Racisme : mot à la construction banale mais que la
folie de quelques uns se prenant pour ce qu’ils ne sont pas a transformé en
arme de guerre civile qui outrage, sépare et tue. L’opinion ne retient que ce
racisme inhumain. Le confiner à cette acception, c’est réduire sa signification
et ne pas prendre en compte l’universalité du phénomène.
Le racisme, réaction de rejet naturelle d’une espèce
vis-à-vis d’une autre, est un réflexe archaïque programmé pour assurer la
survie. Il est particulièrement développé chez les carnivores qui le portent à
son degré le plus extrême.
Le lion, le tigre, la panthère, le chat mais aussi le hibou,
la chauve-souris et le brochet font la preuve, avec beaucoup d’autres, d’un
racisme ordinaire, permanent, d’origine alimentaire, allant jusqu’au meurtre
prémédité de l’antilope, du gnou, de la souris, du mulot, du papillon de nuit,
du gardon, etc… Il frappe également les mammifères herbivores qui défendent
leur territoire herbeux contre les empiétements d’espèces identiques mais venant
d’ailleurs. On parle alors de racisme inter-racial. Tous les racismes de ces
animaux à sang chaud ou froid sont considérés par les ligues bienfaisantes, les
associations de parent d’élèves, les défenseurs de tous les droits, les partis
politiques (de l’avant-garde à l’arrière garde) et religieux, enfin tous les
partis pris comme légitimes et ne prêtant à aucune réprobation, ni
pétition, l’exception étant l’attaque du tigre sur le chasseur qui veut sa
peau, sur le photographe qui traque son incognito ou contre le dompteur qui
veut lui faire faire le beau, le prenant pour un caniche. Le félin, bien qu’en état de
légitime défense, fait alors preuve d’un racisme anti-homme intolérable,
méritant une punition radicale, si possible immédiate.
Le racisme, chez l’homme, est régi par des lois
d’exception qui suscitent beaucoup d’interrogations et d’exclamations parmi les
autres espèces. Il obéit à des conditions éclectiques, variant selon les us et
coutumes. Elles sont politiques, religieuses, culturelles, artistiques,
ésotériques, philosophiques, masochistes, ethniques, etc... Leurs causes sont
communes : bêtise, intolérance, hypocrisie, intérêt, fanatisme.
Le plus répandu, dans le monde occidental à carnation
blanchâtre est le racisme anti-noir. La couleur devient, pour certains, un
critère d’intelligence incitant, qui n’aime pas le noir, à mépriser celui dont
la peau est plus riche que la sienne en mélanine. Répandu mais honteux, ce
racisme se manifeste dans le secret de l’isoloir, à la porte des discothèques,
lors d’une demande d’embauche, d’une location d’appartement ou un contrôle
d’identité. Son alter ego, le racisme anti-blanc, parfois virulent, violent, est moins
décrié. Il paraît mieux accepté par ceux qui en ont entendu parler. En fait,
cette condescendance traduit un racisme subtil, subliminal, inavoué,
terrible : « laissez-les dire ces pauvres noirs qui nous insultent,
ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Il est le fruit de la peur de la différence, qui secrète
haine et mépris. Les occasions sont innombrables et ses degrés infinis. Toutes
les raisons et les occasions lui sont bonnes. La religion : le catho a haï
le protestant et vice-versa pendant des siècles et ils se sont entre-tués. Le territoire : le juif, l’arabe et vice-versa et ils se font la guerre. L’argent: le riche, le pauvre et vice-versa et la lutte des classes
continue.
Ne supportant pas qui ne lui ressemble pas, ne pense pas
comme lui, habite trop près au risque de lui marcher sur les pieds ou trop loin
pour pouvoir le secourir, l’homme, parce que - à l’exception de vous, moi et
quelques individus hautement recommandables qui se reconnaîtront - est un être
dangereux, méprisant et raciste envers tout. Il détruit, asservit, se repaît,
sans restriction, sans rémission, sans contrition. Rien ne le retient, l’air,
l’eau, la terre subissent le même traitement. Il n’y a que sa propre mort qui
lui fasse peur. Sa disparition est insupportable car lui seul est important,
indispensable. Tout le reste n’est rien. Poussant son délire jusqu’à l’absurde,
il s’invente une vie après la mort où il sera ce qu’il ne s’est pas donné la
peine d’être et dans un paradis qu’il n’aura peut-être pas envie de transformer
en enfer et où l’autre, transparent, ne lui fera plus d’ombre.
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