Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


jeudi 22 février 2018

CONTRE-OFFENSIVE DU PRINTEMPS


Après avoir battu en retraite face à l’offensive, l’hiver dernier, du méchant froid sibérien, et établi ses garnisons dans une ligne de défense sous abris, nos forces avaient résisté sans fléchir aux attaques des blizzards, aux averses de grêlons, aux bombardements de neige. A l’arrière, les civils, claquemurés dans des casemates isolées, n’avaient pas faibli malgré les grelottements, les frissons, les bronchites. Ils avaient résisté victorieusement à une guerre psychologique impitoyable, souterraine, menée avec la complicité de collaborateurs dénaturés : temps maussade, ciel gris sans soleil. La dépression toujours l’affût et prête à frapper avait été vaincue par les UV à domicile, la vitamine C en pilule, le citron pressé, la Veuve Clicquot, la Tatin, le pot-au-feu.

A l’heure où je vous parle, je reviens d’une mission top-secrète derrière les lignes ennemies. J’y accompagnais une patrouille de reconnaissance désarmée, chargée d’évaluer le moral des troupes de l’hiver. Invisibles grâce à un camouflage caméléon qui nous fondait dans le paysage, on a pu prendre le pouls de la situation. Elle n’est pas brillante pour l’adversaire qui sent bien qu’il vit ses dernières semaines de tranquillité et qu’il ne survivra pas à l’arrivée du beau temps. L’allongement des jours, la montée du soleil à l’horizon, la timide reprise des pissenlits dans les près ont provoqué un découragement qui se traduit par un relâchement de la discipline dans les rangs, la désertion de quelques éléments et le retrait d’une partie de l’état-major, un signe qui n’est pas passé inaperçu. La moindre poussée de la température va provoquer une débâcle qui ne sera pas s’en nous rappeler de tristes souvenirs. Nous avions déjà vécu une semblable catastrophe quand, l’an passé, à la fin d’un été indien tardif, nous avions été surpris par une offensive-éclair de l’hiver. Elle avait balayé à la façon d’un blitzkrieg à la Rommel notre torpeur automnale.

Français, françaises, laissons l’hiver filer ses derniers jours sans bousculer son destin, épargnons cette triste victime de l’écoulement des saisons et attendons encore un peu pour chanter notre amour du printemps.
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