Régis Jauffret écrit pour crier son dégoût et son horreur de
l’espèce en poète fabuliste très inspiré. Ses fables ont deux pages. Elles sont en
vers libres de toute censure et nous racontent l’indicible. Il va derrière le
miroir montrer l’envers du décor et là, avec des mots sans grandiloquence et, dans des phrases qu’il met de travers, il délivre de toutes leurs entraves des
monstres ordinaires. Il ne les psychanalyse pas, il confesse leur absence de repentir,
il les "vivisecte", les dépouille de leur inhumanité, étale leurs entrailles avec
une jubilation qui égale la nôtre. Il ose outrager les bonnes mœurs et la bien-pensance avec une force qu’elles ont intérêt à ne pas affronter.
Mais Régis Jauffret est aussi un médecin de l’âme qui, en
bon homéopathe, soigne le mal par l’horreur. Il
nous débarrasse de nos cauchemars en faisant voir la vie avec un
humour plus noir que le noir qu’elle n’est. Il nous la fait
aimer et trouver belle et bonne lorsque, éberlués et effrayés, on retrouve le soleil.
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