était pateline au premier abord, chafouine au deuxième et franchement patibulaire au fur et à mesure qu'il se rapprochait, avec un regard torve aussi déplaisant que s'il avait été louche. Enfin arrivé à ses fins et planté devant moi, il me demanda : "what time is it?". Ne voulant pas en savoir davantage, je faisais semblant de ne pas avoir compris et regardais ailleurs, l'air préoccupé, quand il insista, dans une autre langue étrangère: "qué hora es?". Ne pouvant plus me soustraire à son inquisition, je lui répondis, pour l'obliger à me comprendre "il est telle heure". Peu vous importe l'heure qu'il était. Alors il éclata de rire:

"Mais vous êtes français comme moi, vous êtes le premier  que je rencontre sur les Champs Élysés!" 

Il avait perdu cet air cauteleux que je n'avais pas reconnu tant il est rare, mais qui était, en fait, très reconnaissable aussitôt qu'il l'avait perdu. Nous fîmes plus amples connaissances: natif de Sancoin dans le Bas-Berry, il était monté à la capitale pour montrer au musée de la vache charolaise, sa grosse dernière, une fameuse, avec de sacrés pis. Content de l'heure, il s'en est allé tout joyeux à son rendez-vous avec sa charolaise. Et moi, me demandez-vous, j'avais profité de cet intermède avec le berrichon pour me ressaisir et prendre conscience du problème pour trouver la solution. Je demandais à mon service de portage à domicile de m'envoyer un drone. Géolocalisé, il venait me suspendre dans les 5 minutes et  me déposer sur ma terrasse au 102ième étage, à la Défense. Là, je reconstituais le scénario qui m'avait conduit à ma rencontre heureuse avec le faux cauteleux: très, trop pressé de faire admirer ma paire d'escarpins Watson qui m'avaient été livrés le matin, je m'étais précipité aux Champs sans faire attention à les enfiler. Mon étourdissement aime plaisanter avec moi, mais c'est la première fois, à ma souvenance, que ma tête me joue ce tour-là.
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