La discussion commença classiquement entre moi qui soutenais
– avec des arguments incontestables – que j’avais raison et l’autre qui
affirmait de façon péremptoire que j’avais tout faux et, après deux heures
d’échanges acharnés, parfois véhéments, mais toujours courtois- nous convînmes
que nous étions dans l’erreur absolue en étant tous les deux dans notre
tort : lui de prétendre avoir plus raison que moi ou moi moins tort que
lui (c’est comme vous préférez).
Ce renversement inattendu nous a pris par surprise et cela
d’autant plus qu’il n’y avait pas de précédent en la matière. Même les sceptiques
anciens ne pouvaient en donner un seul exemple.
Nous nous congratulâmes de cet exploit, résultat d’une
dialectique de qualité socratique associée à une philosophie essentialiste d’inspiration
platonicienne.
Dans la foulée, nous prîmes acte de notre consensus inespéré
et décidâmes tout de go :
- - De cosigner un ouvrage reprenant les grands thèmes abordés dans notre querelle originelle et la façon dont elle avait évolué vers un accord original ;
- - D’ouvrir un cabinet de logique consensuelle pour les politiques afin d’en finir avec l’opposition droite/gauche ;
- - D’animer conjointement des croisières philosophiques pour expliquer comment avec notre méthode d’intégration dans l’assimilation les désaccords pouvaient dégénérer en accord et réconcilier Sartre et Camus, Voltaire et Rousseau et peut-être même Miller et Onfray .
Nous avions ainsi prouvé que la seule façon d’être
infaillible était de savoir changer d’opinion pour choisir la bonne.
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