Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


jeudi 26 juillet 2018

LA CENSURE EST PARTOUT, TOUJOURS

La censure qui paralyse le critique dans son compte-rendu d’un livre est pour moi un motif de perplexité. Je me demande s’il s’agit d’une cécité psychique, de mépris pour le lecteur, de prudence. ou simplement qu’il n’a pas lu le livre.

Le phénomène est fréquent et affecte des revues ou des journaux dont la liberté de pensée ne prête pas à une critique particulière mais s’inscrit dans le politiquement correct dont ils dénoncent eux-mêmes les excès. Plusieurs exemples m’ont impressionné et sans doute  vous ont choqué aussi.

Vous vous rappelez de "Millénium", ce best-seller mondial de 2005 qui a envahi les librairies et suscité une excitation qui a lancé le polar venu du nord. Son auteur, Stieg Larsson était un journaliste économique anticonformiste qui animait une revue, Expo, peu sympathique aux puissances financières et industrielles. Les critiques ont complètement passé sous silence le message politique et la dénonciation au vitriol que fait l’auteur de la collusion de la presse économique avec ceux qui ont le pouvoir de l’argent. Il habillait fort habilement sa croisade contre un certain capitalisme sous les couleurs d’un thriller haletant. Mais sa documentation avait été d’abord financière avant d'être une exploration du monde des hackers. Je n’ai lu aucune allusion à ce combat. Il avait pourtant une justification. Mais la liberté des critiques de notre presse vis-à-vis de leurs patrons est totale. Tout le monde le sait. Nous sommes la patrie de Beaumarchais, que diantre!!!

Dan Brown dans "Inferno" se livre à une course-poursuite dans Florence sur les traces d'un mystérieux message mais le sujet de son livre est la démographie, sa croissance incontrôlable et le risque qu'elle fait courir à la terre. L'ambition de Dan Brown n'est jamais reprise, analysée et commentée comme la gravité du sujet l'exigerait. Les œillères du critique ne lui font voir que ce qui  est politiquement visible.

La Religion, l'extraordinaire livre de Tim Willocks, paru en 2009, nous fait revivre le siège de Malte, citadelle des chevaliers, en 1565 par l'armée turque. Les deux partis rivalisent dans la terreur, l'horreur et le fanatisme. Leur foi est incandescente, leur bonne conscience totale. La folie religieuse reçoit une démonstration magistrale. Cette dénonciation a été prudemment ensevelie dans un silence de cathédrale.

Jean-Christophe Grangé est un auteur de thrillers à la dimension de best-seller.  Ses livres toujours très documentés plongent le lecteur dans la réalité et la vérité. Dans "Congo Requiem", paru en 2016, il sillonne le Congo, le Katanga. Son Afrique ne donne pas envie d'y passer des vacances et on comprend que des africains ne désirent pas y rester. Le tableau qu'il en donne fait froid au dos malgré la chaleur et peur au ventre. Les critiques n'ont pas relevé que le livre était aussi un documentaire effrayant, leur courage n'était pas à la hauteur de leur lâcheté.

Stephen Greenblatt a reçu le prix Pulitzer pour son très beau livre livre, paru en 2013, "Quattrocento". Il relate la quête du manuscrit de Lucrèce, De Natura Rerum par le Pogge . Mais c'est aussi le tableau de la chrétienté de l'époque, son obscurantisme, son fanatisme, son extrémisme, enfin toutes les horreurs qu'une religion peut apporter au monde quand elle vise l'absolutisme. Cette dénonciation éclairée n'a pas fait beaucoup de bruit. Il y a des souvenirs à ne pas rappeler. Des confusions pourraient s'installer. L'hagiographie catholique ne supporte pas la remise en perspective, même un critique athée ne s'autorise pas ce blasphème, la peur d'être excommunié?
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