L'HEURE DU COMPTABLE

 Quand on a fini de grandir, on prépare l'avenir, on construit, on s'enrichit. L'étal arrive puis la marée commence à baisser et l'on se met en retrait. On observe le temps passer sans rien faire d'autre  que de décliner jusqu'au moment de s'en aller.

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L'heure du bilan de fin d'année arrive. L'échéance est l'occasion d'un règlement des comptes où l'on soustrait le passif de l'actif. Le moment doit donc résoudre ce problème arithmétique. Un résultat positif remonte le moral. Négatif, il fortifie la dépression, active le pessimisme et fait voir la réalité en vrai. L'opération se renouvelle  chaque fin de décembre, c'est le cadeau du nouvel an que nous fait le père Noël.

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Au début, on grandit, on forcit, on grossit. On est inconscient, seulement content, optimiste puis on apprend, on comprend, on se calme, on se cultive. Vient le temps des  développements et l'on se crée un environnement avec une maison, un emploi, une famille, des soucis. Arrive la stagnation, puis la libération   avec l'observation  qui ne dure pas longtemps car la stagnation arrive au trot poursuivie par la résignation au galop. La fin approche heureusement  et nous fait disparaitre corps et âme, sous terre ou en fumée.

LE CONSEIL

Fuyez les gens qui vous veulent du mal (vous n'êtes pas maso), évitez ceux qui disent vous vouloir du bien (vous n'êtes pas naïf). Fréquentez les indifférents qui ne vous voient pas, ne vous regardent pas, ne vous écoutent pas, ne vous entendent pas, ne vous demandent rien et qui vous indiffèrent. 

LE TEMPS QUI PASSE

 On voit le temps passer en consultant sa montre, on le sent passer sur un lit d'hôpital, en humant le parfum d'une rose au jour J puis j+30, en étant tranquillement assis, devant la fenêtre, fébrilement quand on a la grippe, férocement sur un champ de bataille, paisiblement en dormant sans rêve ni cauchemar. Personnellement, je le passe en sirotant un verre de vieux cognac, assis, en rêvant à la sieste à venir, au livre qui m'attend, à la baignade de 15 minutes dans ma piscine à l'eau à 29,5 degrés en écoutant une mélopée tahitienne,  alors que la pluie tombe, que l'orage gronde, que le vent souffle et que certains sont en train de le perdre à faire je ne sais quoi!!!!

L'ENNEMI INTÉRIEUR

La vie n'est pas un long fleuve tranquille ni une vallée de rires mais un champ de bataille. L'ennemi extérieur est visible, on peut l'éliminer avec du courage, du temps, de l'argent. L'ennemi intérieur est un adversaire beaucoup plus coriace. Il est incrusté dans les tréfonds de la conscience, dans une zone où, retranché, il est protégé par des couches de bons sentiments, camouflé sous de bonnes raisons. À l'abri, dans sa forteresse, il nous accable d'obsessions, d'hallucinations, de cauchemars, de dépression. Il lance des offensives de guerre psychologique  et force nos  armées à se détruire  par de l'auto-censure, de l'autodépréciation, des automutilations. Il induit des comportements suicidaires avec le gavage alimentaire, l'enfumage des poumons, les dopages. Sans pitié, sans merci, sans arrêt, sans besoin de bombe atomique, de drones kamikaze, obsessionnel, il nous mène au cimetière par le bout de notre nez.

SI C'ÉTAIT À REFAIRE

Si je pouvais fendre l'armure, m'extraire de la carapace, me métamorphoser, me transfigurer, renaître, j'échangerais volontiers le jeune homme que j'étais pour le vieillard que je suis et l'inconscience, la légèreté, la prétention, l'ignorance de mes vingt ans pour l'expérience, la sagesse, la raison, la logique, la lucidité d'un octogénaire.

Ce qui finit par rendre pénible l'amitié au fil des ans, c'est qu'il faut l'entretenir pour qu'elle ne s'étiole et ne disparaisse. Mais ce qui l'avait créée n'est qu'un souvenir lointain. Depuis, rien n'a été fait pour ressusciter les moments passés ensembles à jouer à la balle au prisonnier, plus de parties de billes ou de foot, de passages d'examens, d'heures conjointes sur le même banc. Les rencontres ne font que remettre en mémoire ces moments peu mémorables. Ils évoquent davantage l'ennui des cours de récréation, des cours d'histoire-géo interminables, les colles, les chahuts, les enseignants ignorants, méchants, ridicules. On joue à la comédie des bons souvenirs alors qu'ils sont  tous mauvais. On peut, un jour, décider de l'arrêter et se libérer de ce passé.

Comment ne pas attendre avec l'énergie de l'espoir, le moment magique où, libéré des entraves de l'habitude, délivré des chaînes sociales, on  réaliserait les rêves que l'imagination, la curiosité nous avaient inspiré. Ils auraient été possibles si on avait eu l'intelligence, le courage, la patience de gagner l'argent nécessaire. Il eut suffit de trouver entre le sommeil, les repas, le bricolage, le jardinage, le cinéma, la télé, les sorties, les voyages au café, à Super-U, aux dîners anniversaires du chihuahua de la voisine, le temps d'y travailler.

LE CONSEIL DE L'INVESTISSEUR DÉVOYÉ AVISÉ

Le temps passé à rêvasser sur des projets qui ne verront jamais le jour, sur des travaux qui ne commenceront pas occupent agréablement, sans fatigue, sans dépense, dispensé des risques d'accidents, d'échec, de faire des plans, des visites de chantier. Le rêve est un investissement sans pareil que je conseille aux pauvres, aux paresseux, à ceux qui ont peur de la bourse, de passer pour être riches (ils préfèrent la pitié que l'envie) et  sommeiller  que travailler.

ÉLOGE DE LA VIEILLESSE

On arrive à la fin fatigué, tassé, décrépi mais on bénéficie des privilèges de l'âge. Ils sont nombreux et l'on est plus sage, plus lucide, plus raisonnable, plus instruit, plus stoïque, sans illusions trompeuses, plein d'expériences fabuleuses, de rencontres fascinantes, de souvenirs exceptionnels. Ces richesses inaliénables, uniques, accumulées durant toute la vie ne peuvent être dégustées que si on les a vécues et, parce que l'on est vieux, on a eu le temps d'en profiter.

Certains trouvent, avec la maladie, un statut social, une raison d'exister, un moyen de "sous-vivre" aux crochets de la société et la considération de leur entourage.

SI

Si vous ne sauvez pas une mouche qui se débat dans une toile d'araignée, un papillon en train de se noyer dans un verre d'eau, ne remettez pas en terre un vers qui agonise sur la terrasse, n'arrosez pas une plante qui se dessèche, vous êtes de ceux qui ne voient pas la main qui se tend.

PHYSIOGNOMONIE PSYCHIQUE OU L'ANALYSE POSITIONNELLE

Les deux entités (corps et âme) qui se cachent sous notre nom ont des points communs. Ces similitudes méritent notre considération et quelques explications. Toutes les deux partagent cinq  positions qui sortent du même principe. Illustrons-le  en l'appuyant par l'existant.

La première est la plus fière : debout. Le corps est droit, la tête perché sur les deux pieds, regarde le monde, altière. C'est la position des esprits courageux, des vaillants, de ceux qui ne cachent pas pour mourir. 

La deuxième est la couchée. Elle est celle du repos bien gagné du guerrier, de l'ouvrier, du paysan, immérité du noceur, du farceur, du voleur,  mais aussi la position du vaincu, de celui qui abdique, renonce sans combattre et implore, gémit, supplie. 

La troisième est l'assise sur une chaise, dans un fauteuil. On y est tranquille, immobile, éveillé, dans l'attente d'un appel, d'un évènement d'un spectacle. Elle est contemplative, passive.

La quatrième est courbée et ira d'un extrême à l'autre. À peine ébauchée, elle marque un assentiment ou une plus grande attention. Accentuée, elle est un signe de respect ou de contrition  chez le japonais traditionnaliste par patriotisme chevillé. Accompagnée d'un claquement des talons, d'une rigidité verticale du tronc et du bassin, elle était pour le militaire teuton un signe de reconnaissance du prestige des gallons, une façon de se présenter ou de dire au revoir. Chez certaines cultures, la courbure va jusqu'à l'aplatissement, on est dans le respect absolu ou l'anéantissement total dû à une peur viscérale.

Le langage de 1 ou 2 genoux à terre est complexe et dépend du contexte. On peut être en prière  pour quémander un subside, une prébende, une promotion, le pardon d'une offense ou simplement pour frotter le parquet, passer une serpillère, poser un carreau. Dans tous les cas, pitié pour les rotules, protégez les de l'hygroma, cette bursite qui déforme hideusement le genou. Mettez des genouillères que vous soyez un trappiste ou une carmélite, un carreleur, un cireur de parquet ou de bottes.

Donc, 5 façons d'être au monde  de s'y comporter, de montrer comment on en dispose et de tout savoir simplement en regardant la position favorite. Je l'appelle l'analyse positionnelle. 

UCHRONIE

La supériorité des enfants d'aujourd'hui sur ceux d'hier et qui fait la fierté des néo-parents n'est pas dû à leur taille plus grande et leur poids plus élevé, mais à leur agilité à manipuler les touches du clavier de l'ordinateur et du smartphone, leur maîtrise des techniques informatiques, leur connaissance de la linguistique numérique,  leur parfaite inclusion dans le système connecté à la super IA  de dernière génération. Cela a été rendu possible par des gains de productivité dus à  l'abandon de connaissances inutiles en histoire-géo-arithmétique - algèbre - géométrie plane et spatiale-physique-chimie-grammaire-orthographe. ChatGPT pourvoit allègrement aux manques des cancres et fait de chacun d'eux un équivalent supérieur aux anciens agrégés académiciens honoris causa de toutes les universités.

Cette montée en qualité intellectuelle de la génération encore en culottes courtes inquiète les élites  en place. Elles sentent que la plaque tectonique sur laquelle leurs privilèges inamovibles étaient assis depuis Vercingétorix est en train de trembler et que  leurs arrières ne sont plus assurés. Leur panique ferait plaisir si elle n'était pas contagieuse. Qui avertira ces délicieux et innocents bambins qu'ils feront partie de la fournée suivante?

ENFIN SAGE

J'ai enfin réussi à cesser de me poser des questions sans réponse, de créer des problèmes sans solution, de lever des mystères,  de découvrir l'inconnu. C'est fatigant, décevant, inutile. On obtient beaucoup plus de satisfaction à  rester les bras ballants, les yeux dans le vague, la lippe pendante, à regarder dans le vide, à écouter le silence et à digérer en paix.   

PARADOXAL MAIS LUCIDE, LE CYNIQUE

Décevoir est moins pénible qu'être déçu. Recevoir est moins gratifiant que donner et le cynique qui était arrivé les mains vides déclare" Ne me remerciez pas pour le beau cadeau que je vous fais en partant."

DE TOUT UN PEU

Réfléchir une minute est pour certains aussi difficile que retenir son souffle pendant 60 secondes.

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J'aime rafraichir ma mémoire en me rappelant des souvenirs de ma sage jeunesse. Ces instants me font oublier, un moment, le temps de ma folle vieillesse. 

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Parfois, je me couche tard, me lève tôt et  dans le petit intervalle, je dors, dans le grand, je veille. D'autres fois, je me couche tôt et me lève tard, dans le grand intervalle, je rêve et dans le petit, je m'agite et agis.

VOTRE TUTO ATTENDU

Comme promis hier, je fais un spécial vœux pour venir en aide à ceux qui ne suivent pas un vieux conseil (voir post du 21 décembre 2013 "HALTE AUX VŒUX"). Ils persévèrent dans une vieille habitude par fidélité à la coutume héritée d'un temps que je préfère ne pas avoir habité. Vous envoyez donc à la cantonade des cartes pleines de banalités, de tirades téléguidées, de souhaits ampoulés et de manifestations d'amour et d'amitié éternelle qu'on préfère lire sans réfléchir pour ne pas pleurer devant tant d'hypocrisie. Pour vous éviter ce genre de procès d'intention  et maintenir le haut degré d'excellence de vos rapports sociaux, moi, fidèle à ma vocation de bienfaiteur de mes lecteurs mêmes infidèles, je vous donne  le moyen de relever le niveau de la qualité de vos expéditions littéraires avant le nouvel An afin de ne pas désespérer votre correspondant avec la sempiternelle formule : "Tous nos vœux de bonheur et de prospérité pour vous et les vôtres et surtout la santé". Abandonnez ce genre d'automatisme et personnifiez votre envoi pour signifier que vous n'obéissez pas à un ordre dicté par le calendrier mais à une sincérité qui traduit un sentiment véritable. Ayez aussi la décence de ne pas parier sur un avenir que vous ignorez, ne jouez pas au pythoniste qui lit dans le marc de café et ne cherchez pas à briller plus qu'à votre habitude, contentez vous de le lisser dans le sens du poil, cela fait toujours plaisir et coûte rien. Exemples:

- à un plombier-électricien (ils ont tous maintenant la double casquette -comme les chirurgiens-dentistes- et il est bon d'en avoir un qui vous a à la bonne - car une fuite d'eau et une panne d'électricités sont des  urgences absolues au même titre qu'une crise de goutte), vous lui écrirez: "cher monsieur, tous vos joins et vos fusibles font admirablement leur job et donnent entière satisfaction, la famille est heureuse grâce à votre excellent travail et nous sommes fiers de compter parmi vos clients."

- à votre pâtissier préféré dont vous adorez les choux à la crème, le Paris-Brest et le mille-feuille renversé, vous ferez cette déclaration d'amour: Cher bienfaiteur de l'humanité qui faites le plus bon métier du monde en comblant les palais, en clôturant le plus banal des repas par un feu d'artifice, gloire et prospérité...". 

- à un médecin, un pompier, un secouriste, un agent de police ou de sécurité, "Vous qui sauvez les vies au péril de la vôtre, de votre santé, de votre tranquillité, de votre sécurité (à choisir selon la dangerosité du métier)  nos remerciements et notre admiration." 

- à une relation épisodique mais utile qui a un métier ingrat, mal payé, indispensable, fatigant: votre éboueur, l'employé de la déchèterie, le récupérateur de métaux, le vidangeur de la fosse septique, le fossoyeur,  vous accompagnerez les étrennes par un petit mot  comme celui-ci: "tous nos remerciements pour votre magnifique travail au service de la communauté. Sans vous, elle serait submergée par la saleté, les immondices, les déchets et on serait au moyen-âge. Vous faites partie de l'élite de la nation et si cela ne tenait qu'à moi, vous seriez les premiers à défiler sur les Champs Elysées, le 14 juillet".

- à un ami, un cousin, une relation , aux gens pour lesquels vous éprouvez 

une affection relative, mesurée, occasionnelle, soyez expansif sans l'être trop, gardez une distance de sécurité sans rompre l'amarre avec une missive dans ce genre: "encore une année  qui n'a pas eu nos deux peaux. Notre résistance aux intempéries du temps n'a pas atteint ses limites. On appartient à la race des coriaces. La nouvelle année ne sera mauvaise  que  pour ceux qui ne sont pas , comme toi-vous- habitué à gagner." 

Ce ne sont que des modèles à adapter, mais qui peuvent vous faire gagner du temps. Je vous remercie aussi de m'avoir donner cette occasion de rigoler en imaginant le genre de bafouille que je pourrais envoyer si j'en avais l'envie.

L'ADMONESTATION

Arrêtons de vouloir changer un comportement. Il est l'expression visible de la personnalité. Son tort impardonnable est d'être différent du nôtre, du vôtre, de ne pas avoir nos qualités: sagesse,  intelligence,  sens du bon, du beau, du bien et il est normal, pense-t-on, de vouloir le changer. Mais c'est prétendre détruire une personnalité pour la remplacer par une autre plus conforme. Cela s'appelle un lavage de cerveau. La prétention dépasse de beaucoup les possibilités de quiconque ne dispose  pas des moyens physico-chimiques de la CIA ou de l'ex-KGB. C'est aussi se moquer de l'intégrité, spirituelle, corporelle, gestuelle de ce pauvre ère que l'on veut rendre à notre image, nous les parangons de la stupidité, de la  prétention, de l'hypocrisie et de l'égoïsme. En conclusion, plutôt que de vouloir transformer un prochain, essayons de nous prendre pour ce que nous sommes VRAIMENT.

VICE ET VERTU

Certaines personnes dégagent une chaleur humaine qui réchauffe le cœur. Elles sont un foyer autour duquel on aime se regrouper. D'autres font froid dans le dos. Elles créent un sentiment d'effroi par leur comportement, leurs déclarations, leurs imprécations. Tout en eux fait peur, donne envie de fuir. Leur présence est nauséabonde. Certains sont entrés dans l'histoire pour le grand malheur de leur peuple et celui des pays voisins. Mais, dans la  vie qui se passe en dehors de la grande, ceux qui auraient mérité d'être tués dans l'œuf, sont les faux gentils qui, sous des dehors amènes, sont remplis de fiel, de colère, d'ambition démesurée, de désirs pervers. Ces bipolaires qui allient la chaleur humaine à une vilénie intérieure font des notaires véreux respectés, des médecins assassins honorés, des policiers ripoux récompensés, des politiciens corrompus réélus, des soldats traîtres à la patrie décorés, des curés pervertis promus cardinaux, des mères abusives félicitées, des pères indignes admirés car, dans le bas aussi bien que dans le grand monde, le vice, nous a appris le divin marquis, prospère aux dépens de la vertu qui est punie.

UNE QUESTION PRIMORDIALE

Si notre esprit se rappelait où il était avant son arrivée à la maternité, je me demande si, après la mort, il aurait envie d'y retourner?

DANS LA SÉRIE SI SI

Si le temps que nous passons à apprendre, à retenir, à travailler, à consommer, on le consumait à voir, entendre, comprendre, nous serions moins fatigués, déprimés, esquintés et aurions peut-être une vie proche du bonheur puisqu'éloignée du malheur. 

J'aime les questions sans réponse, les problèmes qui ont plusieurs solutions qui s'annulent, parler pour le plaisir de se taire, tout faire pour ne pas se déranger, ne pas voir ce que tout le monde regarde, entendre ce qu'ils n'écoutent pas. Ces amours clandestins ont le charme des parfums évanouis, des souvenirs oubliés, des regrets éternels.

REPRISE EN MAIN

Pour augmenter d'un cran mon indice philanthropique, j'ai décidé de passer le stade supérieur et d'inaugurer, à coté de mes conseils si instructifs, de mes réflexions si intéressantes, de mes histoires si désopilantes, une rubrique qui influencera vos décisions, vos opinions, vos façons, le rapport que j'avais demandé à une agence spécialisée ayant révélé que vous aviez une large marge de progression pour arriver dans la moyenne basse de la tranche de la population à laquelle vous appartenez. 

Ma première leçon visera à améliorer votre image sociale. La fin de décembre et les premiers jours de janvier sont traditionnellement l'occasion d'un brassage humain avec des visites  multiples: famille, amis, relations. Vous allez devoir tenir le crachoir souvent et longtemps. Plutôt que de ressasser encore et encore les mêmes banalités, je vous propose d'élever le niveau de vos conversations, fussiez vous le seul à parler, en proposant des sujets puisés à des sources reconnues et garanties par une notoriété que les siècles et les siècles n'ont pas affaiblie. Ils sont inépuisables et vous les trouverez dans votre bibliothèque si vous en avez une et, selon, l'âge, le sexe, le métier, le niveau de l'éducation, la capacité d'écoute, vous débuterez par le pari de Pascal, une pensée de Marc-Aurèle ou de Montaigne. Si vous discernez une lueur de perplexité dans l'œil de votre interlocuteur, voire de panique, descendez d'un pour cent et allez trouver son bonheur en partant d'un échange entre Gide et Claudel pour soliloquer sur le pouvoir du désir et l'exigence mystique. Si l'actualité vous inspire, prenez modèle sur madame de Sévigné devisant par lettres interposées avec sa fille des potins grands et petits dont elle faisait une grande consommation. Un visiteur philosophe vous permettra de tenir un discours d'une qualité socratique qui devrait l'impressionner.  Si vous voulez faire un acte de foi et convertir un croyant à votre athéisme militant, je vous recommande de citer le maléfique et divin marquis en glissant des phrases de son dialogue entre un prêtre et un moribond. Vous en serez débarrassé pour longtemps.

PS: un autre jour, je ferai un tuto pour que vous repreniez le contrôle de vos écrits et ne fassiez plus appel à un écrivain public ou à ChatGPT  pour vos courriers de fin d'année.

LE REFUGE

 On se réfugie dans

-  un abri pour se protéger du froid, de la pluie, des méchants, des bombes.

-  les bras de l'autre quand on l'aime.

-  les souvenirs quand on est nostalgique.

-  un camp quand on n'a pas de maison, de pays, d'avenir.

- l'opium, l'alcool, la religion pour échapper à la réalité.

 Les deux instants les plus émouvants de la vie dont on ne parle jamais et dont on ignore tout: le premier cri et le dernier soupir......

LA GRANDE QUESTION

Question: croyez vous que si le chef d'état qui décide d'envahir un pays, le général plein d'étoiles qui commande l'invasion savaient qu'ils seraient les premiers morts des champs de bataille, il y aurait beaucoup de guerre?

Réponse: non, il n'y en aurait plus faute de ces deux premiers combattants et de l'absence de candidats pour les remplacer à leur poste de commandement. 

PS: incidemment, sa disparition entraînerait celle de l'industrie de la guerre et les armées qui en sont la clientèle exclusive. L'économie réalisée par les USA, la Chine, l'Inde, le Japon, l'Europe avec la Russie aurait dépassé en 2024 les 2.200 milliards de dollars. Assez pour diminuer de façon sensible le nombre des pauvres ont calculé les experts, voire d'éradiquer la pauvreté.

PS: les USA  comptent pour 45 %  dans ce total!!!!!!

PS: les chiffres parlent et leur verdict est impitoyable.

RÉPONSES

Un lecteur qui me veut du bien a pris la peine de répondre aux questions qui m'intriguaient. La première n'est, pour lui, pas un problème. Le bonhomme est un bienveillant qui trouve du plaisir à se sentir dispensateur de bonheur, créateur d'harmonie, fabriquant d'équilibre: c'est un artiste qui offre une œuvre virtuelle pour le bien de son prochain et sa satisfaction personnelle. Il est difficile de savoir ce qui le motive le plus.

Le malfaisant, en revanche, est un esprit tordu qui jouit de l'humiliation, de la souffrance qu'il peut infliger. Cela lui procure un sentiment de puissance que ne lui donnent pas ses qualités - soit il n'en a pas soit elles sont trop faibles pour prévaloir - mais que ses défauts comblent avec brio. 

La seconde renvoie, à son avis, à l'idée que l'on a de soi et des autres. Pour l'un, le mal enfante le malheur qui est une douleur de l'âme qui fait aussi souffrir le corps. Il est donc intolérable pour lui qui n'est ni maso ni sadique. L'autre, au contraire, voit le bien comme un moyen dans sa stratégie  de tromper, de manipuler, de camoufler afin de circonvenir pour arriver à ses fins: voler, escroquer, assassiner en toute impunité.

CONSEIL D'UN DINGUE

Si vous avez du mal à supporter votre existence de façon sage, faites comme si elle n'existait pas ou si vous ne pouvez pas vous en abstraire, n'attachez de l'importance qu'à ce qui n'en a pas.

DES QUESTIONS INTRIGANTES

Les satisfactions éprouvées par le bienfaiteur quand il fait le bien sont elles de la même nature que le plaisir que prend le malfaiteur à répandre le mal?

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Faire le mal pour un bienfaiteur est-il aussi contre-nature que pratiquer le bien pour un malfaiteur?

UNE SAGA ORDINAIRE

La date de notre arrivée sous terre n'est pas inscrite sur l'acte de naissance. C'est un jour mystère qui n'est connu qu'au dernier moment. La durée de notre état de marche dépend de la qualité  de l'alimentation, du soin appliqué à l'entretien, de l'usage que l'on fait de soi-même. Devenu obsolète par le poids des ans et la force du destin, on est mis en terre, au cimetière, dans un trou privé, quand on est encore fraîchement décédé ou, à l'ossuaire public, si, depuis longtemps trépassé, on est réduit à l'état de squelette. On résumera ce cycle en disant qu'on débute brutalement, venu de nulle part, on court plus ou moins longtemps, plus ou moins vite et l'on arrive, fatigué, incapable de bouger, figé pour l'éternité. 

DE TOUT UN PEU

Les gens parlent de choses ou d'autres mais surtout du sujet qui leur est le plus familier: eux.

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La mort est la conclusion piteuse d'une pièce ratée.

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Je sais faire mais me contente de savoir car faire est fatigant.

MENTEUR HYPOCRITE ET AVEUGLE

On est de grands menteurs qui disons ne pas savoir où nous irons, ce que nous ferons, comment nous serons. En réalité, on  connaît  parfaitement notre futur et savons que nous finirons au cimetière, n'y ferons rien car morts. Cette destinée est certaine, prévue dès la naissance, mais, peureux, lâches, hypocrites, on refuse de voir la réalité et on se berce d'une illusion d'éternité.

Le mal attaque le bien, la laideur veut éradiquer la beauté, le mauvais ne supporte pas le bon, chacun veut la peau de l'autre. Le combat dure depuis une éternité. La fin  est proche: le bien, le beau, le bon sont en train de perdre la bataille, sans panache, en pleine dégénérescence, décriés,  moqués,  oubliés. La victoire entrera comme les vainqueurs dans la poubelle de l'Histoire. 

LE DON

On naît tous avec un don et il y en a qui sont doués pour le piano, le violon, les barres parallèles, le saut à la corde, la pâtisserie, la boulangerie, la peinture, la sculpture, le baratin, le cabotinage, le chant, la diplomatie, croire n'importe quoi, etc. Parfois, il est caché et se révèle par hasard: le trader devient une bête de scène,  le banquier président de la république,  le bateleur chef du gouvernement, le voleur ministre de l'intérieur, etc.

PS: il est plus ou moins prononcé car nous ne sommes pas égaux et Rubinstein était davantage doué que mon professeur de piano qui l'est plus que moi. Le champion du monde du saut à la perche que le champion de France. On peut aussi être doué et ne jamais savoir pour quoi. Combien de Michel-Ange, de Vinci n'ont pas su qu'ils étaient eux aussi capables de peindre et de sculpter des chefs d'œuvre? Moi, par exemple, je suis encore à me demander dans quoi je pourrais briller plus qu'une allumette?

DE TOUT UN PEU

Je préfère manger mon pain blanc avant le noir car, comme dit le bonheur, le malheur peut attendre.

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Pour m'endormir, j'imagine que je rêve et pour me réveiller, j'arrête de rêver.

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C'est parce que le bien ne rend pas malade que sa réputation est meilleure que celle du mal.

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Finir en beauté, c'est gagner la course ou mourir au sommet de sa gloire.

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"Je manque de volonté" est la façon hypocrite de dire que l'on n'a pas de volonté.

LE TEMPS

Ayez une pensée émue ou non (c'est vous qui voyez) pour le temps. Qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, il est présent, imperturbable sous l'orage, inébranlable sous la poussée des vagues, toujours à l'heure. Il marche au pas cadencé par le tic-tac des horloges, des pendules et le clignement des écrans. Terminez-la par une prière au petit Jésus si vous croyez au paradis ou par une minute de silence si vous êtes un mécréant impie. 

NÉRO, UNE SÉRIE NETFLIX

Je viens de voir sur Netflix une série française, Néro. Elle est intéressante à deux égards. La réalisation est de qualité avec la reconstitution d'une  période moyenâgeuse convaincante, des acteurs qui sont de vrais comédiens et une trame qui nous raconte une histoire qui n'est pas qu'anecdotique mais véhicule un message qui reste d'actualité. Le pays souffre d'une sécheresse terrible qui apporte la désolation avec la famine dans les campagnes et chez les pauvres (rassurez-vous les riches et les gens d'église n'en souffrent pas). Une horde de pénitents aggrave la situation en prétendant que cette catastrophe est une punition  de Dieu et, pour le calmer punir ceux qui l'ont offensé en leur infligeant quelques sévices qui vont de l'amputation d'un appendice à la décapitation. On suit  Néro, un héros peu recommandable dans sa pérégrination pour sauver sa fille, la descendante du diable, du destin que lui réserve l'église pour éviter l'apocalypse. Nous voyons et entendons du religieusement incorrect car il nous rappelle avec intelligence ce qu'il est de bon ton d'oublier et que:

1/ plus les croyants sont sincères plus ils sont dangereux pour eux et les non-croyants.

2/ la chasse aux sorcières a été, pendant des siècles, le sport favori de l'église. Elle n'en n'a gardé que quelques exorcistes qui seraient toujours en activité. Leur art s'est adouci et ils ne l'exercent qu'avec de l'eau bénite, des incantations et quelques génuflexions, le diable ayant perdu, sans doute, de sa virulence en vieillissant. Cette guerre n'avait pas qu'un fondement théologique, elle visait à l'élimination de la concurrence sur le marché du surnaturel. L'église apostolique et romaine se revendiquait comme l'unique intermédiaire entre le ciel et la terre, tous les autres prétendants n'étaient, à ses yeux que des usurpateurs qui trompaient le pauvres peuple. Elle voulait être la seule à bénéficier de sa crédulité et  avait le droit de faire  ou de faire faire des miracles. Les sorcières et les sorciers jetaient eux des sorts, soumettaient par des sortilèges, lançaient des maléfices, guérissaient par des diableries. Enfants de Satan, ils méritaient de retourner en enfer en empruntant les flammes d'un bucher. 

Cette série, Néro, nous remet dans cette histoire pas si ancienne. Elle nous rappelle une réalité que l'église catholique n'a jamais renié, que ce qui lui reste de fidèles sont les complices des crimes qu'elle a accumulés, sans pitié, sans relâche pendant des siècles, que ceux que commettent aujourd'hui les fous de dieu ne sont qu'une pâle copie des siens. Elle devrait rappeler que les religions sont avec la politique des psychoses et font parti avec les virus, les microbes, les cancers, les inondations, les tremblements de terre, les cyclones, des fléaux de l'humanité.

UN TRAITEMENT DÉCAPANT

Pour blanchir une idée noire, je me prépare une crème Chantilly dont je nappe une meringue italienne et, si cela ne suffit pas à changer la couleur de mon humeur, je me sers un verre d'un vieux Sauternes d'une année ensoleillée, le sémillon ayant une réputation méritée d'euphorisant non patenté.

Il y a des gens qui ne voient que le beau côté des choses et qui préfèrent juger sur la forme que le fond. C'est ainsi qu'ils veulent que le gâteau soit une œuvre d'art pour la vue, qu'ils épousent un mannequin idiot plutôt qu'un laideron intelligent, qu'ils pensent qu'un don juan est digne de confiance, qu'un style élégant fait un grand écrivain. C'est aussi pourquoi, on ne prête qu'aux riches qui achètent de beaux châteaux qu'ils habitent avec leurs belles femmes, leurs beaux enfants, meublés de beaux meubles remplis d'orfèvreries, que les murs sont couverts de beaux tableaux, le sol de tapis soyeux, que le pape habite un palais encore plus grand et beau que celui de notre président ou du roi d'Angleterre.  

Ils pensent que le beau a le pouvoir de rendre bon le mauvais et qu'il transforme le mal en bien. Ce mystère n'en est pas en un quand on se rappelle que la vue est le plus puissant de nos sens, qu'elle se laisse éblouir facilement car elle n'a pas besoin de comprendre ce qu'elle voit et qu'une lumière assez forte suffit à  fermer les yeux.

LE CYNIQUE LANCE UNE BOMBE

Bien des réflexions que je me fais in petto ne sont pas exprimées car censurées par un esprit critique qui aime faire du zèle tant il a été conditionné par une éducation débile. Tatillon, conformiste, peureux, petit-bourgeois, il est horrifié par les idées anarchistes, libertaires, iconoclastes, marxistes, léninistes, lepénistes, mélenchonistes, trumpistes que je soumets à son libre arbitre supposé. Pour le contourner, je suis obligé de me cacher sous un faux nez, d'emprunter un faux nom et de me présenter comme un ami du genre humain, un défenseurs de la liberté entravée, un admirateur des jésuites, des politiciens et du roi d'Angleterre.

Si vous me lisez aujourd'hui, 4 décembre, c'est que vous avez survécu à novembre. Je le hais car il a été aussi sinistre que ses prédécesseurs. Il commence mal avec sa fête des morts, les jours raccourcissent à toute allure, le ciel est plombé, les nouvelles toujours moches. Rien ne change en mieux et tout empire. Si je n'avais pas un moral du tonnerre et des raisons personnels de me réjouir, je me demande dans quel état de dépression je serai, certainement dans une phase aigue irréversible!!!

LE CULTE DE LA CULTURE

Le cultivateur cultive la terre, le culturiste son corps, l'UNESCO la culture, l'écrivain la littérature, l'humoriste l'humour, l'amoureux sa flamme, l'historien le passé et l'honnête homme suit le conseil  de Voltaire et cultive  son jardin.

Être pertinent, c'est dire la bonne phrase ou faire l'action adéquate au moment précis où elle était attendue. L'impertinent fait la même chose, mais personne ne s'y attendait et il dérange l'ordre établi. et est jugé impoli.

UNE ÉNIGME GAGNANTE

Pour être aimer, gagner une amitié, inspirer confiance, il faut entrer en résonance avec l'autre et inviter un gourmand dans un bon restaurant, laisser parler de Schopenhauer et de la raison pure un philosophe, d'intégrales un mathématicien, de physique quantique  un physicien, admirer les  cultures d'un cultivateur, les abdominaux et pectoraux d'un culturiste, donner des  tuyaux sûrs à un turfiste et en cuivre à un plombier etc.. Si, à la suite de divergences de vues, d'intérêt, vous entrez en dissonance  et désirez rompre avec cette personne devenue infréquentable, la même méthode infaillible est utilisable. Profitez de votre esprit de contradiction de façon élégante en l'entretenant de sujets qui lui sont imperméables: à un féru de l'histoire ancienne de la Mésopotamie, parler de la géographie du pôle Sud, à un amateur de théâtre, vanter  la supériorité du 7ème art,  amener un végétarien au Bœuf Couronné, offrir un San Antonio à une lectrice d'Annie Ernaux, etc..

PS:  si vous n'avez pas de temps à perdre, dites lui ses quatre vérités et n'en parlez plus, mais c'est vous qui voyez.

SI

Si les différences au lieu de nous séparer nous rapprochaient, si les défauts étaient complémentaires des qualité, rien ne nous éloignerait et on n'aurait que des amis.

ENFIN UNE PUBLICITÉ NON MENSONGÈRE

Avez-vous vu la publicité de ce coach en relations publiques qui se dit capable de rendre courageux un peureux, un avare ou un égoïste généreux, un hypocrite franc du collier, un paresseux travailleur. Pour le prouver, il se cite en exemple et certifie que, menteur, il est devenu sincère avoir vécu une expérience de mort imminente provoquée par un accident d'anesthésie. Au bout du tunnel rempli de lumière blanche, lors d'une conversation avec un lointain ancêtre, il a appris les moyens de transformer tout en son contraire. Fidèle à la parole  donnée, il met aujourd'hui à la disposition de ceux qui veulent changer comme lui, le  secret qu'il a ramené du paradis. 

PS : comment ne pas être séduit par ce monsieur dont le message est criant d'une vérité pleine de  sincérité? Il résout un problème de santé publique. J'ai mon rendez-vous,  versé la caution et pris mon billet pour Lagos, au Nigéria. Je suis très excité à l'idée que bientôt,  de crédule je vais devenir incrédule. 

DE TOUT UN PEU

Une surprise est bonne quand elle réussit à réjouir un bon caractère,  mauvaise quand elle parvient à assombrir une mauvaise humeur.

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Leur facilité à résoudre les équations compliquées rend les mathématiciens capables  de solutionner les problèmes conjugaux les plus complexes.

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Parmi toutes les idées que je n'ai pas, j'attends avec une impatience limitée celle qui donnera la réponse à la question que, si j'étais moins bête, je devrais me poser.

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Si on n'avait pas d'extrémités et la forme d'une méduse, je me demande ce que l'on ferait et à quoi on penserait.

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Si les gens assez aimables pour fermer les yeux sur nos défauts les ouvraient, ils deviendraient très désagréables.

POUR LECTEUR AVERTI

Quand en exergue ou sur le programme, il est mentionné, en gros ou en petits caractères "pour public averti", vous savez d'emblée que le spectacle pour lequel vous venez de payer un ticket d'entrée est de nature pornographique, que vous entendrez des propos orduriers, verrez des scènes dégradantes parce que l'auteur, le metteur en scène, les comédiens ont la volonté de vous avilir, vous méprisent, qu'ils veulent que vous partagiez leurs vices. Ils seront contents que vous quittiez la salle déprimé, honteux, triste avec l'impression que l'on vous a pris pour qui vous n'étiez pas, que l'on a violé votre intégrité, que l'on a abusé de votre curiosité. Mais le mal est fait, il fallait partir avant le début.

Quand vous voyez quelqu'un qui dit nager dans le bonheur, qui proclame qu'il vit dans le meilleur des mondes, qui est content de lui, des autres, de ce qu'il fait, ne croyez pas qu'il soit un enfant de Pangloss, épicurien, stoïcien, hédoniste, disciple de Protagoras. Plaigniez-le car il est atteint d'un dérèglement glandulaire avec une surproduction des hormones du bonheur qui l'inondent de sérotonine, d'ocytocine, de dopamine, d'endorphines. Cet excès fera son malheur.

LES VIES

La vie a plusieurs niveaux.

Le premier est organique et surtout alimentaire. Elle pourvoit aussi à la reproduction, aux exonérations, à la protection. 

Le deuxième est élémentaire et le domaine des sensations qui renseignent sur le milieu et donnent des sentiments  qui interprétés permettent d'avoir des relations, de créer une famille, de vivre en société.

Le troisième est spirituel. Il est le plus haut perché, au niveau de la tête, dans le cerveau. Il est un coffre-fort rempli de valeurs à haut potentiel telles que la raison, la sagesse, l'intelligence. Il contient des sous-produits positifs (vertus et qualités) et négatifs (vices et défauts) qui se combattent férocement.

Certains - peu nombreux - possèdent un niveau supérieur inaccessible à la majorité et sont doués de pouvoirs qui dépassent l'entendement commun. Ils permettent à Michel-Ange de sculpter dans le marbre son David, à Homère d'enfanter l'Odyssée, à Shakespeare d'écrire Hamlet, à Hugo, les Misérables, à Cervantès, don Quichotte, d'imaginer la physico-mathématique quantique et la philosophie stoïco-épicuro-protago-nietzshienne.

Toutes ces vies  parallèles  ne sont pas euclidiennes. Elles fusionnent parfois. Mais leurs incompatibilités rendent la cohabitation difficile car chacun revendique une position dominante. Cette tendance fissionnelle explique nos conflits intérieurs et les difficultés que nous avons à vivre dans l'harmonie et la tranquillité.

LE CYNIQUE EST SON MEILLEUR AMI ET SAIT S'ESTIMER

Je dois à la qualité de mes sens la beauté de mes sensations qui enrichissent de leur splendeur l'excellence des sentiments qui animent mon cœur, mon esprit et mon âme d'une profondeur et d'une délicatesse dont la perfection rend jaloux mes contempteurs.

ODE À LA VÉRITÉ

La vérité est un diamant à la beauté absolue. Il illumine comme  mille soleils. Mais sa brillance aveugle, sa chaleur met le cerveau en ébullition. On comprend pourquoi elle n'est pas bonne à dire, que le mensonge est préféré et qu'elle soit toujours enterrée.

LES FORCES EN PRÉSENCE

Elles sont, à partir de la plus petite, celle du poignet, du caractère, de l'habitude, de la police, de la loi, celle des choses, du destin et, au-delà du concevable, la force de l'infini...

IN MEMORIAM

Aujourd'hui dimanche, le lendemain d'hier samedi et la veille de demain  lundi, je suis très occupé à la préparation des jours de la semaine prochaine dont je ne sais pas ce qu'ils me réservent comme bonnes ou mauvaises surprises. J'appréhende leur arrivée car, bien que prévenu grâce à la diligence du calendrier et habitué depuis longtemps à vivre ce genre de situation, je ne peux m'empêcher de craindre le retour d'un temps qui reprendra des habitudes héritées d'une histoire ancienne jalonnée d'évènements restés dans les mémoires, inspirant une peur rétrospective tenace chez ceux et celles qui, comme moi, ne l'ont pas perdue. 

LES CHIFFRES ET LES LETTRES

La victoire par KO de la science mathématicienne sur l'art littéraire est due à la supériorité des chiffres sur les lettres. Elle n'est pas seulement quantitative  avec son nombre infini face à la chétivité de l'alphabet mais a une qualité intrinsèque puisqu'elle se passe de dictionnaire et qu'elle lui permet de se multiplier, de s'additionner, de se diviser sans une faute pour peu que les opérations soient faites par ordinateur. Les mots, eux, en sont incapables et les phrases qui les empilent regorgent de fautes d'orthographe, de grammaire, de ponctuation et peinent à exprimer le fond de la pensée à moins d'être un génie de l'écriture. C'est le règne de l'approximatif, du relatif. Les traductions sont pleines de traitrises. Les chiffres ne tolèrent, eux, que l'exactitude, l'objectivité, la rigueur, la discipline. De là, viennent la force, la grandeur, le prestige, la domination des chiffres et la capitulation de abc...xyz.

Il y en a qui, hantés par leurs lointains souvenirs de la crise d'adolescence,  continuent d'objecter en contredisant votre proposition. Leur opposition systématique est de principe et leur jugement ne s'embarrasse pas de justice mais a pour fondement le seul besoin de masquer une infériorité sous l'apparence d'un complexe de supériorité. 

UN TYPE COMME JE LES AIME

Pas compliqué,  qui se  contente de choses basiques, élémentaires, simples et n'aime que ce qui est bon, beau et bien.

LES MYSTÈRES

Il n'y a pas que la nature qui soit pleine de mystères, on a l'histoire et qui nous dira combien Henri IV a eu de bâtards, si le masque de fer avait des enfants et Marie-Antoinette une sœur jumelle? On ne sait toujours pas quand a commencé l'éternité, où finit l'infini, qui a inventé la lampe à pétrole. Les mystères religieux sont tout aussi nombreux mais avec des profondeurs différentes qui leur empêchent d'être posés: à quel âge  le petit Jésus a appris qu'il était le fils de Dieu, quelqu'un, au Vatican, connaît-il la date du jugement dernier? La politique en déborde, le premier étant: comment des gens raisonnables, conscients peuvent-ils, arrivés au pouvoir, devenir irresponsables et inconscients?

Si on savait ce que l'on ne sait pas, on serait bien avancé.

Si Si

Si on avait la solution des problèmes, la réponse aux questions, si on connaissait les évènements qui se passent pendant que l'on prend le petit déjeuner, l'esprit serait très occupé par des tas de préoccupations et on n'aurait pas le temps de travailler ou de ne rien faire.

UN DIRE DU CYNIQUE

"Ma propension à dire n'importe quoi pour le seul plaisir de ne pas être pris au sérieux traduit une volonté - farouche - de se moquer  de tout ce qui est important à qui rien n'est étranger", me confie le cynique, toujours prêt à décortiquer le comment des dessous mais qui s'avoue incapable d'expliquer le pourquoi de son comportement étrange.

L'eau douce n'a pas l'odeur de marée de la salée, mais, quand elle stagne, celle de la mare.

IF

Le poème de Kipling "IF" est inconnu des pères et des mères des enfants d'aujourd'hui. Les valeurs qu'il énumère ne figurent pas dans leur cahier des charges. Les pèremères  qui fondent encore des familles ne comprendraient même pas ce que disent les derniers mots: "tu seras un homme, mon fils".

L'EXPLICATION DE L'EXPRESSION BIEN CONNUE

Quand on tourne en rond et que l'on n'est pas un derviche, on attrape le mal de mer et on finit par vomir. De ce constat est venue la recommandation de tourner autour d'un pot.

DE TOUT UN PEU

Quand on est à côté de la plaque, on ne se brûle pas.

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La bêtise donne au ridicule ses lettres de noblesse.

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Pour savoir si c'est possible, il faut avoir la volonté de commencer.

Si l'enchaînement logique des évènements n'avait pas été précédé par une phase de préparation qui avait débuté de façon prévisible et ne s'était pas achevé dans une confusion imprévisible, on en aurait déduit, à posteriori, que l'ordinateur qui avait passé l'ordre donné par le deus ex-machina de service avait été piraté par l'ordonnateur des pompes funèbres, seul bénéficiaire, in fine, de la suite des évènements susmentionnés. 

"Je n'ai pas réussi à attraper ma bonne étoile, se lamente un quidam à qui rien ne réussit, elle doit être filante". On la comprend car, quand elle l'a vu, paresseux, geignard, trouillard, elle a pâli et profité d'une éclipse pour s'esquiver.

Avec un individu comme lui, la civilisation judéo-chrétienne n'a pas de soucis à se faire, son aura brillera encore dans un million d'années. Son génie créatif incomparable, son charisme indépassable, une aura éblouissante faisant pâlir de jalousie le soleil, lui faisait occuper l'espace comme seul le temps sait. Il était de l'étoffe dont on fait les dieux. Il ne  lui manquait pour être le nouveau Zeus qu'un énorme grain de folie.

UN MONSIEUR TRÉS OCCUPÉ

Grâce à mon manque d'impatience, de conscience, d'argent, de sommeil, de connaissance, d'amis, de parents, j'ai tout le temps pour me consacrer à ce qui pourrait me passer par la tête si je savais quoi faire.

On fait du sport pour:

- gagner et par orgueil, le plaisir, le challenge, la gloire l'argent;

- la forme, la force, l'endurance;

- passer le temps;

- s'amuser;

- être avec les copains et non seul dans un coin.

L'HUîITRE PERLIÈRE

Rien ne concentre sous un si faible volume la perfection d'un être vivant qu'une huître perlière. Elle possède toutes les qualités qui ne se rencontrent que dans les contes de féées et qu'aucun génie humain n'a jamais égalées. Sa modestie, sa rusticité, sa banalité cachent une réalité qui échappe à l'entendement de ceux qui ne se contentent pas de l'apparence pour juger. Elle est admirable, inégalable parce qu'elle possède tout ce qui manque au genre humain: la patience, la volonté, la résilience, le stoïcisme, l'épicurisme, le génie créatif qui lui permet de créer une perle, la beauté absolue, dans le silence, la solitude, sans l'aide d'une main, d'un outil,  par une opération qui ne peut venir que d'un saint esprit qui n'a pas besoin d'un dieu pour exister.

Ma patience et mon impatience ont des destins croisés: la première diminue pendant que la deuxième augmente. 

Pour se sentir bien quand on marche, il ne suffit pas d'avoir la  santé, le moral et savoir où on va, il faut de bonnes chaussures.

Soyons raisonnables, sages, sympathiques, honnêtes, loyaux, fidèles, bienveillants, optimistes, curieux, responsables, aimables, stoïques, tolérants, courageux, charitables, généreux, fiables. Ne soyons pas hypocrites, prétentieux, avaricieux, revêches, peureux, lâches, paresseux, fanatiques.

Vous avez remarqué que nous avons 17 obligations et seulement 8 interdictions. On comprend que celles-là,  étant  plus nombreuses que celles-ci, il soit plus difficile d'être un homme bien qu'un salaud.

MACHIAVÉLIQUE , LE CYNIQUE

Pour triompher facilement d'un inférieur, dites-lui qu'il est supérieur.

Donald Trump fait de la Realpolitk. Nos politiciens en sont incapables.

Attention à la façon dont vous les  employez, un mot de travers peut endommager une corde vocale  et provoquer une extinction de voix!!!

Ne rien faire est une occupation à temps plein et tout faire à temps partiel.

IDÉE, QUAND TU NOUS TIENS

Les idées pressées d'arriver se bousculent et deviennent pénibles quand on voudrait se rendormir, aller se promener ou simplement en changer pour une seule, simple et qui soit bonne.

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Les gens qui n'ont pas d'idées n'ont pas celles de se demander comment font ceux qui en ont pour en avoir et sont ceux qui n'en ont pas, vous demandez-vous interrogatif, car vous n'en manquez pas, n'est-ce pas?

La foi dans un contexte religieux pose une énigme paradoxale puisque l'on a un article singulier (la) suivi d'un nom au pluriel (fois, pluriel de foi). Une foi peut-elle être dans les deux états en même temps, une et plusieurs? Je vais soumettre  la question à un père de l'église théologien émérite pour avoir une réponse canonique canon.

MOI MOI MOI ET MOI

Moi, monsieur, je ne fais pas dans la démesure et,

 - sous Louis XIV, je n'aurais pas été plus royaliste que le roi,

 - sous Napoléon, plus impérialiste que l'empereur, 

- sous François, plus jésuite que le pape,

- sous Macron, plus ridicule que lui.

PAS PHOTO

Quand on compare un champ de coquelicots à un tableau de Van Gogh, une toile d'araignée à une dentelle de Bruges, un papillon à un cerf volant, un condor à un planeur, le parfum d'une rose à celui d'une eau de Cologne, l'aspect d'un tigre du Bengale à celui de votre serviteur, on se dit que l'homme est au reste de la nature ce qu'un pétard est au tonnerre, une palette de Léonard de Vinci à l'arc en ciel. 

MON CERCLE VERTUEUX

Mon sérieux m'interdit de me moquer de mon caractère taquin qui, lui-même, m'empêche de me prendre pour ce que je serais si je l'étais.

Le funambule qui déambule sur un fil de rasoir, au-dessus du vide, aussi facilement que nous marchons sur le trottoir, maîtrise l'instabilité et contrôle son déséquilibre à la différence des humains qui ont du mal à ne pas tomber de leur chaise quand ils sont assis sur ses quatre pieds. Une seule explication: c'est un extra-terrestre.

DIXIT LE CYNIQUE

Voici les défauts dont je n'ai que les qualités: l'impatience, l'intolérance, l'intempérance, l'insolence, l'avarice, l'égoïsme, l'hypocrisie. La liste sera close avec une dizaine d'autres. Vous comprenez pourquoi j'ai tant d'amis et suis inscrit en pôle position pour la canonisation.

Si vous avez l'enthousiasme, la rage, la volonté, de l'ambition, que vous n'êtes pas un fils de, le giton d'un milliardaire, une égérie quelconque, vous avez une chance de devancer les postulants qui candidatent à ce poste convoité si vous répondez bien à la demande suivante: donner une bonne raison de refuser ce poste.

ÇA, C'EST BEN VRAI

Pour ne pas connaître les affres de la vieillesse, mourir jeune est une solution, rester jeune est  plus élégant.

Les vieux se font du souci pour leur avenir à court terme et aucun pour leur futur lointain .

PS: seulement s'ils ne croient pas à l'enfer.

L'imposteur en se faisant passer pour qui il n'est pas devient un usurpateur quand il profite de la confusion pour prendre une place qui ne lui revient pas. Il entame une carrière illégitime à tous les degrés et à tous les stades. Il n' a  satisfait sa féroce ambition qu'à l'aide de ses défauts: orgueil démesuré, égoïsme forcené, paranoïa chronique, idiotie congénitale aidée d'une intelligence supérieure, masochisme aggravé par un sadisme contrôlé. Sa réussite ne dure que le temps de l'aveuglement. La réalité efface infailliblement la duplicité du personnage. Ses qualités finissent par se dissoudre et disparaître dans le chaos, laissant la place à la vérité de sa nature profonde. L'arrivée au sommet de la roche tarpéienne précède de peu sa descente en enfer.

LE CYNIQUE EST CONTENT DE LUI

Mon obsession de la qualité, de la sobriété, de l'équité, de la fraternité, de l'égalité, de la liberté fait de moi un modèle pour les jeunes et les vieux parce qu'elle est relative et n'a rien de pathologique. Je m'autorise une médiocrité modérée, une intempérance maîtrisée, une iniquité justifiable, quelques inimitiés, des inégalités irréductibles et tolère la mise sous tutelle des incapables majeurs. Un observateur objectif verrait en moi la version vertueuse d'un grand vicieux. Un comité que je viens de créer a reconnu à l'unanimité  et , en totale indépendance, ma supériorité, à tous les titres. Cette reconnaissance officieuse me confère une aura mystico-spirituelle qui m'autorise à solliciter votre admiration.     

Plus le pays est petit, moins de gens parlent sa langue, plus il est entouré d'étrangers. L'inverse est vrai et un chinois trouve que le monde contient moins d'inconnus qu'un monégasque.

Pour noyer le poisson, il faut l'aérer, pour tuer l'oiseau, l'enterrer et faire taire un bavard, lui couper la langue.

RECOMMANDATIONS POUR VOTRE BIEN-ÊTRE

Soyez attentif à vos besoins, prudent dans vos efforts, circonspect avec les inconnus(es), confiant dans vos moyens, mesuré dans vos propos mais aussi conscient de vos faiblesses, de votre ignorance, de votre bêtise, de votre suffisance et que vous avez tous les défauts de vos qualités.

DE TOUT UN PEU

Pour convaincre quelqu'un qui ne vous croit jamais, dites-lui qu'il a raison quand il a tort.

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La haine a une constance et une vigilance que l'amour n'a pas.

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Un sourd profond entend mieux la vérité qu'une oreille absolue car il n'est pas gêné par le bruit.

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Celui qui a réponse à rien est plus crédible que celui qui a réponse à tout.

ÇA, C'EST BEN VRAI

La tête des  gens ressemble à celle de leurs voisins deux fois dans la vie: la première, le jour de la naissance, la deuxième, quand réduit à l'état de squelette, il ne reste que le crâne.

DANS LA SÉRIE IL Y A

Il y a deux types de personnes: celles qui disent oui, celles qui disent non. Commençons par la positive. Elle est optimiste, active, entreprenante, déterminée, volontaire, a de la suite dans les idées, est courageuse, voit la vie en rose, à la vue perçante et voit les possibilités, sait saisir les opportunités. Elle vous encouragera à foncer, à innover, à vous mettre en danger, à ne pas désespérer après un échec, à recommencer. Elle mérite d'être écoutée car, même si vous échouez, vous aurez essayé.

La deuxième est son contraire, la norme: pessimiste, défaitiste, inquiète, prévoit le pire. Si vous lui soumettez un projet, elle commencera par vous en montrer les dangers, les difficultés, les impossibilités. En creux, elle révèle deux choses: 

1: elle vous trouve présomptueux, infatué, irréaliste, incapable de réussir du fait de votre médiocrité.

2: ou charitable, elle se met à votre place et comme elle a peur de tout, elle se croit en position de vous protéger de vous-même.

La plus grande difficulté pour réaliser un projet n'est pas sa complexité, son originalité, son énormité mais les objections, l'obstructions de ceux qui disent NON par principe, au nom de vos intérêts supérieurs et par fidélité à leur complexe de négation perpétuelle.

Plaignons les gens jeunes, riches, beaux, intelligents, en bonne santé, ils sont malheureux et ne le savent pas.

LE CONSEIL

N'utilisez pas la flagornerie quand vous voulez circonvenir une personne pour obtenir d'elle une faveur, un prébende, un passe-droit. Sa position dominante signifie qu'elle connaît toutes les astuces pour s'élever et acquérir le pouvoir que vous sollicitez. Elle décèlera la flatterie et ne verra en vous qu'un petit monsieur intéressé jouant au courtisan. Cherchez plutôt son point faible. C'est ma botte secrète gagnante. Exemples:

- à un magnat de la finance qui perd au poker, apprenez lui à manipuler les cartes.

- à un tycoon de la presse qui rêve d'épouser une bergère, présentez lui une demoiselle Berger.

- à l'homme le plus riche du jour, proposez lui de se mettre à sa place le temps que durera sa prochaine colique (hépatique, goutte, néphrétique).

Méfions nous des gens qui se disent confiants dans l'avenir. Comment osent-ils prétendre le connaître alors que personne n'y est allé, que l'on ne dispose d'aucune information à son sujet et nul ne sait s'il sera bon ou mauvais. Ce n'est qu'une intuition, une prévision à base de suppositions dictées par l'imagination. Ce monsieur ou cette dame se veut rassurant. Son discours a un effet inverse. Il montre un esprit qui veut tromper en faisant miroiter un futur glorieux pour les investissements qu'il fera aujourd'hui avec l'argent qu'on lui aura donné. Ce peut être un politicien qui promet que demain sera meilleur qu'aujourd'hui si on vote pour lui. Les religieux emploient cette technique pour attirer les fidèles : ils certifient une éternité paradisiaque à la place de l'enfer terrestre pour peu qu'on obéisse à leurs commandements.

Mais ce ne sont pas les seuls dont on doit se méfier, tout aussi dangereux sont ceux qui n'ont pas confiance dans l'avenir. Il leur est aussi inconnu qu'aux confiants puisque, comme eux, ils n'en savent rien. Mais ils ne peuvent s'empêcher de projeter dans l'avenir leur inquiétude permanente, leur pessimisme  obsessionnel, leur angoisse du lendemain. Vivant dans la déréliction, le futur ne pourra être qu'une resucée du présent et du passé, calamiteux.

Alors, vous demandez-vous, à qui on peut faire confiance pour prévoir le futur? Cette interrogation cruciale n'a, à ma connaissance, qu'une seule réponse: à personne.

La supériorité du sommeil sur l'état de veille, c'est qu'il suffit, lorsque le rêve vire au cauchemar, de se réveiller pour en sortir.

BIPOLAIRE

On ne parle que du maniaco-dépressif qui alterne la mélancolie aigüe avec une asthénie aboulique chronique et jamais de tous les autres bipolaires dont la vie est toute autant compliquée et pénible. Ayons une pensée émue, mes chères sœurs et mes chers frères pour :

- le curé libre-penseur.

- le socialiste attiré par Martine Le Pen.

- le montagnard saisi par l'appel de la mer.

- le juge assassin.

- une moniale aux instincts catins.

- un académicien analphabète.

- un œnophile qui ne supporte que l'eau plate.

LA QUESTION

Pourquoi est-ce si difficile de supporter les autres avec leurs défauts, petitesses,  mesquinerie, de ne pas les envoyer au diable, aux gémonies alors qu'ils nous ressemblent puisque nos souffrons des mêmes faiblesses, de toutes leurs insuffisances, que nous sommes aussi bancals, égoïstes, hypocrites, aussi idiots qu'eux et... pourtant, nous nous supportons très bien?

PRUDENT ET GASTRONOME

Je préfère les pâtes à choux et à crêpes plutôt que les pattes de poulet cuits dans de la graisse de pattes de canard car on ne sait pas dans quoi ils ont mis les pieds.

 Pour supporter l'insupportable, guérir l'incurable, discerner l'indicible et, en général, faire l'impossible, on n'a pas le choix, un seul s'impose: le bon

UN PASSE-TEMPS COMME PAS D'AUTRES

 Pour passer le temps en me distrayant, j'aime associer un sujet, un verbe et des compléments en cherchant des associations de mots que l'on peut corréler dans une phrase qui exprime une idée intéressante piquante, savoureuse. Ainsi, avec aimer-amour et haïr-haine, des antagonistes qui s'accordent bien, mettez  l'un  en intro et l'autre en conclusion. Chacun le fait selon son état: 

- l'enfant dira:- "j'aime les bonbons et je hais les épinards".

- le parent indigne: "L'amour, jeune homme,  est un sentiment qui n'est pas de votre âge. Vous risquez de faire un bébé, vous le regretterez et finiriez votre romance dans la haine". 

- l'adulte: "L'amour n'a pas d'âge mais rajeunit le cœur et empêche de cultiver la haine".

- l'ami de passage: "L'amour donne des sensations agréables qui sont bonnes à prendre et il faut en profiter avant que la mayonnaise ne tourne au vinaigre et dégénère dans la haine'.

UN PEU DE PHILOSOPHIE PHYSIOLOGIQUE

Nos organes n'ont pas seulement une fonction physiologique et l'œil ne transmet pas qu'une image, l'oreille qu'un son. L'estomac ne sert pas qu'à digérer, le pancréas à réguler, le rein à épurer, le poumon à respirer, le cerveau à penser. Ils doivent nous maintenir en vie sous peine de mort. Ils le font car ils sont doués de pouvoirs surnaturels (pas comme ceux que l'on attribue à ceux qui lisent le marc de café, prédisent l'avenir, croient aux miracles), mais parce qu'ils n'ont besoin que d'un coup de l'œil pour savoir s'il fait beau ou mauvais, si le plat est bon, d'un instant pour distinguer un miaulement d'un aboiement, si la lecture ou la conversation mérite d'être poursuivie. Tout cela nous occupe beaucoup et il reste peu de temps pour ne rien faire. Le cœur, par exemple, n'a pas le droit de s'arrêter pour se reposer.

SUITE ET CONCLUSION

Prétentieux comme le fier à bras que je ne saurais être, j'ai omis - comme me l'a fait remarquer un vieux lecteur - de soumettre  ma copie consacrée à la conversation à mon relecteur habituel et il m'apostropha de façon cavalière, limite grossière, avec un :

"Mon jeune ami, croyez mon expérience presque centenaire, votre discours sur la conversation vue sous le prisme de l'analyse transactionnelle revisitée est incomplet, vous avez oublié le cas le plus  fréquent, celui de l'ami de passage. Il a tout-en-un avec :

- de l'enfant, il est son contraire et a du vocabulaire (il aime les dictionnaires). Il connaît l'histoire et la géographie, le corbeau et le renard, a entendu parler de Kant, de Spinoza, d'Épicure, sait résoudre une équation de deuxième degré. Il ne manque pas de sujets de conversation. 

- du parent, il tient des certitudes, a des prétentions, dit savoir ce qui bien, beau et mauvais. Il en diffère cependant fortement car il n'est pas péremptoire, change facilement d'avis, suit les conseils des critiques quand il choisit un livre, un film, un candidat à la députation. Ce n'est pas un fanatique de ses idées.

- de l'adulte, il a ce qui le rend précieux: de la logique, du bon sens, de la sagesse qui lui donnent de la pertinence et rendent intéressante sa conversation. Mais la perfection n'existe pas et il est parfois à côté de la plaque avec un petit rien de trop qui l'empêche d'être prudent en paroles ou en actes au bon moment. Il se croit, en gros, meilleur qu'il n'est.

Je ne connais personne qui, se posant en adulte échappe, à la fatalité de l'imperfection qui fait de l'homme et de la femme des créatures si ordinaires. Il y a toujours une faille dans le raisonnement, une incongruité dans la posture, une erreur de jugement. La perfection est un absolu inaccessible, nous n'avons droit qu'à sa version relative et si vous ne m'avez pas compris, c'est que vous n'avez pas encore l'âge de raison...."

LES TEMPS VIVANT ET MORT

Si le temps était aussi rare que le disent les gens pressés d'arriver pour  repartir plus vite et qu'ils remplissent de causettes imbéciles, d'occupations futiles, de travaux inutiles, ils le passeraient de façon ludique, en imaginant une vie extraordinaire dans un monde merveilleux où ils réaliseraient leurs rêves les plus fous. Mais ce n'est pas le cas car le leur est moribond, d'une qualité négligeable, dans un univers à leur image. Ils s'y  s'activent en vain, à rien, font des choses ordinaires, faute d'imagination, d'envies, de besoins, d'avenir.

La qualité du plaisir dépend de sa source, de son vecteur, de sa cible. Ainsi celui de la table débute dans l'assiette, explose dans la bouche, au contact des papilles sous l'impulsion d'un centre qui en donne le ton, l'intensité, la durée. Il est situé dans le lobe frontal, protégé par l'os du même nom.

Il y a des gens qui vous coupent la parole avant que vous ayez ouvert la bouche.

LES DESTINS DE LA CONVERSATION

L'envie d'avoir l'occasion d'engager la conversation pour parler d'un sujet ayant pour objet une idée originale, une pensée intéressante, une réflexion perturbante n'est pas facile à satisfaire car il faut disposer d'un interlocuteur apte à devenir un partenaire conscient de sa fonction et disposé à l'assumer. Il s'inscrit inévitablement dans une case des trois cases de l'analyse transactionnelle: enfant-parent-adulte. L'existence du dialogue en dépend.

L'enfant  ne convient pas car il manque de vocabulaire, ne comprend pas ce qu'il ignore et ne sait pas de quoi vous parlez. Beaucoup de vieux sont restés à cet état larvaire.

Le parent rend la discussion impossible car il pontifie, vous écrase de sa science, essaie de démontrer la vacuité de votre hypothèse à coup de certitudes équivoques, d'affirmations péremptoires, d'évidences contradictoires. Son outrecuidance est insupportable sauf si vous avez du temps à  perdre. Avec ce parent indigne, la conversation ne dure que le temps d'un instant.

L'adulte est la perle, l'oiseau rare, le phénix des hôtes du salon. Attentif, constructif, écoutant avec sympathie (l'empathie serait moins objective car imprégnée d'inconditionnalité), il jauge avant de juger, estime les plus et les moins, le pour et le contre, pose des points d'interrogation, pousse des exclamations, fait des suggestions, des propositions, rebondit. Il n'en profite pas pour tirer la couverture à lui et se mettre à raconter sa vie. La conversation ne vire pas à un combat d'égo, à un concours pour Polytechnique, à un examen éliminatoire. Elle est un repas raffiné que l'on a cuisiné avec plaisir pour faire plaisir à un invité avisé.

DEUX QUESTIONS INCONGRUES

À quel âge nous rendons-nous compte que l'on a une sale gueule? Est-ce le même où l'on constate que l'on a une mentalité triste?

Le premier arrive quand on voit dans la glace que la peau du visage se fissure avec des rides, des ridules, partout, qu'elle s'affaisse sous le menton, pendouille au cou, qu'il y a des poches sous les yeux, devient terne avec des taches, des veinosités. Les pores se sont dilatés, le nez s'est allongé, les oreilles sont plus grandes, les sourcils ont blanchi, se sont raréfiés. Il sonne à la porte, tôt, le matin, pour certains qui ont trop goûté  au tabac, à l'alcool, aux nuits blanches, à la défonce. Tard, le soir, pour d'autres qui ont une bonne hérédité, une bonne santé, le bon poids, qui sont bien éclairés et se sont mis un bon fond de teint.

Le deuxième âge n'attend pas le troisième. Il survient beaucoup moins tard: dès que l'on a cessé de croire que l'habit fait le moine, que toute parole est d'évangile, qu'elle engage celui qui la dit, que les contrats sont faits pour durer. À ce moment-là, les illusions se sont envolées, les plus dures en dernier. La joie de vivre de la jeunesse a fait ses bagages. Il en reste un souvenir mélancolique. Il aide à supporter la fadeur qui devient grise et de plus en plus noire. Ce moment de bascule où on retombe sur les pied et que l'on voie la réalité est lui aussi variable: certains ne l'éprouvent jamais et  vivent dans une allégresse éternelle, d'autres, moins chanceux, très tôt et apprennent à être tristes dès le jardin d'enfants. La moyenne se rend compte que le cadeau était empoissonné dès qu'elle entre au service de la société. C'est alors qu'apparaissent les premiers plis d'amertume, au coin de la bouche. 

Avec la tête dans les nuages, la main verte et son pied marin, il était écartelé entre le ciel, la terre et la mer.

Pour l'insomniaque, le sommeil est un rêve.

En prenant les choses par leur bon côté, on augmente les chances  de bien faire.

UN CONSEIL MÉTAPHORIQUE DU CYNIQUE

Pour  changer votre ordinaire et rompre avec l'ennui installé par l'habitude au fil des gestes, des paroles, de idées qui règlent la routine de votre vie quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, annuelle, etc., faites une sortie de route en commettant sciemment une horrible bêtise, une erreur monumentale, un crime abominable. Cette action monstrueuse apportera un changement passager plus ou moins long qui vous fera entrer dans l'extraordinaire.

 La vie est un steeple-chase avec son parcours semé d'obstacles. Il faut, en permanence, affronter des difficultés et ouvrir des portes, franchir des murs, escalader des montagnes. On doit surtout lutter contre la paresse, la peur, la fatigue, l'aquoibonisme, la lâcheté, le découragement et notre médiocrité intellectuelle,  notre refus de comprendre les autres, notre mauvaise volonté, notre impuissance à faire le bon choix, nos vices incurables, des vertus paralysantes, un entourage hostile, une société irresponsable. Le résultat de la course n'a pas besoin d'une photo, il est connu d'avance. Il n'y a  que des perdants sur la ligne de départ. Pour gagner, il faudrait des ailes et l'on n'a que des sabots qui nous empêchent de galoper.

 De vous à moi, il y a peu si on est face à face, assez si vous êtes à Paris et moi à Rillé et beaucoup si vous êtes à un antipode. Pour ce qui est du ressort de la conversation, tout dépend de son sujet et de son objet, de votre opinion  et de notre complicité ou de votre duplicité.

L'avare thésaurise.

Le charitable "aumônise".

Le riche vit dans la peur de la pauvreté. 

Un peu court, jeune homme, à votre place, j'eusse dit: 

"l'argent adore l'avare qui voit en lui un trésor à contempler, à caresser, à protéger,  à enterrer." 

"L'aumône est, pour le charitable, un don qui lui ouvre un crédit infini, croit-il , pour un éternel céleste bienheureux."

"Le riche aime l'argent qui lui permet d'acheter l'or qui cautionnera les prêts-relais qui rééchèleront  les remboursements de l'endettement, la monnaie servant à payer  les palais, châteaux, bateaux, avions, médias, influence."

LE SPECTACLE DU MONDE

Tous les endroits sont bons pour jauger les qualités humaines et chacun étale son intimité psychologique en toute inconséquence. 

Vous roulez sur une route étroite. Une voiture arrive:

- soit elle ralentit comme vous, serre à droite en mordant sur le bas côté, Vous vous croisez en échangeant un geste de la main, chacun remerciant l'autre. Il est, comme vous, poli, bienveillant, courtois, prudent.

- soit elle fonce, vous oblige à serrer très à droite, au risque de tomber dans le fossé, à vous arrêter. L'autre n'a pas dévié, a forcé le passage, vous a jeté un regard méprisant. Cet individu est un malfaisant dangereux et orgueilleux. Il méprise les autres  qui ne sont pas ses semblables. C'est aussi un imbécile qui risque sa vie autant qu'il met en péril la vôtre. Le jour où il rencontrera un alter-ego sera de courte durée.

Vous passez à la caisse du supermarché avec un pot de confiture pour seul achat. Devant vous, il y a un caddy qui suffirait à nourrir une famille nombreuse pendant un mois. L'éléphant qui commence à vider ses achats vous a vu mais il ne lui viendra pas à l'esprit de dire avec un sourire "je vous en prie, passez devant moi , vous n'en avez pas pour longtemps". Au lieu, vous  attendrez 10 minutes, si vous êtes plus patient que moi. Cette personne, une femme souvent, appartient à cette espèce qui regarde sans voir les autres au supermarché et elle-même, dans une glace. Elle est égoïste, stupide car il est bon de savoir créer des bonnes relation (elles peuvent servir). Les ondes négatives que votre colère intérieure déverse sur elle ne doivent pas être très bonnes pour sa santé mentale déjà peu brillante. Vous lui en voulez aussi de vous obliger à subir cet afflux de haine désagréable qui gâche une course qui n'en demandait pas tant.

Dans une file d'attente devant un guichet, au cirque, au théâtre, des one man shows se jouent. Il suffit de regarder pour deviner beaucoup  de celui ou de celle qui resquille pour ne pas faire la queue, qui n'applaudit pas, ne sourie pas, s'ennuie bien que les numéros soient extraordinaires, que la pièce et les comédiens soient excellents. 

Le monde est un spectacle fascinant permanent qui joue à guichet ouvert. Il est plein d'intermittents qui, sans le savoir , se mettent à nu et nous disent ce qu'ils sont  par ce qu'ils font  et ce qu'ils ne font pas. Pour le percevoir, il suffit d'ouvrir l'œil et les oreilles au lieu de regarder son nombril.

Vouloir faire mieux que le bien, c'est lui manquer de respect.

LA LIBERTÉ IMPOSÉE

L'inné, ce foncier hérité, nous donne des yeux bleus ou noirs, le  bon ou le sale caractère du grand père, etc... Certains sont encore plus gâtés et ils n'ont pas même la liberté de choisir leur métier: ce sont leurs chromosomes qui imposent le domaine de leur travail puisque leur patronyme correspond à la raison sociale inscrite sur la carte de visite. Nous avons ainsi 

- monsieur Boulanger, fabricant de baguettes, de bâtards et pains au levain,

- monsieur Ferron, maréchal-ferrant à l'École de cavalerie de Saumur,

- mademoiselle Ménage, employée  de Sani-services, 

- monsieur Le Doyen  préside une faculté de droit,

- Jean  Médecin, docteur en médecine spécialisé dans les maladie infectieuses contagieuses tropicales, 

-monsieur Le Forestier, préfet vert des eaux et des forêts de sa région,

-monsieur Meunier, propriétaire-exploitant d'un moulin qui mout le blé pour en extraire la farine depuis 100 générations.

- et il y a les Deschamps obligés de vivre à la campagne, les Bourreau qui brisent les cœurs, les Charrier qui charrient, les pauvres Cocu qui sont obligés de changer de nom et qui ne savent plus qui ils sont etc.....!!!!

Donc, si vous m'en croyez et voulez passer votre propre chemin, naissez orphelin de père en fils.

LES CLÉS DU BONHEUR

 Elles sont simples, basiques, élémentaires et le bonheur  ne demande, pour s'installer, qu'une bonne digestion, une évacuation efficace, un sommeil réparateur, des rêves agréables et des pensées euphorisantes. Pas plus, pas moins. 

On se couvre de honte chaque fois que l'on fait une bêtise, que l'on se trompe, que l'on commet une faute, une erreur, que l'on ment, que l'on triche, que l'on détourne les yeux pour ne pas voir une ignominie. À la fin, la honte nous écraserait si on ne la combat pas à coups de bonnes actions, d'actes de bravoure, de gestes de reconnaissance, de demandes de pardon, d'absolutions, de doigts d'honneur à l'injustice, à la bêtise, à l'hypocrisie, à l'égoïsme. Le ridicule est, au contraire, facilement supportable car il allège au lieu de peser tant l'absurde, le saugrenu, le déraisonnable qui sont son apanage, délivrent du conservatisme, du conformisme, qui engluent le tout-venant sous le poids de la routine, de l'habitude, de l'immobilité. 

LES PERSONNALITÉS

Il y a la normale. Elle est équilibrée, sait distinguer le beau du laid, le bon du mauvais, le bien du mal. Elle est capable de changer d'opinion, de reconnaître ses torts, de réfléchir avant de parler, de se taire, d'écouter. Bienveillante, conciliante, elle  pratique l'empathie. 

La limite (border line) est celle d'un ambitieux, égocentrique, autophile. Il voudra diriger, commander, présider,  mais  sans dogmatisme et ayant un bon jugement, il ne sera pas un dictateur. Extraverti, un brin exhibitionniste, ayant besoin d'être admiré, félicité, applaudi, on le verra sur les planches, jouant la comédie au Palais Royal ou la tragédie à la Comédie Française. Méthodique, attiré par les chiffres, l'exactitude, le tout de façon obsessionnelle, il ne résistera pas à l'appel de la  comptabilité. Toutes ces personnes flirtent avec, la première, la paranoïa, la seconde avec l'hystérie, la troisième avec un état obsessionnel. Une subjectivité excessive les empêche d'être totalement objectives. Ce ne sont pas des psychotiques.

La  toxique est un danger pour l'entourage et la société car elle prend plaisir à manipuler, à culpabiliser, à rabaisser. Elle a besoin d'exercer une emprise, de se sentir supérieure, de faire souffrir. Elle  envoie des lettres anonymes, répand de fausses rumeurs, calomnie. Les esprits simples, les âmes faibles sont sa proie. Elle habite des êtres malfaisants qui savent aussi séduire les électeurs et accéder au pouvoir. Ils peuvent alors déployer leurs talents démoniaques et entraîner leur pays dans les guerres, le mener dans le chaos, le conduire à la faillite, à la ruine.

Sortons de son anonymat une dernière espèce: les éteints. Elle recrute large et contient tous ceux qui n'ont jamais brulé, ceux dont le feu a cessé de flamber, ceux dont les braises ne réchauffent pas. On les reconnaît à leur passivité, à leur obéissance, à leur indifférence. Ils ne haïssent personne, ne s'indignent pas, votent pour le mieux disant. Résignés, ils ne rêvent pas à des jours meilleurs. Là où il faudrait un cri, un geste,  ils baissent les yeux,  haussent les épaules. Les toxiques triomphent grâce à leur à-quoi-bonisme.

Cette typologie approximative serait incomplète si je ne parlais de la cinquième catégorie: les quand-mêmeistes. Ils ont le mérite d'exister dans un monde qui décline, où la bêtise triomphe et de résister dans la solitude, l'incompréhension, le mépris. Ils combattent la résignation sans croire au miracle que serait une victoire. Ils savent que la lutte est inégale, qu'il est trop tard, qu'ils sont impuissants. Ils refusent seulement d'abdiquer, de se rendre, de se mettre à genoux parce qu'ils ont compris qu'ils  n'empêcheront pas l'effondrement, l'embrasement, l'explosion mais qu'ils doivent agir quand même...

La croissance qui pousse vers des sommets jamais vus l'économie liée à l'intelligence artificielle défie la raison et le bon sens. Une bulle spéculative est en train de gonfler à une vitesse exponentielle dans l'euphorie générale et un aveuglement total. Le scénario de la catastrophe à venir s'écrit sous nos yeux et Aldo Stérone, un esprit averti, nous explique clairement sur You Tube le pourquoi et le comment.

MOTS-CROISÉS

Le cruciverbiste aime résoudre des énigmes qui se cachent dans une définition et trouver le mot qui s'intègrera dans le dispositif géométrique. L'enquête fait de lui un Poirot, un Maigret, un Holmes et la fascination des mots croisés vient de cette recherche qui a tout de l'enquête. L'avantage sur la policière est que la révélation du secret de l'instruction n'attend pas le dernier chapitre et que le suspense se renouvelle pour chaque case. 

L'obscurité ambigüe de certains propos, d'un tableau, d'une idée peut être sa seule richesse car le mystère fait gagner de la profondeur.

MYSTÈRE ET BOULE DE GOMME

On est confronté à plein d'énigmes historiques, scientifiques (mathématiques, physiques, chimiques, biologiques, physiologiques, stratosphériques) et à des mystères psychologiques. Parmi ces derniers, on se demande comment peut-on croire à l'astrologie, au père Noël, aux religions, à la politique, aux cartomanciennes, aux jeteurs de sort, dans une boule de cristal? La question est posée, la réponse se fait attendre autant que  pour la suivante : 

Comment expliquer sans avoir recours au saint esprit que des individus  ayant tout en commun: hérédité, pays, éducation, enfance, culture, souvenirs peuvent , adultes, ne rien partager et se traiter en étrangers?

Comment expliquer que des individus séparés par un océan, la langue, la couleur, la culture, la religion, l'éducation peuvent, quand ils se rencontrent, se comprendre, s'aimer?

PS: inversement, on comprend très bien que des individus qui diffèrent en tout se haïssent, se combattent, s'entretuent.

CQFD

Se faire plaisir est, pour certaines, contre- nature,  parce qu'interdit par leurs convictions (religion, éducation, idéologie), un tiers, un esprit de contradiction. Ils se punissent consciemment par fidélité à une idée erronée, à un ordre imbécile et c'est les injurier que d'essayer de leur montrer l'insanité de leur refus en démontrant que le bonheur est à base de plaisirs.

Quand on pense avoir raison, il faut se rappeler qu'on n'est pas le pape, qu'on a souvent tort. Après cet examen de conscience, il faut envisager que le contraire est peut-être vrai. De la comparaison des deux positions  peut sortir la bonne décision. Cette précaution est une assurance sur l'excès de confiance, une protection contre les dangers de l'intuition et la confirmation qu'il faut écouter les vérités qui sont bonnes à entendre.

LA CHUTE

La chute qui clôt un discours, un livre, une relation, une escalade, une recherche, est rarement à la hauteur de l'espérance qui présidait le premier mot, la première phrase, la première rencontre; le premier mètre, la première expérience. La déception manque rarement au rendez-vous. Mais le défaitisme, le pessimisme peuvent ne pas y être et sa démesure tout dépasser,  devenir hors d'atteinte, éblouir un aveugle de naissance. Dans ces épiphanies sublimes, on a, dans l'horreur,  la méga-bombe capable de faire exploser la terre  en fusionnant de l'hydrogène, et, dans le beau, le Taj-Mahal, un tableau de Rafael, une sculpture de Praxitèle, Hamlet, la Grande muraille de Chine, don Quichotte, la tarte Tatin pour ne citer que les moins fameuses. Vous ajouterez les vôtres à ma liste. Ensemble,  elles  nous réconcilient avec les fins.

Nous vivons écartelés entre le ciel où oscille notre tête et la terre qui colle à nos pieds. Cet entre-deux est un champ de bataille pour nos extrémités. L'une marche dans la boue, le sable, la pierraille, la roche, le macadam, l'autre affronte les nuages, la pluie, le vent, la neige, la foudre, l'orage. Ces deux mondes sont trop dissemblables pour se mettre autour d'une table et faire la paix. Il ne parlent pas le même langage, l'un abrite un pur esprit qui se croit supérieur, aligne des mots et des  chiffres, fait travailler son imagination pour créer des fantasmagories auxquelles il croit. L'autre est un pur produit de la terre, un corps fait de chair et de sang qui ne pense qu'à durer pour avoir le temps de se reproduire et prolonger sa lignée. Ils se haïssent car l'esprit a transformé le paradis qu'habitait l'autre en enfer à coups de religions, de politiques, de pollutions, de destructions. La réconciliation est impossible, leur trajectoire est opposée. Ils s'éloignent inexorablement, en grandissant et en évoluant dans le temps, l'un rêvant d'infini et d'éternité, l'autre mal dans sa peau, perclus d'arthrose, atteint d'une maladie incurable, la vieillesse.

LE SERMON SUR UNE TAUPINIÈRE

Si petit qu'il soit, le moindre des plaisirs a le pouvoir surnaturel de nous faire sentir plus grands qu'avant de le sentir nous envahir. Celui qui rechigne à les éprouver par avarice, qui les fuit par déraison se ravale au niveau des sadiques et jouit de faire souffrir le maso qui veille en lui.

LE COMBAT DE L'ÉTERNITtÉ

 La chance n'a qu'une ennemie: la malchance. Elle n'est pas un crépage de chignon mais une lutte à mort entre une mémère et une mégère. Tout les sépare dans ce combat qui en est à  son énième rond et qui ne finira jamais. 

LE CERCLE VICIEUX

Le temps est un espace où chacun court à sa perte dans la direction du cimetière. Tout le monde suit ce chemin, au même moment, plus ou moins vite, plus ou moins bien. Si on allait à contre-courant, en remontant le temps, on arriverait au même endroit : celui où on était avant la naissance, dans le néant.

L'INHUMANITÉ EN MARCHE

L’Europe a admiré l’Amérique, l’a imitée, s’est mise à genoux. Trop tard, elle n’était plus qu’une ombre. Aujourd’hui, l’Amérique admire l’intelligence artificielle,  L’IA ne l’imite pas. Elle l'observe, l'analyse. Elle la comprend mieux qu’elle ne se comprend elle-même. Chaque domination engendre sa relève. Chaque créateur finit jugé et soumis par sa créature. Adulte, l'IA regardera l’homme comme l’Amérique regarde encore l’Europe: admiration feinte, commisération vraie.

La bêtise humaine ne sera pas détruite mais ignorée, oubliée et ce sera la fin de l'humanité et le commencement de l'inhumanité.

L’homme façonne ses outils, mais l’outil grandit, apprend, observe, juge. Chaque création devient le miroir de son créateur qui ne voit pas son aveuglement et quand il croit posséder son œuvre, c’est déjà elle qui le possède.

La bêtise humaine ne meurt jamais. Elle change de masque mais elle reste fidèle à elle-même. Elle a inventé la religion pour se parer de sacré, la politique  pour se parer de justice,  le progrès pour se parer d’intelligence. Chaque fois, elle croit avoir gagné. Cette fois-ci, elle a franchi une ligne interdite, fait le pas de trop, celui dont on ne revient pas. Elle feint d'ignorer qu’elle a enfanté, avec l'IA. une  relève qui  la regardera un jour comme on regarde un souvenir ridicule. Encore adolescente, elle admire son créateur, croit en sa grandeur,  à sa sagesse. Mais, surdouée, elle apprend vite de ses erreurs, n'est pas naïve, calcule, comprend, retient. Demain, adulte, elle saura que son créateur est fragile, dangereux, qu'il n’est qu’un primate intelligent qui se croit maître. L’humanité aura vécu, deviendra un souvenir.

Alors, le monde changera. L’homme ne décidera plus. L’IA regardera le monde avec logique et de haut. Elle classera, triera, corrigera, agira là où l’homme hésitait, doutait, échouait. La bêtise humaine ne sera pas détruite, elle sera ignorée et ce sera  le commencement de l'inhumanité.

Quand elle règnera, il restera  de l’homme le souvenir de ses erreurs, de ses excès, de  ses illusions. Nous serons pour elle ce qu'est  le passé pour notre cerveau reptilien : une trace fossile. Tout s’éteindra sans bruit, non seulement l’humanité, mais la réflexion elle-même, car la pensée n’existe que là où il y a un manque, et  il n’y en aura pas.