Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


dimanche 2 mars 2014

LES TROIS ÉTATS DE L’HOMME


L’homme gère, en permanence, trois états qui rendent sa vie difficile. Il doit faire semblant d’être unique alors que ce qu’il fait, ce qu’il dit et ce qu’il pense ne coïncident presque jamais.
Cette difficile synthèse n’est cruelle que pour ceux qui ont conscience d’être déchirés dans leur intime. Heureusement ils sont rares. L’essentiel laisse faire, parle pour ne rien dire et pense peu ou mal. Abandonnons-les à leur néant. Dans cet état, indifférent à tout, on ne souffre pas. Certains sont heureux, semble-t-il.
Intéressons-nous à quelques cas.

1er exemple : l’homme politique.


Il est exemplaire car il doit adapter la réalité dure et pure à sa vérité intérieure et aux mensonges qu’il professe pour être élu, populaire, réélu.
On pourrait croire que cette trinité inconciliable entraînerait un conflit psychologique insupportable et une démission rapide pour en sortir. Curieusement, cela ne se produit jamais. Conclusion : pour être un homme politique, il faut être cynique, sceptique, hypocrite.

2ème exemple : l’homme d’église.


Il n’exerce pas un métier mais un sacerdoce. Il se dévoue à une croyance extraordinaire (un dieu invisible et tout puissant, le paradis pour l’éternité, les miracles, la résurrection, etc.). Elle doit coexister avec sa nature humaine qui a des exigences parfois impérieuses et contradictoires avec les canons du règlement intérieur de son institution (célibat, chasteté, résistance aux tentations des péchés capitaux passibles de l’enfer).
L’usure de l’un, la résurgence de l’autre, une discipline impossible font que la coexistence de ces trois états peut se révéler conflictuelle au point que le pauvre curé ne vive l’enfer sur terre.

3ème exemple : le militaire.


C’est un homme de paix entraîné à faire la guerre et prêt à donner son sang pour la patrie. L’idée est grandiose. Le passage à l’acte (parachutage, crapahutage, embuscade, corps-à-corps, champ miné, et il y a eu, pour certains, l’abandon des harkis, les corvées de bois, la pratique et l’enseignement de la torture) est terrible.
Le 3ème état de son débat intérieur est éthique et il doit décider si la cause est assez juste pour qu’il puisse tirer, appuyer sur le bouton qui fera tomber la bombe, partir le missile air-sol et garder son honneur, sens que le militaire de carrière a, par principe, plus développé que le pékin ordinaire. Il se heurte là, alors, à la discipline, bras armé de l’obéissance aux ordres, parfois stupides, d’une hiérarchie qui, souvent, fait la preuve d’une bêtise dont la constance a pu apparaître comme congénitale. Le choix est cornélien et fait que le soldat de carrière met en balance, souvent, sa vie, sa valeur, son honneur. Métier de tous les dangers.

4ème exemple : le médecin.


Il ne devrait pas, croit-on, avoir, lui, de gros problèmes philosophiques. Il aime son prochain au point, non de prier pour lui dans le confort d’un couvent, mais de se salir les mains dans ses sanies, de l’écouter raconter ses douleurs, ses angoisses, ses peurs et de risquer d’attraper à son contact la peste, le choléra, la tuberculose, le sida. Détrompez-vous. Le médecin est accablé par des exigences inconciliables :
-     On le veut tout puissant, lui qui se sait impuissant ;
-     On lui reproche de ne pas guérir, comme s’il était responsable de l’état de la médecine ;
-    Comme les Diafoirus, qui au temps de Molière tuaient les malades en les saignant à coup de lancette, on l’accuse aujourd’hui de les faire mourir en donnant des médicaments dangereux et inutiles ;
Lui, qui voudrait vivre normalement, il accueille dans son cabinet, toutes les horreurs de la vie et de la mort et on lui reproche, pour l’achever, d’en profiter grassement. Beau métier impossible.
Comment s’étonner que ce sont les médecins qui ont le taux de suicides le plus élevé de toutes les professions ?


En conclusion.- Il faudrait, pour être en harmonie avec l’idéal, n’avoir que de nobles pensées, dites de façon éloquente et suivies d’un passage à l’acte, fidèle au fond et à la forme.

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