La reconnaissance est un mot compliqué, à double sens. Elle est rarement mise en œuvre car exigeante.
Il faut d'abord avoir l'esprit en alerte, disponible, débarrassé des affaires courantes: boulanger, charcutier, épicier, comité, commission, lecture du journal, du relevé bancaire et la conversation avec le voisin. Libéré, il doit aussi être curieux de l'inédit, de l'inconnu, de l'insolite. N'ayant plus le souci de faire l'important occupé à perdre son temps, on peut se consacrer à la reconnaissance et regarder, écouter, lire ce que l'on a reconnu comme étant intéressant. Cette acquisition par l'esprit de l'objet digne d'être reconnue est alors soumise à l'esprit critique qui va apprécier la qualité et pour cela la disséquer, l'examiner, l'analyser. Si elle passe l'examen, elle en valait la peine. Elle a apporté du plaisir, une connaissance. Elle mérite donc une récompense puisqu'on lui en est reconnaissant. C'est la deuxième acception du mot. La plus difficile à exprimer, la plus rare à recevoir. Elle demande un effort surhumain, le dépassement de toutes les interdictions, une générosité jamais apprise. Elle est donc très difficile à donner.
Une peinture qui fait voir des images jamais vues, une musique qui fait entendre des harmonies jamais entendues, une lecture qui donne le frisson, provoque la surprise, donne des idées nouvelles doivent être reconnues et méritent notre reconnaissance.
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