Il y a la normale. Elle est équilibrée, sait distinguer le beau du laid, le bon du mauvais, le bien du mal. Elle est capable de changer d'opinion, de reconnaître ses torts, de réfléchir avant de parler, de se taire, d'écouter. Bienveillante, conciliante, elle pratique l'empathie.
La limite (border line) est celle d'un ambitieux, égocentrique, autophile. Il voudra diriger, commander, présider, mais sans dogmatisme et ayant un bon jugement, il ne sera pas un dictateur. Extraverti, un brin exhibitionniste, ayant besoin d'être admiré, félicité, applaudi, on le verra sur les planches, jouant la comédie au Palais Royal ou la tragédie à la Comédie Française. Méthodique, attiré par les chiffres, l'exactitude, le tout de façon obsessionnelle, il ne résistera pas à l'appel de la comptabilité. Toutes ces personnes flirtent avec, la première, la paranoïa, la seconde avec l'hystérie, la troisième avec un état obsessionnel. Une subjectivité excessive les empêche d'être totalement objectives. Ce ne sont pas des psychotiques.
La toxique est un danger pour l'entourage et la société car elle prend plaisir à manipuler, à culpabiliser, à rabaisser. Elle a besoin d'exercer une emprise, de se sentir supérieure, de faire souffrir. Elle envoie des lettres anonymes, répand de fausses rumeurs, calomnie. Les esprits simples, les âmes faibles sont sa proie. Elle habite des êtres malfaisants qui savent aussi séduire les électeurs et accéder au pouvoir. Ils peuvent alors déployer leurs talents démoniaques et entraîner leur pays dans les guerres, le mener dans le chaos, le conduire à la faillite, à la ruine.
Sortons de son anonymat une dernière espèce: les éteints. Elle recrute large et contient tous ceux qui n'ont jamais brulé, ceux dont le feu a cessé de flamber, ceux dont les braises ne réchauffent pas. On les reconnaît à leur passivité, à leur obéissance, à leur indifférence. Ils ne haïssent personne, ne s'indignent pas, votent pour le mieux disant. Résignés, ils ne rêvent pas à des jours meilleurs. Là où il faudrait un cri, un geste, ils baissent les yeux, haussent les épaules. Les toxiques triomphent grâce à leur à-quoi-bonisme.
Cette typologie approximative serait incomplète si je ne parlais de la cinquième catégorie: les quand-mêmeistes. Ils ont le mérite d'exister dans un monde qui décline, où la bêtise triomphe et de résister dans la solitude, l'incompréhension, le mépris. Ils combattent la résignation sans croire au miracle que serait une victoire. Ils savent que la lutte est inégale, qu'il est trop tard, qu'ils sont impuissants. Ils refusent seulement d'abdiquer, de se rendre, de se mettre à genoux parce qu'ils ont compris qu'ils n'empêcheront pas l'effondrement, l'embrasement, l'explosion mais qu'ils doivent agir quand même...
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